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« Le désherbage électrique semble l’alternative la plus intéressante en viticulture »

Pour Éric Chantelot, référent national à l’IFV en ce qui concerne l’entretien des sols, peu de nouvelles solutions devraient venir nous aider à lutter plus efficacement contre les adventices. Si ce n’est le désherbage électrique.

Éric Chantelot est président de la commission nationale Columa vigne sur l’entretien des sols viticoles, et directeur de l’IFV Rhône-Méditerranée.
Éric Chantelot est président de la commission nationale Columa vigne sur l’entretien des sols viticoles, et directeur de l’IFV Rhône-Méditerranée.
© IFV

Où en est-on aujourd’hui en termes d’alternatives dans le désherbage ?

On voit de nombreuses choses, basées notamment sur l’effet thermique. Tout ce qui est mousses, vapeur, etc. Elles fonctionnent, mais leur principal problème réside dans le stade d’intervention. La plante doit être très peu développée si l’on veut un effet, ce qui veut dire des passages beaucoup plus fréquents. D’autant plus qu’en vigne, nous avons une grande variabilité de flore et des graines qui poussent tout au long des différentes saisons, ce qui impliquerait de passer toute l’année. Il faut ajouter à cela une mise en œuvre lente, ce qui fait grossir les frais énergétiques. Je ne trouve pas que ce soit une vraie alternative. D’ailleurs il n’y a quasiment pas de matériel adapté à la vigne, mis à part pour les brûleurs à gaz ; le marché n’existe pas. Nous avons souhaité tester ces nouvelles machines sur une campagne complète à l’IFV et il n’y a eu aucune société pour nous fournir le matériel.

Du côté du désherbage à l’eau sous pression, le matériel existe mais on retrouve la même limite, qui est de devoir passer sur une végétation peu développée. On peut espérer quelques améliorations, mais tant que ça n’est pas plus souple en termes d’organisation que les matériels de travail du sol interceps, ça ne prendra pas. Car la principale limite des interceps, c’est le nombre de passage. S’il y a un système qui se démarque potentiellement en revanche, c’est de désherbage électrique.

En quoi le désherbage électrique paraît-il plus intéressant ?

C’est une solution qui est plus souple d’emploi que celles citées plus haut, en termes de stade de développement des adventices notamment. On peut passer sur des plantes déjà plus grandes. Et il y a un effet systémique, puisque le courant traverse la plante et détruit logiquement la racine. Cela fait partie des innovations qui pourraient répondre à certaines situations. Mais pas à toutes.

Nous allons retravailler sur cette solution à l’IFV dans le cadre d’un projet Casdar, pour voir comment elle se comporte sur différents types de sols. Nous allons essayer de déterminer quelles sont les limites précises de son utilisation. Les machines, même si elles commencent à être commercialisées, restent encore des prototypes. Dans 18 à 24 mois, nous devrions avoir une technologie mature.

Peut-on attendre des nouveautés chimiques ?

Il ne faut pas s’attendre à des apparitions de nouveaux produits conventionnels en Europe. Il y a une telle pression sur les phytos qu’aucune firme ne se lance dans la recherche là-dessus. Quant à la découverte d’un herbicide « naturel » de rupture, on entend beaucoup de choses sur le sujet mais je suis assez sceptique. Notamment sur un potentiel effet racinaire. J’imagine plutôt des herbicides foliaires davantage efficaces sur plantules, je ne vois pas comment une substance naturelle pourrait être assez « toxique » pour détruire toute une plante de l’intérieur.

Les matériels qui combinent travail du sol intercep et désherbage pré-levée présentent-ils alors un avenir ?

Je pense que cela peut être une bonne solution de transition. Mais ne nous y trompons pas : ces matériels nécessitent déjà de bien maîtriser l’entretien mécanique. Il faut associer le bon outil, passer au bon moment pour que l’herbicide soit positionné convenablement… Il est difficile de passer d’un système tout herbicide à tout travail du sol, l’idée serait donc de commencer un peu de travail du sol, d’associer cette technique pour gagner des passages et basculer petit à petit vers le zéro herbicide, vu que ces derniers, encore une fois, ont une mauvaise image.

De plus en plus de robots sont équipés d’outils d’entretien du sol. La solution ne serait-elle pas là ?

Pour l’instant, un entretien du sol par des robots revient entre 2 000 et 3 000 euros par hectare et par an, là où le travail du sol coûte 800 euros par hectare et par an et le désherbage chimique 200 à 250 euros par hectare et par an. Le modèle économique aujourd’hui ne tient pas la route. Il faut continuer à chercher, la polyvalence des robots est une voie pour les rentabiliser. Peut-être que les prix vont baisser et que dans dix ans on aura des solutions concrètes, mais il y a beaucoup de problèmes à lever. Cela étant dit le concept est séduisant.

L’avantage du robot est justement de pouvoir passer plus régulièrement, donc pourquoi pas sur des stades plantule avec le genre de solutions décrites plus haut. Si on regarde à long terme, rien n’interdit d’imaginer un robot qui déambule toute la journée dans les vignes et cible de façon ultralocalisée les adventices pour y positionner une substance herbicide, ou je ne sais quel flash lumineux, qui les détruirait. Mais nous sommes en pleine science-fiction.

Découvrez les articles du dossier "Venir à bout des adventices tenaces" :

Venir à bout des adventices les plus tenaces

Déterminer les adventices problématiques

Les cinq règles d’or du désherbage de la vigne

En désherbage chimique, chercher les complémentarités entre molécules et techniques

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