Orages de grêle : faut-il tailler et traiter les vignes après un épisode de grêle au vignoble ?
Retailler la vigne après un épisode d’orages de grêle, même précoce, n’est pas toujours nécessaire et la tendance est à laisser faire la végétation. Cependant, la protéger contre les maladies est important.
Retailler la vigne après un épisode d’orages de grêle, même précoce, n’est pas toujours nécessaire et la tendance est à laisser faire la végétation. Cependant, la protéger contre les maladies est important.
- Faut-il tailler la vigne en cas d’orages de grêle ?
- Comment retailler les vignes en gobelet et en Guyot ?
- Pourquoi traiter la vigne après des orages de grêle ?
Chaque année, des vignobles sont touchés par la grêle et, avec le changement climatique, ces épisodes pourraient devenir encore plus fréquents. La priorité après un orage de grêle est d’évaluer les dégâts dans le vignoble. « Il faut noter les impacts sur le bois, pour voir les conséquences sur la taille et la récolte de l’année suivante et s’il faut retailler », souligne Thierry Dufourcq, de l’IFV Occitanie.
« La vigne a en général une grande capacité de résilience grâce aux réserves énergétiques stockées dans le bois à l’automne, estime Marceau Bourdarias, consultant. Il faut savoir dans quel état de vigueur elle se trouve pour décider des interventions, en tenant compte de ses capacités humaines et financières. »
Faut-il tailler la vigne en cas d’orages de grêle ?
Le choix de retailler la vigne dépend d’abord de la date de l’orage de grêle. En zone méridionale, si la grêle intervient après mi-juin, mieux vaut laisser la vigne en état. « Le développement des entrecœurs permettra, plus ou moins, de reconstituer une végétation », indique Thierry Dufourcq.
Sur les jeunes vignes ou les ceps faibles aux réserves limitées, il faut soulager la souche en faisant tomber les grappes. Sur vignes adultes, pour ne pas épuiser les réserves, il est conseillé d’éliminer les grappes atteintes.
Retailler éventuellement les vignes si l’orage de grêle arrive avant la mi-juin
Si l'orage de grêle intervient avant mi-juin, retailler peut s’envisager. « Il faut regarder comment évolue la végétation et s’il reste du bois intéressant pour la taille et la récolte de l’année suivante », précise Thierry Dufourcq.
Si les rameaux herbacés ne sont ni éclatés ni pelés et qu’il reste des inflorescences intactes, il est inutile de retailler, le développement des entrecœurs assurera le renouvellement de la végétation.
Si tous les fruits sont détruits et les rameaux éclatés et pelés jusqu’à la base, la retaille de la vigne peut s’envisager. « Les bourgeons vont repartir de la base et les ceps auront le temps de refaire du bois qui pourra s’aoûter », explique l’ingénieur. L’objectif est de favoriser la repousse de sarments pouvant servir pour la prochaine taille et d’éviter les développements buissonnants sur l’ensemble des parties blessées. Le Comité interprofessionnel des vins de Champagne considère en revanche qu’en situation septentrionale il n’est pas utile de retailler. Les repousses ne seraient pas exploitables pour la taille suivante.
« Et même en zone méridionale, il est souvent possible de laisser faire la végétation, estime Thierry Dufourcq. Retailler prend beaucoup de temps. Et les expériences montrent qu’il y a en général peu de différence de rendement l’année suivante entre une vigne retaillée et une autre qui ne l’a pas été. Pour les vignes conduites en cordon de Royat, ce n’est généralement pas nécessaire. La question se pose surtout pour les vignes en Guyot, sur lesquelles les bois impactés par la grêle vont se nécroser et où il pourra être difficile de trouver la bonne baguette. »
Comment retailler les vignes en gobelet et en Guyot ?
Dans le cas de la taille des vignes en cordon ou en gobelet
Sur les vignes en cordon ou en gobelet, si on choisit de retailler, l’opération se résume à sectionner les rameaux à un demi-centimètre du bois du courson.
Dans le cas de la taille des vignes en Guyot
Sur les vignes en Guyot, si la main-d’œuvre est disponible, il faut rabattre les longs bois en laissant deux à trois bourgeons à leur base. Les bourgeons verts, mais pelés par la grêle, sont rabattus à un demi-centimètre.
« Une autre option, pour ne pas y passer trop de temps, est de laisser la végétation se refaire et de passer en cordon de Royat pour une année, pour laisser le temps à la vigne de régénérer du bois et repartir l’année suivante en Guyot », note Thierry Dufourcq.
Pourquoi traiter la vigne après des orages de grêle ?
Des fongicides pour protéger contre le rot-blanc
Dans tous les cas s’il y a eu un orage de grêle, une protection contre les maladies opportunistes est indispensable, essentiellement contre le rot-blanc, champignon parasite présent sur le sol, dont les spores peuvent être projetées par les éclaboussures de la grêle sur des blessures de raisins. L’intervention doit se faire rapidement, idéalement dans les 12 heures après l’orage de grêle, le traitement de la vigne au-delà de 20 heures n’ayant plus d’effet sur le parasite.
Un fongicide de contact, folpel ou captane, par exemple, est conseillé, en commençant par les vignes peu atteintes. « Mais les essais montrent qu’aucun traitement n’a de véritable pouvoir cicatrisant, insiste Thierry Dufourcq. Le cuivre, qui va freiner la croissance des rameaux, est notamment à éviter. »
Protéger aussi les vignes contre le mildiou et l’oïdium
Les vignes grêlées précocement nécessitent aussi une surveillance accrue contre le mildiou et l’oïdium, les jeunes pousses souvent vigoureuses qui se développent en période de forte pression des maladies étant très sensibles. « La plante dépense beaucoup d’énergie pour reconstruire l’étanchéité du système vasculaire avant de repartir en croissance et est fragilisée, note Marceau Bourdarias. Et à chaque fois qu’on intervient, on augmente sa sensibilité. »
Aucune fertilisation azotée n’est en revanche nécessaire, car l’azote apporté ne sera pas disponible au redémarrage des yeux et pourra accentuer les risques de casse et de botrytis. Pour la même raison, il est conseillé de surveiller le développement de la végétation et de palisser soigneusement.
La valériane, remède biodynamique à appliquer après un orage de grêle
Selon BioDynamie Services, la pulvérisation de valériane (préparation 507) immédiatement après un orage de grêle permet aux plantes de se revitaliser, de cicatriser rapidement et évite les blocages végétatifs liés au stress dû aux chocs et au froid. Quelques gouttes de teinture mère d’arnica peuvent aussi diminuer le stress. La pulvérisation se fait avec des pulvérisateurs ou atomiseurs à dos, pour passer même sur un sol détrempé, avec des buses réglées pour un jet intermédiaire entre grosses gouttes et brouillard.
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Après l’urgence, d’autres préparations (tisanes de consoude, achillée millefeuille, calendula, lavande, ortie, émulsion de propolis, calendula en teinture mère) peuvent aider la plante à cicatriser et à se remettre. Une pulvérisation de préparation 501 une à deux semaines après la grêle, puis éventuellement encore une fois une à deux semaines après, peut aussi aider la plante à se restructurer. Un poudrage à l’argile ou au lithothamne ou le mélange des deux peut également avoir un effet cicatrisant et séchant.