Les exportations françaises en léger retrait
Conséquence de la faible récolte 2013, du poids des stocks chinois, et de la fin des livraisons des millésimes 2009 et 2010 par Bordeaux, les exportations françaises de vin ont reculé tant en volume qu’en valeur sur l’année 2014. Un scénario qui risque de se reproduire en 2015.
Un chiffre d’affaires de 7,4 milliards d’euros pour 12,9 millions d’hectolitres. Tel est le bilan des exportations françaises de vins 2014, dressé par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), le 11 février. Ces chiffres correspondent à une érosion des ventes de 3,3 % en volume et de 1,7 % en valeur, par rapport à 2013.
Comme de coutume, certaines destinations ont plus souffert que d’autres. C’est le cas de la Chine, du Royaume-Uni et de la Belgique.
L’Empire du Milieu a mis en place une politique anti-ostentatoire en 2013, qui a porté ses fruits en 2014 et fortement pénalisé les grands crus bordelais ou bourguignons. La Chine passe ainsi en sixième position de nos clients en valeur. Par ailleurs, ce marché est plombé par des stocks conséquents, qui freinent la reprise, et par une réorganisation des opérateurs.
Repositionnement de la Chine sur des vins de cœur de gamme
« Mais ce pays reste malgré tout notre quatrième marché en volume, insiste Christophe Navarre, président de la FEVS. Nous estimons que c’est toujours une destination à très fort potentiel. » Nos exportations en valeur y ont en effet été multipliées par vingt-sept en dix ans ! « Le marché se reconfigure sur des produits de cœur de gamme, complète Georges Haushalter, de la Compagnie médocaine des grands crus. Le prix moyen des bordeaux échangés dans l’Empire du Milieu tourne aux alentours de 4,50 euros par bouteille ce qui correspond non plus à des grands crus, mais aux côtes, à quelques saint-émilions ou médocs génériques. »
Par un effet de dominos, le ralentissement des ventes en Chine a également impacté les exportations britanniques. Ce pays étant une plateforme d’expédition indirecte vers l’Empire du Milieu. Les AOC, notamment bordelaises et bourguignonnes y sont en fort recul. Or elles représentent 30 % des exportations françaises au Royaume-Uni. Autre facteur de ralentissement : suite à la petite récolte 2013, les prix des bourgognes ont fortement progressé, amenant à franchir le seuil fatidique des 8-10 livres pour nombre de mâcons et de chablis. D’où « une vraie réticence de la part des acheteurs », note Louis-Fabrice Latour, de la maison éponyme en Bourgogne.
En Belgique, le retrait est à imputer au contexte économique du pays et aux faibles disponibilités françaises. Le champagne y a néanmoins enregistré une bonne performance (+ 30 % en valeur), contrairement aux AOP tranquilles (- 5 % en valeur et - 7 % en volume).
Bonne santé des États-Unis et de l’Allemagne
En revanche, les négociants ont profité de la bonne santé économique des Allemands pour y placer 0,2 % de vin en plus en volume, et + 8,4 % en valeur. C’est la destination qui a connu la plus forte progression en 2014, et toutes les catégories de vin en bénéficient, notamment les AOC avec + 14 % en valeur.
Les États-Unis enregistrent quant à eux une progression de la valeur de 2,5 % malgré un léger recul de 0,8 % en volume. « Sur cette destination, nous profitons de la reprise économique et de la croissance intérieure, estime Christophe Navarre. Nous espérons que cela va se poursuivre. » La parité entre le dollar et l’euro est un autre élément favorable à notre croissance. Ce sont majoritairement le champagne et les vins mousseux, ainsi que les vins du val de Loire, du Languedoc Roussillon et de la Provence qui sont plébiscités outre-Atlantique. « L’origine française du rosé y est à présent reconnue », ajoute Antoine Leccia, d’AdVini.
Parallèlement à cela, l’Italie et le Japon repartent à la hausse, tout comme la Suède et Singapour qui enregistrent des progressions tant en volume qu’en valeur, avec respectivement + 4,3 % et + 4,6 % pour la Suède (10e place en volume et 13e en valeur) et + 4,4 et + 13,9 % pour Singapour (14e place en volume et 9e place en valeur).
Au final, les exportations 2014 ont reflété la faiblesse de l’offre hexagonale, et ont confirmé la premiumisation de nos produits. Pour 2015, les négociants tablent à nouveau une année en recul volumique et en léger retrait en valeur. Et ils l’assurent : l’Afrique est le prochain continent !
Cognac et armagnac en retrait
. Sous le coup des mesures anti-ostentatoires initiées en Chine en 2013, le Cognac a vu ses ventes reculer en 2014, de 4,6 % en volume et 7,6 % en valeur. Une chute en valeur également favorisée par un repositionnement du mix produits, avec une réorientation du marché vers des qualités plus jeunes et donc moins bien valorisées. Il faut néanmoins noter que cette baisse intervient après trois années records.
. L’Armagnac a également accusé un retrait en valeur de l’ordre de 2,9 % malgré une hausse des volumes de 11,4 %.