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Pas de gros blocages sur l’étiquetage des ingrédients du côté des consommateurs

Les consommateurs ne sont pas réfractaires à la présence d’ingrédients dans le vin, à condition que la liste ne soit pas trop longue, et qu’on leur explique brièvement à quoi ils servent. Le point avec l’association Oenoppia.

La réglementation adoptée le 7 décembre dernier impose l'information nutritionnelle sur l'étiquette physique, mais la liste des ingrédients peut être dématérialisée.
La nouvelle réglementation sur l'étiquetage impose l'information nutritionnelle sur l'étiquette physique, mais la liste des ingrédients peut être dématérialisée.
© J. Gravé

Début décembre dernier, la réglementation sur l’étiquetage des vins, mesure issue de la réforme de la PAC, est entrée en vigueur dans l’Union européenne. La valeur nutritionnelle des vins ainsi que la liste des ingrédients qui les composent seront donc obligatoires après une période de transition de deux ans, soit début décembre 2023. « Mais la grande distribution va commencer à mettre la pression dès cette année », prévient Ignacio Sanchez Recarte, secrétaire général du Comité européen des entreprises du vin (CEEV).

Un manque de connaissance évident sur la composition du vin

Pour accompagner la filière dans cet exercice de transparence, Oenoppia, l’association des producteurs de produits œnologiques, a sollicité l’IWSR [1] afin d’évaluer la perception des consommateurs sur les additifs dans le vin. 11 533 consommateurs de vin, issus de dix pays, ont participé à l’enquête. « La perception majeure qui ressort de cette enquête sur l’étiquetage des ingrédients est l’incertitude, bien plus que le rejet », pose Stéphane La Guerche, directeur d’Oenoppia. Les résultats de l’enquête montrent clairement que les consommateurs sont perdus dès lors que l’on parle de la composition du vin. Ainsi, ils sont 40 % à estimer que le vin est un produit nature, exempt d’additifs. Mais ils sont aussi 47 % à être d’accord avec le fait que le vin contient des additifs. Sur ces deux questions, plus de 40 % des sondés sont sans avis. La perception des additifs dans les vins bios fait davantage consensus, bien qu’erronée. 66 % pensent que les vins bios sont exempts de tout additif, sulfites compris. Enfin, près de la moitié des personnes interrogées pensent qu’un vin de grande qualité ne contient pas d’additifs, et 47 % ne savent dire si les additifs sont mauvais pour leur santé. « Il y a un gros travail de pédagogie à faire », pointe Stéphane La Guerche.

Les molécules à consonance chimique effraient

Mais cette nouvelle obligation peut être source d’opportunités. Notamment dans les pays anglo-saxons et en France, où une courte liste d’ingrédients est sans impact, voire renforce l’acceptabilité des ingrédients. « Dès lors que l’on accompagne la liste d’éléments d’information, (NDLR : par exemple « pour la conservation du vin »), on gagne 2 à 10 points d’acceptabilité selon les ingrédients », affirme Stéphane La Guerche. En revanche, les listes longues suscitent de la méfiance, notamment car elles sont associées à une mauvaise qualité du vin. « Les noms à consonance chimique créent un rejet nettement plus marqué », poursuit le directeur. Pour ce dernier, l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation doit donc amener la filière à réfléchir davantage à ses pratiques, afin de raisonner au mieux l’utilisation d’additifs. Un groupe de travail international a d’ailleurs été créé afin de « construire et mettre à disposition un argumentaire complet et objectif sur l’origine et l’utilité des ingrédients », selon Oenoppia.

La dématérialisation doit encore faire ses preuves

De son côté, Ignacio Sanchez Recarte invite dès à présent les producteurs à se saisir de la plateforme commune U-label, en ligne depuis le 1er décembre. « Pour le moment on a obtenu gain de cause sur la liste dématérialisée. Mais il est possible que la Commission européenne revienne sur ce choix si on n’est pas capables de montrer dans les prochains mois que ça fonctionne », pointe-t-il. Pour ne pas rater le coche, à vos QR codes !

[1] International Wine and Spirit Record

Ce qu’il faut retenir de la nouvelle réglementation

  • L’information nutritionnelle et la liste des allergènes doivent apparaître sur l’étiquette physique
  • La liste des ingrédients peut être dématérialisée
  • Un ingrédient se définit comme toute substance ou tout produit, y compris les arômes, les additifs alimentaires et les enzymes alimentaires, ou tout constituant d’un ingrédient composé, utilisé dans la fabrication ou la préparation d’une denrée alimentaire et encore présent dans le produit fini, éventuellement sous une forme modifiée. Le sucre de la chaptalisation est donc considéré comme un ingrédient
  • Les résidus phytosanitaires ne sont pas considérés comme des ingrédients
  • Les ingrédients relèvent de la catégorie « additifs » dans le règlement UE 2019/934. Les auxiliaires technologiques, comme les bois œnologiques, sont donc exemptés d’étiquetage

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