Heurter la sensibilité des cépages
Pour diminuer le recours aux intrants, la voie génétique est également explorée dans la lutte contre la flavescence dorée et les maladies du bois. La sensibilité des différents cépages est notamment étudiée.
Pour diminuer le recours aux intrants, la voie génétique est également explorée dans la lutte contre la flavescence dorée et les maladies du bois. La sensibilité des différents cépages est notamment étudiée.
Pourquoi le sauvignon est-il si sensible aux maladies du bois, contrairement au merlot ? Pourquoi la syrah est-elle capable de supporter le phytoplasme de la flavescence dorée davantage que le grenache ? Serait-ce une aptitude inscrite dans leur code génétique ? Telles sont les questions qui animent la recherche et que plusieurs équipes tentent de résoudre. Dans le cadre d’un projet financé par le CIVB et la région Aquitaine, l’Inra de Bordeaux-ISVV s’est penché sur la sensibilité des principaux cépages à la flavescence dorée. Les chercheurs ont pu établir une gamme de sensibilité des cépages. Mais ils ont surtout fait le lien entre ce paramètre et la quantité de phytoplasmes dans la plante : plus un cépage est sensible, plus la bactérie est présente et plus elle a de chances de se propager. « Plusieurs éléments suggèrent l’existence d’un déterminisme génétique », relève Sylvie Malembic-Maher de l’Inra. À la faveur du Plan national dépérissement, un nouveau projet a donc été lancé en 2017, pour aller plus loin dans cette hypothèse. « Mais la précaution de travailler en confinement de quarantaine est contraignante, souligne la chercheuse. Nous sommes encore loin d’identifier les zones du génome concernées. » Il n’empêche, l’objectif à long terme est clair : offrir un pool de géniteurs moins sensibles au phytoplasme pour les programmes d’amélioration variétale.
Pas de résistance, mais des niveaux de tolérance différents aux maladies du bois
Du côté des maladies du bois également, plusieurs programmes abordent la thématique d’identification de sources de résistances naturelles. « Chez Vitis vinifera, il n’existe a priori pas de résistance totale, mais il y a différents niveaux de tolérance », informe Cédric Moisy, chercheur IFV à l’UMT Génovigne de Montpellier. Ce consortium entre l’IFV, l’Inra et SupAgro s’attache à identifier les zones du génome porteuses de ces tolérances et à trouver des marqueurs moléculaires associés. La caractérisation a déjà commencé sur une population de Vitis vinifera, et pourrait s’étendre vers d’autres espèces plus tard. Le projet Vitirama de Thierry Lacombe, à l’Inra de Montpellier, permettra en effet un criblage de la collection de Vassal dans l’Hérault, pour essayer de repérer des sensibilités différentes sur un panel plus important. « Caractériser ces ressources génétiques pourrait nous amener, à terme, à intégrer ces tolérances dans le processus de création variétale », ajoute le chercheur. Malheureusement, de telles variétés sont, là encore, imaginables sur un long terme, car nous ne sommes qu’au tout début du processus. La caractérisation prévoit d’être longue, et la création l’est également. « On peut faire le parallèle avec la résistance au mildiou, illustre Cédric Moisy. Cela fait des dizaines d’années que les recherches ont commencé et les premières variétés arrivent juste. Toutefois, les nouvelles technologies pourront nous faire gagner un peu de temps. » Et quand bien même ces variétés seraient-elles diffusées, elles n’apporteraient pas une solution unique, mais devraient toujours être couplées à des mesures prophylactiques permettant d’éviter les contournements.
voir plus loin
Si demain la maladie de Pierce, causée par Xyllela fastidiosa, arrivait dans nos vignobles, la génétique serait également une voie de lutte possible. Aux États-Unis, où la bactérie est présente depuis plusieurs décennies, les recherches sur des variétés résistantes à ce fléau vont bon train. Une équipe de l’UC Davis en Californie a découvert il y a quelques années un gène de résistance sur une espèce mexicaine, Vitis arizonica, et a commencé les hybridations. Andy Walker, chercheur à l’UC Davis, a déjà cinq variétés dans les cartons, pour lesquelles la résistance est totale et les qualités agronomiques et gustatives sont satisfaisantes. Un marqueur moléculaire a en outre été identifié, ce qui nous permettrait d’intégrer facilement ce critère dans de nouveaux programmes de création. Seul ombre au tableau, un unique gène est connu à ce jour, ce qui rend le pyramidage impossible et expose la vigne au risque de contournement.