Les bons conseils face à l’oïdium en viticulture
L’oïdium surprend toujours les viticulteurs, au Nord comme au Sud. Voici quelques retours d’expérience pour le gérer au mieux.
L’oïdium surprend toujours les viticulteurs, au Nord comme au Sud. Voici quelques retours d’expérience pour le gérer au mieux.
L’oïdium pose de plus en plus de problèmes dans les vignobles septentrionaux, davantage habitués à gérer le mildiou. La faute au réchauffement climatique ? « C’est une hypothèse, mais nous ne pouvons pas l’affirmer, concède Laurent Delière à l’Inrae de Bordeaux. Cela peut venir aussi, comme pour le black-rot, du fait que les vignobles étaient parfois surprotégés et que la baisse des phytos les rend davantage visibles. » Une chose est sûre, le champignon de l’oïdium aime les conditions chaudes et humides, et s’installe de façon très insidieuse sur la vigne. « Les contaminations sont précoces et discrètes, poursuit l’ingénieur. Contrairement au mildiou avec ses tâches, repérer un foyer d’oïdium demande beaucoup de temps et d’observation, c’est un trop gros travail pour le viticulteur. »
Dès lors, comment ne pas se faire piéger ? Marc Guisset, responsable expérimentation viticole à la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales – une région de prédilection du pathogène – nous explique. « Nous avons tenté de retarder le début de protection pour réduire les phytos, mais nous faisons marche arrière, on se rend compte qu’il vaut mieux anticiper. » Car si l’on prend du retard avant la fleur, le reste de la saison devient difficile. Si le début d’année est plutôt sec et ne nécessite pas de traitement mildiou dans l’immédiat, il est peut-être judicieux de faire un passage avec un antioïdium seul.
Avoir une couverture impeccable avant fleur et à nouaison
« On connaît mal les périodes de contamination, même avec l’expérience c’est difficile d’appréhender l’installation du champignon, avoue le technicien. Les modèles aident à évaluer l’importance des contaminations, mais ne peuvent pas dicter les interventions. » Il préconise également d’enlever physiquement les drapeaux (pousses naines et noirâtres dues à la présence du champignon à l’intérieur même du bourgeon d’hiver) lorsqu’il y en a, pour limiter la pression et l’apparition d’autres drapeaux l’année suivante. Marc Guisset s’est rendu compte par ailleurs que l’oïdium poursuit son évolution entre la fermeture de grappe et la fin de la véraison. D’où l’importance de toujours bien maintenir la protection aux stades de préfloraison et nouaison.
« La lutte est avant tout préventive, les solutions curatives sont très limitées », ajoute-t-il. Le technicien recommande plutôt des SDHI à ces périodes clés. Il a tendance à réserver les IDM et Qol pour le début de la protection, et à finir la saison avec benzophénones et amidoximes si l’oïdium n’est pas installé. En bio, il est possible de commencer à 3-4 kg/ha mais il est primordial de monter à 6 voire 8 kg/ha en période sensible, pour redescendre ensuite entre 4 et 6 kg/ha selon de développement du pathogène. Dernier conseil : penser les protections mildiou et oïdium de façon distincte. « Caler sa lutte antioïdium sur celle antimildiou, c’est s’exposer à des risques », conclut Marc Guisset.
voir plus clair
Utilisé pour le poudrage, le soufre trituré provient de l’élément brut broyé et tamisé. Le soufre sublimé, que l’on appelle aussi « fleur », provient quant à lui de la distillation puis condensation des vapeurs. Les cristaux obtenus sont de taille irrégulière dans le premier cas et davantage homogènes dans le deuxième. Le soufre sublimé est moins sujet au tassement. Les soufres mouillables sont pour leur part des minéraux broyés auxquels on ajoute des mouillants et dispersants. « Dans nos essais, les formes n’ont pas montré de différence, relève Marc Guisset. Mieux vaut jouer sur la dose. »
Le gros sel, une méthode en dernier recours
En Côte-d’Or, l’utilisation de gros sel pour contrer l’oïdium est monnaie courante. « On l’utilise en rattrapage, lorsque la situation est critique, même après un poudrage et des biocontrôles comme l’Armicarb ou Essen’ciel », relate Benoît Bazerolle, à la chambre d’agriculture. Les viticulteurs l’emploient à hauteur de 300 à 400 l/ha, pour arriver au point de ruissellement, avec un dosage à 2 % maximum. « L’effet est rapidement visible, le feutrage noircit et le champignon s’assèche, affirme le conseiller. Mais la substance est très néfaste pour les pulvérisateurs. De plus cela veut dire que l’on a échoué sur la protection en amont : ce n’est pas une pratique que l’on doit banaliser. Ça doit être le dernier recours. » Le conseiller recommande également de passer dès le lendemain matin avec un produit préventif pour réassurer une protection à la suite de ce lessivage.