La RSE, pour être en symbiose avec son environnement
BLB Vignobles est la première exploitation familiale viticole française évaluée ISO 26 000 dans le cadre de la démarche Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Une fierté pour Bruno Le Breton, son propriétaire.
BLB Vignobles est la première exploitation familiale viticole française évaluée ISO 26 000 dans le cadre de la démarche Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Une fierté pour Bruno Le Breton, son propriétaire.
« Mon parcours vers la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est d’abord une histoire de rencontre, en 1995, avec Hans Walrawen alors propriétaire du domaine de la Jasse dans l’Hérault, relate Bruno Le Breton, détenteur de BLB Vignobles. En tant qu’œnologue de ses propriétés, j’ai nourri, auprès de lui, mon souhait de développer une viticulture durable auprès des générations futures. Aussi, quand en 2008 j’ai racheté le vignoble et l’entreprise, c’est tout naturellement que je me suis engagé dans la lutte raisonnée et que BLB Vignobles a obtenu la certification Haute Valeur Environnementale. C’était en 2013. Mais ce label, qui attestait de nos efforts sur le volet environnemental, était trop restrictif. Je voulais entrer dans une démarche qui engage nos valeurs sur tous les volets de l’entreprise, que ce soit vis-à-vis de nos salariés, de nos clients, de nos fournisseurs, de nos voisins et de notre environnement. C’est pourquoi en 2014, l’entreprise BLB Vignobles s’est dirigée vers la RSE, qui est un parcours où il faut être bon partout, un peu comme dans un décathlon. C’est aussi un engagement de progrès et de transparence qui permet de communiquer sur son métier. Un point essentiel pour mon entreprise située aux portes de Montpellier. »
Dix-huit mois de préparation et un audit de trois jours
BLB Vignobles a donc entrepris une préparation à l’évaluation ISO 26 000 en 2014, avec l’appui d’un cabinet spécialisé Quali & Co et d’un expert RSE, Yann Chabin. « Notre objectif était à la fois d’évaluer au préalable l’entreprise sur les sept questions centrales de la RSE (1), et de dégager également nos marges de progrès, note Bruno Le Breton. La préparation à cet audit nous a permis d’être plus vigilants et plus performants dans des domaines aussi variés que la consommation d’eau, le poids des bouteilles, ou encore le management et le bien être des salariés. » Le domaine a ainsi diminué de 48 % sa consommation d’eau entre 2014 et 2015, grâce à une modification du process de réception de vendanges, avec un système de nettoyage moins consommateur et à la prise en compte, à la vigne, de mesures permettant d’accepter un stress plus marqué. De même, il a opté pour des bouteilles allégées de 17 %, ce qui procure une économie de 83 tonnes de verre et de C02 équivalent à 500 000 kilomètres parcourus en un an. Pour ce qui est de salariés, 50 % sont à présent en temps partiel et en télétravail volontaire.
Après 18 mois de préparation, l’audit réalisé par l’Afnor s’est déroulé au domaine sur trois jours. Sept des onze salariés ont été interrogés. L’audit a été un succès puisque à son issue, en juin 2015, BLB Vignobles a obtenu le score de 615 points sur 1 000, ce qui a valu à l’entreprise le niveau 3 confirmé (sur une échelle de 4). Un score à la fois très encourageant, mais qui laisse encore des marges de progrès.
En pratique, l’Afnor a effectué une analyse globale déclinée en huit chapitres, couvrant les sept questions centrales de la RSE. Chaque chapitre est doté d’un score global, avec mise en avant de points positifs mais aussi de recommandations pour progresser. Ainsi, dans le chapitre « Vision et gouvernance » qui obtient un score de 85 %, l’Afnor apprécie particulièrement l’implication et le dialogue de BLB Vignobles avec ses parties prenantes au regard du développement durable. Dans les marges de progrès, l’organisme recommande d’améliorer le mode de commercialisation, en développant le marché national et la vente directe pour plus d’autonomie. Autre exemple, dans la thématique « Ressources humaines » dotée d’un score global de 68 %, les ressources importantes affectées à la formation du personnel (12 %) sont appréciées. Pour progresser, le rapport suggère de fixer des objectifs individuels ou collectifs RSE à chaque salarié. Dans un autre domaine, « Indicateurs environnementaux », avec un score de 65 %, le rapport recommande de pérenniser l’irrigation raisonnée goutte à goutte et conseille d’installer des compteurs pour mieux identifier les postes de consommation importants.
Un acteur responsable sur son territoire
Par ailleurs, dans le volet « communication externe », qui obtient un score de 42 %, Bruno Le Breton est particulièrement fier de « la Charte de dégustation responsable du vin » élaborée avec Hussam Al Mallak, médecin addictologue. Une charte appréciée dans l’évaluation Afnor pour l’implication de BLB Vignobles dans son environnement. « BLB Vignobles est une entreprise responsable, qui est consciente de l’impact des breuvages sur la santé, insiste-t-il. C’est ainsi que nous avons reçu au cours du premier trimestre de cette année, à la fois des lycéens avec qui nous avons organisé une dégustation olfactive et des étudiants à qui nous avons rappelé à la fois les bonnes pratiques de dégustation mais aussi les dangers d’une consommation excessive. L’intégration sociale de BLB Vignobles sur son territoire, et l’acception de notre métier sont au cœur de la démarche RSE. La communication externe est un enjeu majeur pour continuer à exister. »
S’engager vers la responsabilité sociétale a engendré des coûts pour l’entreprise : environ 6 000 euros pour l’évaluation Afnor, 15 000 euros pour l’accompagnement consultant et 10 000 euros pour l’édition du rapport RSE 2016 et la création d’un site internet dédié à la RSE. Mais il s’agit d’un investissement payant. "La responsabilité est au cœur de notre stratégie, observe Bruno Le Breton. Et grâce à la RSE, nous avons par exemple allégé nos bouteilles de 100 grammes. Avec des bouteilles plus légères, moins chères tant à l’achat qu’au transport, nous avons pu recruter une personne. Par ailleurs, nos clients sont rassurés par notre démarche, cela nous ouvre des portes et des marchés. » Le défi et l’enjeu des années à venir, pour BLB Vignobles, sont de continuer à progresser dans tous les domaines et le faire savoir en communiquant. Notamment via le site internet dédié à la RSE au sein de BLB Vignobles (http://blb-vignobles.com/fr/).
(1) Les sept questions centrales de la RSE : loyauté des pratiques, relations et conditions de travail, droits de l’homme, environnement, communauté et développement local, consommateurs.« La force d’une norme mondialement reconnue »
« L’ISO 26 000 est une norme internationale, établie à l’initiative d’organisations de consommateurs. Elle concerne tous les secteurs d’activité. Dans la filière vin, quelques agro-fournisseurs, producteurs, négociants et distributeurs s’appuient déjà sur ce référentiel. Par ailleurs, l’évaluation d’une démarche RSE, basée sur l’ISO 26 000, n’a d’intérêt que si elle est délivrée par un organisme de certification indépendant. Ces trois points en font indéniablement sa force et lui assurent une forte lisibilité.
La RSE est une démarche sociétale qui implique un engagement fort de l’entreprise. Elle permet de créer du sens, de renforcer les valeurs de l’entreprise, et qui plus est, elle génère de la valeur ajoutée. Nos études menées auprès de plusieurs milliers de consommateurs estiment que la valorisation produit de trois à six pourcents du prix de vente.
Pour que cette démarche soit accessible au plus grand nombre de vignerons, je recommande la mise en place de démarches collectives, à l’instar de celle conduite par l’IGP pays d’oc. Cela permettra de mutualiser des moyens pour la préparation et l’engagement RSE, mais aussi pour communiquer ces valeurs auprès du grand public. Un point essentiel qui se traduira sans doute, dans les années à venir, par la mise en place d’un signe de reconnaissance. La plupart des pays du nouveau monde se sont d’ailleurs dotés d’un label RSE. »
BLB VIGNOBLES
54 hectares de vignes (domaine de la Jasse et domaine de Montlobre)
10 salariés permanents
Production en IGP pays d’oc
1 million de cols vendus, dont 95 % à l’export (en Europe)
Une distribution principalement via des vépécistes exclusifs
3 millions d’euros de chiffre d’affaires
Première exploitation viticole familiale de France évaluée ISO 26 000 (démarche RSE, Responsabilité sociétale des entreprises), niveau 3 confirmé sur une échelle de 4