INTERNATIONAL
La financiarisation de la filière se poursuit
Pour nombre d’entreprises cotées en bourse, la
filière vin ne serait plus rentable. Et beaucoup d’entre elles sont en passe, ou ont déjà, cédé leurs actifs vin. La crise financière mais aussi la pression qu’exercent les actionnaires, expliquent ces mouvements, selon Alfredo Coelho, chercheur à l’UMR Moisa Montpellier.
Constellation Brands, un des leaders mondiaux du vin, envisage de céder 80 % de ses actifs vin qu’il possède en Australie et en Europe, pour un montant de 291 millions de dollars, à Champ Private Equity, un fonds d’investissement qui se donne en général cinq ans pour restructurer une entreprise et la revendre. Foster’s songerait à dissocier également ses activités dans le vin de la bière. L’américain Brown Forman chercherait à vendre la presque totalité de sa branche vin. Pernod-Ricard s’est séparé de plusieurs de ses marques néo-zélandaises. “ Ces mouvements sont liés pour une part à la crise économique et financière internationale mais aussi à la crise viticole australienne ”, indique Alfredo Coelho. Mais ce ne serait pas la seule explication. L’indicateur ROA (Return On Assets) qui mesure la rentabilité d’un ensemble d’actifs était de 7,6 % en moyenne annuelle pour le vin en 2009, 13,6 % pour les spiritueux et 18, 6 % pour la bière. “ Le vin est donc nettement moins attractif pour les investisseurs que les spiritueux ou la bière. D’autant plus qu’avant la crise, le ROA attendu par cesinvestisseurs était de 15 % en moyenne par an. Ils peuvent accepter une légère baisse de cet indicateur en temps de crise mais pas que ce dernier atteigne le niveau de celui du vin. Leur mécontentement va obliger les entreprises cotées en bourse à faire des arbitrages entre le vin et la bière notamment. ” Et si la plupart de ces entreprises abandonnent leur branche vin, c’est dans le but de donner satisfaction à leurs actionnaires, souligne Alfredo Coelho. “ Ce qui leur permet de diminuer leur niveau d’endettement et donc de rassurer ces investisseurs. Et dans le même temps, en 2010, Constellation a dépensé 300 millions de dollars, soit quasiment le niveau de la transaction engagée avec Champ pour acheter ses propres actions en bourse et ainsi faire monter sa cotation. Ce qui est une autre façon de distribuer du cash à ses actionnaires. ” Brown Forman a également engagé un plan de rachat d’actions propres pour 250 millions de dollars. Autant d’argent qui ne sera pas investi dans l’outil de production…