Obtenez des prêts grâce au financement participatif
Le crowdfunding permet de financer son projet par des dons, mais aussi d’obtenir des prêts de plusieurs centaines de milliers d’euros ou encore d’ouvrir plus facilement son capital.
Le crowdfunding permet de financer son projet par des dons, mais aussi d’obtenir des prêts de plusieurs centaines de milliers d’euros ou encore d’ouvrir plus facilement son capital.
Lorsque l’on parle de financement participatif, les plateformes de dons viennent naturellement à l’esprit. Or, si le crowdfunding a commencé ainsi, il a beaucoup évolué, et permet désormais de répondre à quasiment toutes les problématiques en termes de financement. « Le crowdfunding se décompose en trois modèles : le don, le prêt et l’investissement au capital, expose Maxime Debure, conseiller en ingénierie financière et fondateur de la plateforme spécialisée Winefunding. Ils sont très différents et ont chacun leurs caractéristiques. » Choisir une de ces trois formes dépend avant tout de la nature du projet à financer, et en premier lieu du montant que l’on souhaite lever. Car les échelles de grandeur diffèrent beaucoup entre ces trois moyens.
Il existe en premier lieu des plateformes spécialisées dans l’ouverture du capital, permettant d’importantes levées de fonds. Elles sont habilitées à faire entrer des investisseurs dans l’entreprise, qui deviennent alors actionnaires. Leur avantage majeur, à la différence de la constitution d’un groupement foncier viticole (GFV), est de pouvoir communiquer sur l’ouverture du capital. Si les GFV sont interdits d’« appel public à l’épargnant », les plateformes peuvent présenter le projet à autant de personnes qu’elles le souhaitent. D’autre part, le GFV se limite aux investissements terriens.
Pour répondre aux besoins plus courants des entreprises, de plus en plus de plateformes proposent des prêts, financés grâce aux deniers de particuliers ou d’autres entreprises souhaitant investir dans l’économie réelle. C’est ce que l’on appelle le crowdlending. « Les prêteurs sont en partie des acteurs de la société civile à la recherche de taux intéressant pour leur épargne, mais aussi et surtout des institutionnels comme les assurances ou BPI France, qui y voient des placements avec de bons rendements et nous confient d’important fonds », illustre Olivier Goy, fondateur de la principale plateforme française, Lendix. Cette dernière, spécialisée dans le financement des TPE/PME, propose des prêts allant de 30 000 à 3 millions d’euros, remboursables entre trois mois et sept ans. « Contrairement aux banques, nous pouvons couvrir 100 % des besoins : cela peut être pour un achat de matériel ou de foncier, la création d’un site internet, le recrutement de commerciaux ou encore un besoin en fonds de roulement », assure Olivier Goy. Concrètement, l’entrepreneur (peu importe son secteur d’activité) rentre quelques informations en ligne telles que le montant et la durée du prêt souhaités ainsi que sa liasse fiscale accompagnée du chantier des dettes.
Un mécanisme beaucoup plus réactif que les banques
Et en 48 heures, Lendix donne une réponse sur l’éligibilité. « Car il ne faut pas faire d’amalgames, nous ne sommes pas la poubelle des banques, précise le fondateur. Nous ne savons pas financer les entreprises qui font des pertes, ni les installations. » De fait, ce système s’adresse à des sociétés déjà rentables au chiffre d’affaires minimum de 250 000 euros. Aucun nantissement et aucune caution ne sont nécessaires, mais le taux d’intérêt est compris entre 3 et 9 %. Car c’est une autre particularité du crowdlending par rapport au secteur bancaire, le taux peut être modulé en fonction de la durée du crédit, du risque et de la qualité de l’entreprise. « Cela peut paraître élevé, mais un découvert bancaire coûte beaucoup plus que 10 % » estime Maxime Debure, qui y voit également l’intérêt de pouvoir associer ses clients et ses fournisseurs, qui ont parfois de la trésorerie à placer. Autre avantage de la plateforme, si le dossier est accepté, le vigneron est sûr d’obtenir son financement. Il n’y a donc pas besoin d’animer la campagne et d’attendre la fin de la collecte pour être fixé. « Ce n’est peut-être pas naturel d’aller vers nous, mais nous avons déjà prêté plus de 70 millions d’euros à plus de 200 entreprises depuis avril 2015, confie le dirigeant. Et les investisseurs suivent, nous avons un potentiel de forte croissance. »
Pour les vignerons dont les besoins sont plus modestes, il est possible de se diriger vers les plateformes de financement par dons, avec ou sans contrepartie. « La moyenne des montants pour les projets de ce type avoisine les 5 000 euros, mais cela peut monter à quelques dizaines de milliers d’euros », informe Maxime Debure. Pour Florian Breton, fondateur de la plateforme dédiée à l’agriculture Miimosa, ce type de financement bénéficie d’un fort attrait auprès du grand public. « Car les gens aspirent à devenir acteurs de leur alimentation », analyse-t-il.
Des capacités d’animation et un projet fédérateur indispensables
Sur les 800 projets accompagnés depuis sa création, le site affiche d’ailleurs un taux de réussite de 80 %. Toutefois, le succès est conditionné par la communication du vigneron. « C’est ouvert à tout le monde, mais il faut un vrai besoin et une réelle motivation », avoue l’entrepreneur. Car il vaut « vendre » son projet tout au long de la levée de fonds, ce qui signifie un investissement personnel pour animer la campagne, qui dure en moyenne cinq semaines, remercier au fur et à mesure, et informer les donateurs de la réalisation du projet. « Cela demande des capacités d’organisation, mais aussi un projet original et un capital sympathie » commente Maxime Debure. « Atteindre le but est également plus facile si l’on a un premier cercle de financeurs, comme des amis, de la famille ou des clients », ajoute Florian Breton. Si convaincre les donateurs prend du temps, le système a toutefois l’avantage de créer un premier cercle de clients et ambassadeurs potentiels. Pour ce qui est du coût, de telles plateformes prennent généralement une commission de 5 à 10 % sur la somme totale, seulement en cas de succès. À cela il faut ajouter les contreparties pour les donateurs. « Il est important de bien réfléchir à ce poste, conseille Maxime Debure. Il ne faut pas qu’elles soient trop chères par rapport au projet. L’idéal est de proposer des visites du domaine ou des repas vignerons, qui, en plus, susciteront l’envie d’acheter vos produits. »
voir plus loin
Les plateformes de crowdfunding ne sont pas la seule option pour monter un projet en financement participatif. Les caves coopératives vauclusiennes de Vacqueyras et Beaumes-de-Venise, réunies sous l’entité Rhonéa, ont décidé par exemple de passer via la création d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Concrètement, elles offrent la possibilité d’intégrer la structure moyennant 1 000 euros la part. Le capital ainsi engrangé permet d’acquérir localement des parcelles qui ne trouvent pas preneur. La communication est assurée en interne par Rhonéa, principalement auprès des clients et prestataires. « Et le bouche-à-oreille commence à prendre de l’important », se réjouit Méredith Ponge, chargée relation client de Rhonéa Vignobles. En un an, plus de 200 souscripteurs ont rejoint le projet, pour un total de 450 parts. Ce qui a déjà permis d’acheter deux hectares en Vacqueyras, sur lesquelles un jeune a été installé en métayage. « Nous sommes agréablement surpris par l’engouement du public, c’est un réel succès, témoigne celle qui est en charge de la relation client. Il y a de tous les âges et toutes les catégories socio-professionnelles. Pour eux, c’est un montage simple et un moyen de bénéficier d’avantages fiscaux, ainsi que de recevoir un carton de vin par an. » Rhonéa Vignoble se charge également d’animer le réseau en envoyant une newsletter mensuelle et en organisant l’assemblée générale. À l’horizon 2022, l’entité espère atteindre 5 000 sociétaires et un vignoble d’une centaine d’hectares.
en bref
CONDITIONS
Pour le don : avoir un projet de faible ampleur et fédérateur, disposer d’un premier cercle de financeurs, animer le réseau.
Pour le prêt : avoir une entreprise déjà installée et rentable.
Pour l’investissement au capital : être prêt à céder des parts sociales.
Quelques milliers à quelques dizaines de milliers pour le don, quelques dizaines à quelques centaines de milliers à pour le prêt, jusqu’à plusieurs millions d’euros pour le financement par le capital.
Pour le don : Miimosa, Winefunding, Kisskissbankbank, Ulule…
Pour le prêt : Lendix, Crédit.fr, Lendosphère, Unilend, Winefunding, Blue Bees…
Pour l’investissement au capital : Anaxago, Wiseed, Winefunding, Sowefund…