Les deux premiers vignobles en vin de France sortent de terre
L’association nationale interprofessionnelle des vins de France (Anivin) vient d’annoncer la plantation de deux vignobles pilotes destinés à la production de vins sans IG. Le but est de pouvoir fournir les marchés export en segment " cœur de gamme ", le marché intérieur pouvant en occuper environ un quart à terme. Dans vingt ou trente ans, l’Anivin compte attirer suffisamment de viticulteurs pour couvrir 30 000 hectares. Mais pour l’heure, la viticulture étant frileuse et refusant de se lancer sur ce segment de production depuis nombre d’années, c’est le négoce qui a décidé de franchir le pas. Ainsi, les Grands chais de France vont créer un vignoble blanc, avec l’installation de 15 ha de chardonnay en 2018, et de 15 ha de floréal – une variété résistante de l’Inra – en 2019. La même année, Evoc-Vinadeis établira un vignoble de 30 ha, composé de plusieurs cépages : du cabernet sauvignon, du merlot, du chardonnay et du vidoc, une variété résistante rouge, également obtenue par l’Inra.
Fertirrigation, taille mécanisée et enherbement
Ces deux vignobles se situeront dans l’Aude, l’un à l’ouest de Carcassonne, l’autre entre Narbonne et Béziers. Les densités de plantation seront de 4 000 pieds/ha, avec une taille mécanisée en haie et des systèmes de fertirrigation/irrigation, pour viser un rendement de l’ordre de 150 hl/ha en rouge et de 120 hl/ha en blanc. Du côté du sol, les interrangs seront enherbés, et les traitements phyto seront effectués avec des pulvérisateurs à panneaux récupérateurs.
Une marge annoncée de 2 792 €/ha
L’Anivin a signé un partenariat avec l’IFV, pour qu’il soit le support technique du projet et rédige un recueil de fiches techniques visant à inciter les viticulteurs à se lancer sur le segment. Comme de coutume, l’Anivin met en avant la bonne rentabilité de tels vignobles : pour une parcelle en rouge, avec un rendement estimé à 150 hl/ha valorisé à 65 €/hl, on peut espérer un revenu par hectare de 9 750 €. En ôtant le coût global de production, on obtient 2 792 €/ha de marge, soit pour 30 ha 83 760 € de marge. Mais si les viticulteurs sont conscients de ce potentiel, il n’en reste pas moins qu’aucun ne se lancera tant que le négoce n’aura pas formellement proposé de contractualisation à long terme à de tels tarifs… Et ce d’autant plus que l’accès à l’eau, avec les questions sociétales qu’il entraîne, conditionne la rentabilité.