Davantage d’options pour la vinification bio
Entre les six nouveaux intrants validés en octobre dernier et ceux actuellement en discussion, le règlement européen pourrait bientôt s’étoffer. Le point sur les demandes en passe d’être formulées et celles qui n’aboutiront pas.
Entre les six nouveaux intrants validés en octobre dernier et ceux actuellement en discussion, le règlement européen pourrait bientôt s’étoffer. Le point sur les demandes en passe d’être formulées et celles qui n’aboutiront pas.
Six nouveaux intrants ont rejoint le banc des admis dans le cahier des charges de la vinification bio. Il s’agit du très attendu chitosane dérivé d’Aspergillus niger, des autolysats et Levures sèches inactivées (LSI) dont l’usage est réservé à la nutrition des levures de fermentation alcoolique. La protéine de pomme de terre (ou patatine), les extraits protéiques levuriens et les mannoprotéines de levures font également partis des candidats retenus. Une mise à jour tout de même attendue depuis près de quatre ans. Stéphane Becquet, représentant les Vignerons bio de Nouvelle-Aquitaine (VBNA) et l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) ainsi que Philippe Cottereau, chercheur à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), ont profité du dernier Vinitech pour présenter les demandes d’autorisation de pratiques en passe d’être formulées. Certaines sont d’ores et déjà en discussion avec l’Egtop (Expert group for technical advice on organic production) dont l‘avis est indispensable à la validation au niveau européen.
Lancer le débat sur le glutathion
« Le traitement des moûts à l’aide de levures inactivées à teneur garantie en glutathion devrait passer dans le prochain wagon des négociations », déclare Philippe Cottereau lors d’une conférence. Initier le débat sur le glutathion avec l’Egtop à travers une source d’origine organique pourrait permettre de faire valider le produit pur, dont le rôle antioxydant est avéré. Également dans les petits papiers, l’oxygénation et la désoxygénation des vins à l’aide de contacteurs membranaires. "L’Egtop a émis un avis défavorable sur la gestion du CO2, N2 et de l’Argon via cette technique, mais on peut encore soumettre une demande concernant l’O2", analyse le chercheur de l’IFV. À court terme, des propositions relatives au polyaspartate de potassium pour la clarification des vins et aux plaques filtrantes contenant des zéolithes sélectives pour adsorber les chloroanisoles pourraient se concrétiser. L’Egtop n’a par ailleurs pas encore émis d’opinion sur les fibres végétales incorporables aux terres et plaques de filtration, et dont le pouvoir d’adsorption favorise l’élimination de l’ochratoxine A et les résidus phytosanitaires.
Du règlement vin au cahier des charges bio sans délais
Trois grands sujets ont fait l’objet de nombreux débats dans un premier temps à l’OIV puis au sein de l’Egtop. Si les modalités les concernant sont acceptées dans la réglementation vin, elles pourraient immédiatement être validées dans le cahier des charges bio. Il s’agit de l’augmentation des limites fixées pour l’acidification des moûts, en lien avec les problématiques de réchauffement climatique. Une demande a été faite pour les faire évoluer de 4 à 5 g/l maximum. Idem pour les doses de gomme de cellulose autorisées, qui pourraient passer de 100 mg/l à 200 mg/L. Enfin, les experts travaillant sur la gomme arabique semblent pour l’heure ne pas avoir su s’accorder sur un passage de 0,3 à 0,8 g/L. Plusieurs intrants et pratiques œnologiques ont par ailleurs essuyé un avis défavorable de l’Egtop, lesquels ne rentreront probablement jamais dans la réglementation bio. Il s’agit de la chitine-glucane, du traitement des moûts par éléctrodialyse, de la nanofiltration, des dérivés de PVPP (Polyvinylpolypyrrolidone), du chlorure d’argent et du complexe kaolin argent. Pour l’heure, les récentes autorisations et celles en discussion offrent aux vignerons de nouveaux outils alors que la demande en vins bio continue de croître.