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Objectif qualité  pour les plants de vigne

La qualité sanitaire et agronomique des plants de vigne est un enjeu de taille. Divers programmes de recherche se penchent sur la question.

Avec la montée en puissance des problématiques de dépérissement, une prise de conscience s’est opérée sur l’importance d’avoir un bon matériel végétal. À commencer dans le secteur de la recherche, où la pépinière faisait jusqu’ici figure de parent pauvre. Lancé en 2017, le programme Origine devrait permettre de lever le voile pour la première fois sur les éléments qui déterminent la qualité du plant. « Nous allons essayer de définir un process de fabrication optimal, et de transférer ces connaissances aux professionnels », explique Nathalie Ollat, ingénieur Inra en charge du projet. Pour cela, les scientifiques vont pouvoir s’appuyer sur des experts du monde fruitier et forestier. « Les travaux dans ces filières ont montré que l’équilibre entre l’azote et le carbone dans le bois est déterminant », illustre la chercheuse. Plus globalement, le rôle des réserves et de la teneur en eau sur la réussite du greffage et de la plantation sera étudié, avec des conseils à la clé. " L’objectif est de proposer aux pépiniéristes des indicateurs biochimiques qui pourront les renseigner sur le potentiel d’un plant ", poursuit-elle.

Pourquoi pas alors imaginer des gammes différentes, avec du matériel végétal low-cost pour les petites bourses et du haut de gamme pour une reprise parfaite… Les aspects morphologiques seront aussi abordés dans le programme, notamment au niveau du système racinaire. Le but étant de caractériser sa mise en place en fonction des porte-greffes ou du greffage, mais aussi d’observer l’influence de sa longueur à la plantation. « La plantation en racine longue se développe sur l’idée que couper la racine génère une porte d’entrée pour les champignons et diminue la mise en réserve. Mais il faut encore en faire la preuve », observe Nathalie Ollat. L’analyse du développement du système racinaire en rhizotron permettra également de mieux comprendre l’étape de sa mise en place. De son côté, la fédération des pépiniéristes a remis en place une commission technique, qui réalisera également des recherches. Une première depuis 1982. Les membres se sont déjà mis au travail, en lançant cette année des expérimentations sur la stratification, une étape clé pourtant jamais étudiée. Les essais pourraient se poursuivre sur l’intérêt de la culture des vignes-mères sous serre, par exemple.

Repenser les parcelles de vignes-mères en les palissant ?

Pour François Dal, technicien à la Sicavac (Sancerre), obtenir un plant de qualité passe également par des parcelles repensées pour produire des bois de qualité, notamment en palissant les vignes-mères de porte-greffes. « Aujourd’hui on roule sur les sarments lors des traitements, tout est enchevêtré et on ne reconnaît pas les pieds douteux », regrette-t-il. Dès 2018, les premiers plants haute couture "Ceps Sicavac", au cahier des charges technique exigeant, seront livrés. Des expérimentations seront conduites dès l’an prochain pour comparer leur performance aux greffés-soudés traditionnels.

Pour David Amblevert, président de la Fédération des pépiniéristes, la question du palissage ne se posera que si la recherche démontre son intérêt. « Car ce sont des coûts de production énormes, estime-t-il. Par contre nous nous sommes engagés dans un gros chantier de renouvellement du parc de vignes-mères à greffons, qui s’est effrité et qui a besoin d’être rajeuni avec de nouveaux clones. » 86 hectares ont été déjà replantés, et plus de 150 devraient suivre dans les trois ans.

Ce cheminement vers de meilleurs plants sera sans doute favorisé par la volonté de la pépinière de professionnaliser son métier. « Car il existe aujourd’hui autant de techniques que de pépiniéristes » remarque David Amblevert. Une réorganisation déjà en marche, puisque la toute première formation de « responsable technique de la pépinière viticole » a été lancée en 2013, et que des diplômes spécifiques devraient voir le jour. « Un pas en avant sans précédent a également été franchi avec les machinistes, se réjouit le pépiniériste bordelais. Nos outils de productions vont pouvoir évoluer eux aussi. » On se souvient notamment du lancement, lors du dernier Vinitech, de la machine de Sfere BM coupant les porte-greffes. La pépinière pourra également compter sur les moyens financiers de l’État, avec près de cinq millions d’euros d’aides éligibles à travers les plans de compétitivités en région.

Anticiper des problématiques sanitaires

Un autre défi majeur qui attend la pépinière sera celui d’assurer la qualité sanitaire des futurs plants. « Je suis inquiet vis-à-vis de l’arrivée de Xylella fastidiosa », avoue Pascal Bloy, directeur du pôle national matériel végétal de l’IFV. Face à ce danger imminent, les pépiniéristes ont déjà commencé à prendre les devants. « Nous avons prévu des formations, afin de reconnaître les symptômes, assure David Amblevert. Mais il faut en parallèle que les pouvoirs publics réalisent un contrôle sur l’entrée des plants étrangers. » En cas d’introduction de la souche responsable de la maladie de Pierce dans l’Hexagone, le plan de lutte serait facile à trouver. Similaire à celui contre la flavescence dorée (prospection et traitement des bois à l’eau chaude), il pourrait même être couplé à ce dernier. « Nous savons que le traitement à l’eau chaude fonctionne sur Xylella, affirme Pascal Bloy, il est même plus efficace que pour la flavescence dorée. Les courbes de durée et température sont déjà connues. »

Le red blotch, nouvelle virose à surveiller

Cette nouvelle bactérie n’est pas la seule menace qui plane sur le matériel végétal. « Vu les échanges internationaux, on n’est pas à l’abri de voir apparaître le virus du red blotch », ajoute le directeur. Cette maladie, répandue en Californie, provoque des symptômes semblables à ceux de l’enroulement, avec un rougissement des feuilles et des effets sur la maturation et le rendement. Là aussi, un plan de lutte est facilement définissable sur le modèle des viroses connues. En ce qui concerne les anciennes viroses, la barre est déjà haute en termes de contrôle et de qualité sanitaire en France, mais des évolutions sont encore à prévoir notamment pour la prise en compte du Grapevine pinot gris virus (GPGV).

Sur le front de la flavescence dorée cette fois, la pépinière est toujours plus mobilisée. « Cette année 100 % des vignes-mères ont été prospectées, se félicite David Amblevert, nous sommes le seul pays en Europe à pouvoir le dire. » « Je pense que les mesures prises en pépinière pour assurer un plan indemne de phytoplasme sont efficaces, estime Pascal Bloy. Même si le risque zéro n’existe pas, il est difficile de faire plus. » Concernant le traitement à l’eau chaude, la commission européenne a refusé la proposition pourtant validée par la DGAL et l’Anses d’aller vers un couple température/temps moins contraignant (50 degrés pendant 35 minutes au lieu de 45), ce qui représente un frein supplémentaire au développement de cette technique selon David Amblevert.

voir plus loin

Et si l’avenir du matériel végétal passait par la sélection massale ? C’est ce qu’un nombre grandissant de vignerons semble penser. Mais si la sélection clonale a certes appauvri la diversité du matériel végétal, il ne faut pas oublier qu’elle a contribué à limiter la propagation de nombre de viroses. C’est certainement la raison pour laquelle de plus en plus de pépiniéristes proposent des sélections massales avec tests virologiques. Histoire de conjuguer qualité sanitaire et diversité génétique…

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