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Le digital au service des chauffes de précision

L’expertise du tonnelier s’appuie désormais sur des outils numériques pour maîtriser le point critique de l’élaboration d’un fût : la chauffe. À la clé, davantage de précision et de reproductibilité.

Chez Brive Tonneliers, en Corrèze, quatre postes de bousinage sont équipés d'un capteur pour suivre en direct les montées en température. Les courbes de chauffe sont ensuite récupérées sur un logiciel. © L. Lacroix
Chez Brive Tonneliers, en Corrèze, quatre postes de bousinage sont équipés d'un capteur pour suivre en direct les montées en température. Les courbes de chauffe sont ensuite récupérées sur un logiciel.
© L. Lacroix

Renforcer un savoir-faire ancestral grâce aux technologies de pointe. Tel pourrait être le résumé de ce qui se joue actuellement dans le monde de la tonnellerie. Alors que les QR codes et autres code-barres ont largement investi cet univers pour assurer une meilleure traçabilité, c’est en plein cœur du process de fabrication que les nouvelles technologies ont réellement trouvé leur place. La start-up girondine Œnphinée, créée en 2017 par Cécile Dulimbert et Romain Guillaument, est née de la volonté d’associer des compétences en œnologie et en physique pour sécuriser le process d’élaboration de fûts. « La chauffe constitue le point critique, or, jusqu’ici, seuls les lasers permettaient de contrôler les températures, mais pas en continu », explique Cécile Dulimbert. Alors que les prix du chêne français augmentent, nombreux sont les tonneliers qui ont fait part à celle qui est aussi consultante indépendante, de la nécessité de sécuriser leurs process pour éviter les pertes. « Nos capteurs permettent de suivre les températures en continu sur 12 à 20 foyers et sur la surface de la coque du fût », indique la gérante, avant d’insister sur le fait que le tonnelier reste entièrement « maître de son art ». Après une phase de test chez un tonnelier partenaire, la commercialisation du capteur mis au point par Œnphinée sera effective au cours du premier semestre 2020.

L’expérience utilisateur au cœur de la relation client

À Brive-la-Gaillarde, Brive Tonneliers a franchi le cap il y a presque un an et demi, et a installé des capteurs mis au point par la société d’ingénierie mécanique M-Tecks EAC. Quatre postes de bousinage sont équipés. « Nous pouvons désormais mesurer en continu les températures sur une trentaine de centimètres autour du point de mesure », explique Laurent Lacroix, directeur de la tonnellerie. Sans modifier sa gamme, le tonnelier dispose maintenant de courbes de chauffe très précises pour garantir une répétabilité dans le process d’élaboration de chaque barrique. « Ce qui est surtout intéressant, c’est le retour client qui nous permet d’élaborer des fûts entièrement personnalisables », poursuit le dirigeant. Car chaque utilisateur peut flasher le QR code présent sur la barrique, et noter, grâce à un système d’étoiles et de commentaires son niveau de satisfaction tout au long de l’élevage, en commentant l’impact sur les vins. « Pour nous qui avons des clients partout dans le monde, cela nous permet de créer une certaine proximité avec eux, certes virtuelle, mais qui apporte une nouvelle dimension à la relation client », témoigne Laurent Lacroix. Dans un monde toujours plus connecté, l’expérience utilisateur est un outil dont il devient décidément difficile de se passer.

L’intelligence artificielle bientôt appelée en renfort

Pour l’heure, environ 10 % des clients de Brive Tonneliers ont participé au retour d’expérience, soit 2 000 avis sur autant de fûts. « Les États-Unis et les pays en voie de développement viticole y sont plus sensibles, car tout ce qui peut leur permettre de maîtriser plus rapidement la production les intéresse », note Laurent Lacroix. L'outil  fonctionne d’ailleurs davantage avec la jeune génération d’œnologues, habituée à attribuer des notes à leurs expériences. « Nous n’avons pas encore accumulé suffisamment de données mais dès que cela sera le cas, nous projetons d’utiliser l’intelligence artificielle pour anticiper la demande de nos clients », confie le tonnelier. Il faudra pour cela mettre au point un algorithme capable de définir les niveaux de chauffe optimum en fonction de deux variables : les cépages et les régions viticoles. À terme, le tonnelier pourra donc développer des gammes spécifiquement pour certains marchés.

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