Élections européennes : les sujets viticoles divisent
Quelle est la position des principaux partis politiques sur les thèmes vitivinicoles ? Des débats entre candidats ont permis d’y voir plus clair lors du congrès de la Cnaoc fin avril.
Lors du congrès de la Cnaoc (Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie en AOC), des représentants des principales listes aux élections européennes ont débattu de sujets viticoles. Globalement, quelle que soit la thématique, les lignes directrices habituelles des partis sont ressorties assez nettement. Ainsi, Les Républicains (LR) plaident en faveur du libéralisme et de la simplification (moins de normes), Renaissance mise sur le pragmatisme, quand le Parti socialiste (PS) et surtout le Parti communiste français (PCF) tendent à davantage de protectionnisme. Le Rassemblement national (RN) est dans une approche populiste et les Écologistes voient la politique par le prisme de l’environnement.
Assurer la souveraineté alimentaire européenne
Les positions sur la question de la réduction des phytos ont logiquement reflété ces divergences. D’un côté, les représentants des listes Renaissance, Les Républicains et Rassemblement national ont rappelé la participation de leurs formations respectives au retrait du texte SUR(1). « Le règlement SUR a été rejeté grâce à mon mouvement », a ainsi rapporté Irène Tolleret, eurodéputée Renaissance. « Le RN s’est opposé à Farm to fork, a également martelé Grégoire de Fournas, député du Rassemblement national. Une réduction des pesticides de 50 % équivaut à une baisse des rendements de 28 %. Nous sommes contre cette vision de décroissance, contre le pacte vert, contre le règlement SUR. Il faut sortir de l’écologie punitive. » De son côté, Anne Sander, eurodéputée Les Républicains, a pointé l’absence de vision économique de la Commission sur ce texte. « La Commission a juste considéré l’environnement. Le Parti populaire européen a voté contre car nous l’avons jugé nocif pour l’agriculture. Il revenait à ne plus produire. Nous plaidons pour que le texte ait une ambition économique et assure la souveraineté alimentaire européenne. »
Oui pour verdir, mais avec de l’argent
À l’inverse, les autres partis présents (Parti socialiste, Parti communiste français, les Écologistes) ont estimé que le verdissement était une bonne chose, tout en concédant que le budget dédié n’était pas au rendez-vous. Amar Bellal, pour le PCF, a ainsi estimé qu’il ne fallait pas repousser l’environnement car le changement climatique est bel et bien là. « Nous sommes en accord avec les objectifs du Green deal mais il y a besoin d’argent, a-t-il accordé. Or il n’y a pas les moyens en face. Il y a besoin de filets de sécurité. Il faut reconstruire un plan efficace de sortie des pesticides avec des acomptes sur les coûts. » Christophe Clergeau, député européen du PS, a pour sa part fustigé le fonctionnement de la Commission. « Il faut qu’elle arrête de préparer la nouvelle PAC dans son coin. Il faut se mettre autour d’une table pour redéfinir les objectifs, le rythme, le coût et définir qui paye. » Les Écologistes, présents via une vidéo préenregistrée, ont argué que l’Europe était la bonne dimension pour traiter du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité. « La PAC peut être un soutien à l’élévation environnementale, mais les rendements et la rémunération doivent être suffisants, ce qui nécessite un accompagnement », a indiqué Claude Gruffat, eurodéputé écologiste.
La consommation responsable, un bon équilibre
Sur la question de l’hygiénisme, tous les politiques présents ont jugé que la consommation responsable prônée par la filière est un bon équilibre. « Il faut une vision raisonnée avec une consommation fidèle à notre histoire et à notre culture », a par exemple expliqué Christophe Clergeau. « La consommation raisonnée fait partie des traditions européennes que l’on veut garder, a renchéri Anne Sander. Il faut faire confiance aux consommateurs. » Même point de vue pour la députée Renaissance, qui s’est positionnée en faveur du vin « produit culturel » ou encore pour Grégoire de Fournas, opposé à l’hygiénisme et à une hausse de la fiscalité.
Enfin, les NBT (New breeding techniques) ont été rapidement évoquées. Christophe Clergeau a estimé qu’il s’agissait d’une fuite en avant et qu’il fallait se préoccuper des conséquences de ces technologies alors qu’Anne Sander considère qu’il s’agit d’un outil de plus dans une boîte à outils plus globale.