Enroulement de la vigne, une virose avec des conséquences graves sur la récolte
L’enroulement est en extension en France, notamment à cause de la progression des cochenilles vectrices du virus. Il entraîne des pertes qualitatives et quantitatives.
L’enroulement est en extension en France, notamment à cause de la progression des cochenilles vectrices du virus. Il entraîne des pertes qualitatives et quantitatives.
« L’enroulement de la vigne n’est pas une maladie mortelle, mais comme toutes les autres viroses, c’est un mal incurable. Tout pied de vigne affecté le restera durant toute sa vie sans espoir de rémission », pose Étienne Herrbach, chercheur à l’Inrae de Colmar. Cette virose est largement présente dans les différentes zones de production dans le monde du fait de sa dissémination par le matériel végétal. En France, la recrudescence de vecteurs (les cochenilles) provoque une extension de la maladie dans des vignobles comme la Bourgogne, le Beaujolais, la Champagne ou encore l’Alsace. « Une recrudescence à relier aux évolutions climatiques, mais également à un moindre recours aux insecticides pour gérer les ravageurs », observe le chercheur.
Si l’enroulement n’est pas létal, il diminue la fertilité et la vigueur de la vigne et donc le rendement, qui s’étiole au fil des années d’infection. Des retards de maturation allant de deux à trois semaines sont également observés avec des teneurs en acides plus élevées, une baisse du degré alcoolique et de la concentration en composés polyphénoliques.
Utiliser des plants sains certifiés, surveiller les parcelles, dépister les cochenilles et les virus
Dans la mesure où l’enroulement est une maladie incurable, la première mesure à mettre en œuvre est d’utiliser des plants sains certifiés qui sont indemnes de virus. En ce qui concerne les parcelles nouvellement plantées, le matériel végétal s’il n’est pas certifié, peut en effet être porteur de virus et être à l’origine des premières contaminations. C’est le cas en particulier pour les porte-greffes, sensibles aux virus mais asymptomatiques. « Pour les vignerons qui font de la sélection massale il est indispensable de s’assurer par des tests de dépistage, de type test Elisa sur des feuilles adultes ou des bois dormants, que le matériel végétal est indemne de virus », souligne Étienne Herrbach.
Par ailleurs, la surveillance du vignoble est très importante pour détecter de possibles pieds infectés, surtout si des cochenilles sont présentes et susceptibles de transmettre et disséminer les virus de l’enroulement. Deux espèces dites farineuses (Heliococcus bohemicus et Phenococcus aceris) et deux espèces à coque (Parthenolecanium corni et Pulvinaria vitis) sont vectrices des virus 1 et 3. En cas de forte pullulation, il peut être envisagé un traitement qui cible les larves avec une spécialité à base de pyriproxyfène. « Il est surtout indispensable de veiller à préserver la biodiversité et tout le cortège d’auxiliaires prédateurs qui participent à la régulation naturelle des populations de cochenilles comme les chrysopes, punaises ou guêpes », précise Sébastien Carré, conseiller viticole à la chambre d'agriculture de l'Aube. L’arrachage et la destruction des ceps confirmés infectés sont nécessaires mais ne suffisent pas, car certains pieds sont porteurs de virus mais asymptomatiques.
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Six virus pour une seule et même maladie
Sur cépages blancs, un jaunissement diffus plus difficile à diagnostiquer apparaît progressivement sur les feuilles. Il est parfois confondu avec des décolorations dues à des carences ou des phytoplasmes.
L’enroulement de la vigne est associé à six virus filamenteux qui appartiennent à la famille des Closteroviridae, dont trois espèces sont trouvées en France : GLRaV-1, GLRaV-2 et GLRaV-3. Sous nos latitudes, l’enroulement de type 2 provoque des symptômes plus légers que les types 1 et 3. « L’enroulement de l’espèce 1 est surtout observé en Bourgogne, Alsace et Champagne alors que l’espèce 3 est plus inféodée aux vignobles méridionaux », remarque Étienne Herrbach. Ces deux espèces sont éliminées lors de la certification sanitaire mais peuvent être transmises par des vecteurs comme les cochenilles, alors que l’enroulement de type 2 n’est pas éliminé lors de la certification sanitaire.