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Cap sur le développement durable chez Buzet

La coopérative lot-et-garonnaise des Vignerons de Buzet planche sur la thématique du développement durable depuis 2007. Focus.

« Nous sommes impliqués dans le développement durable depuis plus de dix ans, débute Carine Magot, responsable du service vigne des Vignerons de Buzet, à Buzet-sur-Baïse dans le Lot-et-Garonne. Cela guide toutes nos recherches. La première mesure que nous avons inscrite dans le cahier des charges date de 2007 ; il s’agissait d’interdire les engrais chimiques. » Depuis, les viticulteurs ont arrêté les CMR (cancérigène, mutagène, reprotoxique), les antibotrytis, le broyage de l'enherbement, les herbicides résiduaires, le folpel.

Et la cave ne rencontre plus aucun souci pour les emmener sur son sillage. « Les viticulteurs ont confiance en nous, se réjouit la responsable. Ils voient les retombées positives de tous ces efforts, notamment sur leurs revenus. » Et surtout, avant d’imposer une quelconque mesure, la coopérative la teste sur son domaine expérimental de Gueyze. Elle fournit ensuite tous les résultats, étude technico-économique à l’appui, à tous les viticulteurs.

La durée d’expérimentation varie selon les sujets. Mais que ce soit l’arrêt des produits CMR, la fin des herbicides résiduaires et ou encore l’ajout d’effaroucheurs (une barre avec des chaînettes) à l’avant du tracteur ; tout a été préalablement mis en place par l’équipe technique de la cave. « Et nous sommes vraiment vigilants sur les trois aspects du développement durable qui sont l’environnement, mais aussi l’économie et le social, insiste Carine Magot. Nous ne leur conseillons des actions que si elles sont viables sur ces trois plans. C’est aussi pour cette raison que nous ne poussons pas tout le monde vers le bio. »

L’équipe poursuit donc ses expérimentations sur cette lancée. Au vignoble, le but est d’arriver à avoir une vigne résistante aux bio-agresseurs, autofertile, et sans intrants. Et pour cela, toutes les pistes sont explorées. À commencer par la robotisation et la viticulture de précision, avec mesure du NDVI, récolte en fonction de la maturité, etc. « Nous avons également fait partie du projet Vinerobot, qui visait à mettre au point un robot autonome de mesure de la qualité du raisin », décrit la responsable. Le projet VineScout en a pris la suite, mais la cave n'est cette fois pas partie prenante.

Les engrais verts conservent l’humidité du sol

Parallèlement à cela, les Vignerons de Buzet planchent sur l’entretien du sol et testent les engrais verts dans l’interrang. « Nous travaillons sur la thématique, afin de limiter l’érosion et d’améliorer la structure des sols », indique Carine Magot. Les expérimentations vont bon train. Les techniciens sèment de l’orge, de la féverole, de la vesce et du triticale un rang sur deux, et le roulent au rolofaca. Avec succès. « Le paillis conserve l’humidité du sol, et permet de limiter voire d’éviter les blocages de maturation », se félicite-t-elle. Elle suit en effet l’évolution de l’humidité dans le rang semé en engrais vert et dans un travaillé mécaniquement, par le biais de sondes hydriques. Elle a ainsi constaté un maintien de l’humidité jusqu’à 70 cm de profondeur, et une baisse de la température grâce aux végétaux. En revanche, « nous avons beaucoup de retours négatifs sur la hauteur de l’herbe dans nos vignes, que ce soit de la part de touristes ou de consommateurs, relate-t-elle. Nous devons donc faire beaucoup de communication et de pédagogie autour de ce sujet. »

L’entretien du cavaillon est une autre préoccupation. Le domaine de Gueyze cherche à le recouvrir avec une plante couvrante mais rase. « Nous avons laissé tomber la piloselle car il faut la planter pied à pied, ce n’est pas viable économiquement », indique Carine Magot. En 2017, l’équipe s’est donc rabattue sur du trèfle souterrain. « Mais il n’est pas sorti, regrette-t-elle. Nous allons donc réitérer l’essai cette année. »

La responsable compte également tester la couverture du cavaillon par du broyat d’herbe, avec le broyeur Kuhn. Elle va aussi essayer de laisser les engrais verts de l’interrang gagner le cavaillon, et tester des interceps. « Nous n’avons pas la solution, poursuit-elle. Nous avons déjà essayé le désherbage électrique (pose de fils au sol), mais sans succès. Nous expérimenterons peut-être aussi le thermique. »

Entre biocontrôle, UV et pulvérisation différenciée

Parallèlement à cela, la diminution des doses de phytos mobilise la cave. Il y a quelques années, elle a testé l’emploi d’algues, dans le cadre d’un projet européen, mais avec des résultats décevants. À présent, elle expérimente les ondes sonores avec l’installation de diffuseurs Genodics. Ces derniers sont utilisés pour lutter contre l’esca. « Nous avons déjà fait trois campagnes complètes, et nous sommes satisfaits. En 2017, nous avons eu une explosion de la maladie sur les parcelles non-couvertes, alors que sur les Genodics, nous n’avons eu que 1,8 % de mortalité », résume-t-elle. En 2017, le domaine a également essayé la technique contre le mildiou, mais sans pouvoir conclure sur son efficacité. Après les ondes sonores, le domaine de Gueyze va passer aux ondes lumineuses, en testant l’UVBoosting cette année. Cet appareil, qui émet des ultraviolets, est censé stimuler la vigne et donc diminuer le nombre de traitements.

De même, après de nombreux retards dus à des problèmes de fournisseurs, le projet Oiseau (optimisation de l’épandage automatisé) devrait arriver en phase d’expérimentation terrain cette année. Il consiste à moduler automatiquement les doses de phytos et d’engrais en fonction du NDVI (et donc de la vigueur) de la vigne. De même, pour la troisième campagne consécutive, les Vignerons de Buzet vont conduire un programme d’alternatives aux phytos, basé sur des tisanes de plantes et du biocontrôle. « Il a très bien fonctionné les deux dernières années, plante Carine Magot. Nous avons obtenu une grosse diminution de l’IFT. Mais cela coûte très cher. »

Bien choisir sa chauve-souris

La biodiversité fait aussi partie des axes de travail. Le domaine de Gueyze est en confusion sexuelle et a installé de nombreux nichoirs à chauve-souris, pour favoriser l’installation des prédateurs de vers de la grappe. « Mais il ne faut pas mettre n’importe lequel, précise-t-elle. Les chauves-souris dont le vol concorde avec celui des vers de la grappe sont les arboricoles. Nous testons donc un nichoir en béton de bois pour les accueillir. » D’autres nichoirs à chouettes, à chevêche d’Athéna, ou à faucon crécerelle sont disposés un peu partout sur la parcelle afin de limiter la pression des insectes. De même, 1 500 m de haies ont été plantés depuis 2014.

Par ailleurs, les Vignerons de Buzet ont passé un partenariat avec un apiculteur, qui a disposé quatre ruches sur le domaine de Gueyze. Ces dernières, installées sur des balances, permettent d’évaluer l’impact des pratiques viticoles (choix des produits, période de traitement, présence de couverts végétaux, etc.) sur les abeilles. « Au départ, nous avons constaté un manque de ressources pollinisatrices en automne, ce qui fait qu’à présent, nous semons une jachère mellifère automnale dans nos tournières, rapporte Carine Magot. Mais à part cela, nos pratiques n’ont aucun impact sur la vie des abeilles ; seule la météo en a un. » L'implication de la cave en faveur du développement durable porte donc ses fruits.

Vers un vignoble « new age »

Une vigne durable et adaptée au changement climatique ; tel sera le vignoble de demain. Les Vignerons de Buzet comptent se lancer dès à présent dans la création d’un tel vignoble. « Nous envisageons de planter des variétés résistantes, et de conduire les vignes plus hautes », révèle Carine Magot. De même, différents modes de taille (haie, rase, en têtard sur cordon) pourraient être expérimentés.

Repères

Les vignerons de Buzet

Cave coopérative créée en 1953

Nombre de salariés 95 personnes

Nombre d’hectares en propre 130 ha

Nombre d’hectares au total 1 870 ha (188 viticulteurs)

Chiffre d’affaires 30 millions d’euros

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