question de vigneron
Comment maîtriser le degré alcoolique des vins dans le contexte du changement climatique ?
Si la réponse à cette question peut être corrective, elle se gère surtout en préventif dès la récolte et aussi en amont, au vignoble.
![Préparation des vendanges en Champagne. Controle et mesure du degre alcoolique a partir d echantillons de raisin recoltes dans les vignes avant les vendanges.](https://medias.reussir.fr/vigne/styles/normal_size/azblob/2024-05/_rvi318_prod_oeno_question_degre_alcool_climat_web.jpg.webp?itok=hP8xaK3p)
« Redonner de l’importance à la maturité technologique »
![Jean-François Ranvier, œnologue et cogérant du négoce Dauvergne & Ranvier, dans le Gard](https://medias.reussir.fr/vigne/styles/normal_size/azblob/2024-05/_rvi318_prod_oeno_question_degre_alcool_climat_ranvier.jpg.webp?itok=mvhNruOK)
Dans la limite des autorisations du décret d’appellation, nous préconisons des assemblages de cépages dès l’encuvage. Une syrah récoltée à moins de 14 % vol. apporte des tannins soyeux, des arômes complexes et sa couleur qui compense celle un peu juste d’un grenache récolté au même degré et qui aurait atteint sa maturité de couleur à plus de 15 % vol. Et le jus du grenache optimise le potentiel des pellicules de syrah dont les baies sont souvent plus petites du fait de la chaleur et de la sécheresse.
Sur le long terme, d’autres cépages traditionnels moins alcooleux que le grenache comme le carignan, le cinsault, la counoise et la clairette pourraient reprendre un peu plus de place dans les encépagements. Nous conseillons aussi à nos vignerons partenaires de soigner la gestion de la matière organique des sols pour favoriser l’équilibre de la vigne et sa bonne alimentation pour la rendre plus résistante aux coups de chaud et éviter les phénomènes de blocages de maturité. »
« Des essais de désalcoolisation en cours de FA, voire de mouillage »
![Alain Samson, ingénieur d'étude à l'Inrae de Pech rouge, dans l'Aude](https://medias.reussir.fr/vigne/styles/normal_size/azblob/2024-05/_rvi318_prod_oeno_question_degre_alcool_climat_samson.jpg.webp?itok=yt7kxxBA)
La piste des variétés à faible degré est une voie de sélection travaillée par l’Inrae. La capacité de ces variétés à accumuler moins de sucres à maturité provient de rétrocroisements réalisés avec des variétés de raisins de table, moins riches en sucre que les raisins de cuve. Les trois premières variétés, une rouge et deux blanches, issues de ces programmes, actuellement en VATE (1), seront présentées à la commission technique d’inscription au catalogue en 2025. »
« L’adaptation se joue d’abord au vignoble »
![David Pernet, cogérant de Sovivins, en Gironde](https://medias.reussir.fr/vigne/styles/normal_size/azblob/2024-05/_rvi318_prod_oeno_question_degre_alcool_climat_pernet.jpg.webp?itok=G3FYrQrA)
En cours de saison sur les millésimes chauds et précoces, qui sont les plus sensibles à ces phénomènes, on agit au rognage en recherchant des rapports feuille/fruit modérés, avec un rapport surface foliaire exposée/quantité de récolte plus proche de 1,5 que de 2 m2/kg, pour limiter le chargement en sucre des parcelles à risque. En amont, la gestion agronomique de chaque parcelle pour assurer un niveau de fertilité des sols et donc des rendements suffisants est l’un des outils les plus efficaces sur le long terme pour obtenir des effets de modération de la concentration en sucres. L’enjeu est de rechercher un bon équilibre de la vigne avec une stratégie qui s’ajuste aux contraintes de chaque millésime. L’adaptation à moyen terme intègre également la restructuration du vignoble par le choix de cépages plus tardifs capables d’atteindre des niveaux de maturité phénolique aboutis sans afficher des degrés trop élevés. »