question de vigneron
Élevage du vin : comment limiter le développement de « Brettanomyces » sur barriques neuves ?
Même avec des barriques neuves, la vigilance vis-à-vis du risque bretts reste indispensable. Hygiène et prévention sont les clés.

Éric Pilatte, œnologue conseil en Bourgogne
« Tout se joue sur la maîtrise de l’inoculum de départ »

Cela fait quinze ans que je porte ce dossier chez mes clients. Et ceux qui ont le moins de problèmes choisissent d’adopter un vrai plan de bataille. On traite les moûts, on levure, on ensemence en bactéries. Dès que les vins sont finis, on sulfite et depuis qu’il est sur le marché, on utilise le chitosane. On déguste ensuite régulièrement le vin, on contrôle son niveau de SO2 actif et on surveille la température des caves qui ne devrait pas dépasser 15 °C. Au moindre doute, on remet du chitosane. Puis on soigne la préparation de la mise avec, si besoin, le recours à la filtration tangentielle. Cette stratégie globale est la seule manière de se prémunir contre ce problème, sans quoi on passe son temps à tenter de rattraper les dégâts et on perd en qualité. »
Pascal Poupault, ingénieur expert en œnologie à l’IFV pôle Val de Loire
« Utiliser des barriques neuves demande aussi de la vigilance »

Selon la matrice du vin, les bretts peuvent se développer et produire des quantités plus ou moins importantes de phénols volatils. En outre, l’arrivée d’oxygène qui passe un peu plus facilement à travers le bois des barriques neuves qu’à travers celui des barriques de plusieurs vins est un facteur favorable au développement de bretts, notamment parce que la présence d’oxygène qui combine le SO2 et diminue le SO2 actif est favorable aux bretts. »
Éric Boissenot, œnologue conseil en Gironde
« Le risque de développement de bretts sur barrique neuve est indirect »

Si l’analyse révèle de faibles populations, on peut choisir de ne pas traiter avec le risque d’un développement ultérieur. Un suivi analytique rigoureux est alors indispensable. Il est important de comprendre que l’échantillonnage n’est pas toujours représentatif de la présence ou de l’absence de levures. Pendant l’élevage, on conseille d’établir un contrôle mensuel des quantités de phénols volatils, du SO2 actif et des populations levuriennes. Attention à ne pas oublier de contrôler le vin utilisé lors des ouillages et à réaliser soigneusement les soutirages car même s’ils permettent d’éliminer des bretts présentes dans les lies, ils sont aussi une porte d’entrée d’oxygène. Pendant l’élevage, même si ce n’est pas spécifique aux barriques neuves, le maintien du chai à une température faible, environ 15 °C, limite le développement de bretts. »