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Groupes 30 000, la réduction des phytos à grande échelle

Le projet Groupes 30 000 du plan Ecophyto 2 a pour objectif d’accompagner 30 000 exploitations dans la réduction des produits phytosanitaires. État des lieux en viticulture trois ans après le lancement de ce programme.

Les viticulteurs engagés dans les groupes 30 000 se retrouvent pour échanger et se former dans le but de faire baisser leurs IFT. © Crana
Les viticulteurs engagés dans les groupes 30 000 se retrouvent pour échanger et se former dans le but de faire baisser leurs IFT.
© Crana

« Le principe des groupes 30 000, c’est de passer de l’expérimentation conduite dans le réseau Dephy à la vulgarisation de ces pratiques afin de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires au sein d’un plus grand nombre d’exploitations », explique Lucie Thibaudeau, de l’APCA. Pour le ministère de l’Agriculture, l’objectif affiché est de multiplier par 10 à l’horizon 2021 le nombre d’agriculteurs engagés dans des pratiques innovantes, économes en produits phytosanitaires et performantes, en passant de 3 000 fermes Dephy à 30 000 exploitations engagées dans une démarche de réduction des phytos.

En 2019, trois campagnes après le lancement des premiers appels à projets Groupes 30 000, ce sont environ 400 groupes, toutes filières confondues, soit un peu plus de 5 000 exploitations qui sont engagées dans ce dispositif. Selon le ministère de l’Agriculture, à ce chiffre il conviendrait d’ajouter les agriculteurs engagés dans des groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE) travaillant sur la thématique réduction des phytos, soit 4 600 exploitations en plus. Une convergence est d’ailleurs engagée entre ces deux dispositifs dont les objectifs sont proches.

Les viticulteurs mobilisés dans les différents bassins de production

Dans les bassins viticoles, dans la suite logique du réseau Dephy Ferme (560 viticulteurs engagés dans 49 groupes) mais aussi en écho aux attentes environnementales et sociétales, les exploitants se mobilisent pour mettre en œuvre des projets autour de pratiques pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires.

En Bourgogne-Franche-Comté ce sont ainsi 6 groupes 30 000 qui sont constitués ; en Occitanie, 21 groupes ; en Pays de Loire, 4 groupes ; en Auvergne Rhône-Alpes, 6 groupes et en Champagne 14 groupes. Mais c’est en Nouvelle-Aquitaine que la dynamique des Fermes 30 000 est la plus importante avec déjà 40 groupes 30 000 en viticulture soit près de 500 viticulteurs engagés. « Cet engouement pour les Fermes 30 000 est le résultat de l’implication de nombreux acteurs de la filière pour encadrer et soutenir les projets, les chambres d’agriculture bien évidemment mais aussi les coopératives et négoces ainsi que les syndicats viticoles », observe Carine Tagliamonte, responsable de l’équipe Ecophyto à la chambre régionale d’agriculture Nouvelle-Aquitaine. « Les viticulteurs engagés ont également développé des outils de communication tels que des groupes Facebook, WhatsApp pour échanger sur leurs pratiques, les animateurs organisent des réunions en saison, des formations au cours de l’hiver… autant de moyens susceptibles de provoquer de nouvelles vocations », ajoute-t-elle. Le contexte régional est par ailleurs très porteur avec le développement de la Certification environnementale à Cognac ou encore du SME (Système de management environnemental) à Bordeaux.

La coopérative Océalia en Charentes anime ainsi 15 groupes 30 000 en viticulture, soit 160 viticulteurs engagés. « Nous misons beaucoup sur la formation, explique Philippe Ballanger, directeur terrain de cette coopérative, la réussite de chaque projet passant par un bon niveau de connaissances. Chaque année, nous établissons un rapport de synthèse par groupe et des bilans individuels afin de partager les résultats ».

Les premiers retours sont encourageants

Les thématiques abordées sont souvent les mêmes que celles expérimentées dans les groupes Dephy Ferme : qualité de pulvérisation, pulvérisation confinée, réduction des doses de cuivre, implantation de couverts végétaux, intégration de solutions de biocontrôle, confusion sexuelle, qualité des sols, mise en œuvre de programmes sans CMR, suppression des herbicides… Les résultats des premiers groupes engagés (pour trois ans) sont attendus dans les mois à venir et devraient permettre de mesurer la réduction (attendue) des IFT mais aussi le niveau de rentabilité (marge brute, rendement) et l’impact social des pratiques mises en œuvre.

D’ores et déjà les premiers échos sont très encourageants et surtout, les viticulteurs prennent conscience que le changement est possible et moins risqué qu’ils ne le pensaient. Seul bémol, la faible reconnaissance des actions engagées. « Pour valoriser leurs efforts, certains vignerons envisagent une conversion en viticulture biologique », constate Jean-Baptiste Meyrignac, animateur du réseau Dephy et en charge de 2 groupes 30 000 au sein de la chambre d’agriculture de la Gironde, une preuve que l’accompagnement des exploitants agricoles doit être intensifié.

Témoignage : Gaétan Bodin, vigneron en Charentes engagé dans un groupe 30 000

La force des échanges

Cela fait deux ans que je fais partie d’un groupe 30 000 encadré par un conseiller de la coopérative Océalia. Nous sommes 25 viticulteurs dans ce groupe et nous travaillons ensemble pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires, intégrer des biocontrôles, implanter des couverts végétaux… Le conseiller nous donne des clés pour progresser et nous nous réunissons une matinée toutes les 2 à 3 semaines pour échanger sur l’évolution de nos pratiques. Ces échanges avec les autres membres du groupe permettent de mesurer notamment la prise de risque et de constater que la mise en œuvre de pratiques agroécologiques est possible. Depuis deux ans, j’ai ainsi intégré des biocontrôles dans mes programmes de protection et pour entretenir mes vignes, j’utilise désormais un intercep. Au final, mon IFT a déjà baissé de 3 à 4 points.

mode d’emploi

Comment constituer un groupe 30 000 ?

Les groupes 30 000 sont composés de trois à une vingtaine d’exploitants. Nouvellement constitués ou déjà existants, ils s’appuient sur une structure d’accompagnement (chambre d’agriculture, organisme de développement agricole, coopérative ou négoce, syndicat viticole…) pour présenter un projet visant à réduire les produits phytosanitaires en mettant en œuvre des pratiques agroécologiques.

Comment est financé un groupe 30 000 ?

Des projets sont ainsi présentés chaque année dans le cadre d’un appel à projets groupes 30 000. Un budget (de 5 000 à 30 000 euros selon les dossiers) est octroyé pour les projets retenus afin de financer l’animation par un conseiller. Ce sont les agences de l’eau dans les différents bassins qui financent ces groupes à hauteur de 50 à 70 % selon les bassins. L’appartenance à un groupe permet par ailleurs aux exploitants de bénéficier, selon les régions, de bonus ou de priorisation des aides individuelles (aide aux investissements, mesures agroenvironnementales).

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