GIRONDE
Bordeaux entre contestation et action
La création d’un nouveau collectif contestataire révèle les difficultés
auxquelles le vignoble est confronté. Des solutions commencent à se mettre en place, notamment grâce au plan Bordeaux.
à mettre en œuvre le plan bordeaux
avec de multiples projets.
Le Comité d’action des vignerons de Bordeaux (CAVB), dont le nom n’est pas sans rappeler la lutte viticole du Midi, vient de voir le jour. C’est le troisième du genre à fleurir en Gironde après la création du Collectif 33 présidé par Renaud Jean et le Collectif inter-appellations présidé par Daniel Fénelon. Un point commun à ces trois collectifs dont la représentativité est assez floue: tous pensent que le plan Bordeaux, lancé il y a peu par l’interprofession, ne changera rien à la situation économique. Ce à quoi, Roland Ferredj, directeur du Comité interprofessionnel des vins de bordeaux (CIVB) répond : “ Le plan bordeaux représente un an de travail et la mobilisation de nombreux acteurs comme la chambre d’agriculture de Gironde, les JA, la FNSEA… Il résulte d’un travail approfondi et l’audition de centaine d’acteurs. Ses effets seront sentis dans le temps. L’année 2009 a été marquée par un retrait de commercialisation de 1,2million d’hl. C’est un véritable accident industriel, le vignoble a été étrillé par la crise. Il a besoin de solidarité, or celleci s’est exprimée au niveau national à l’égard des secteurs bancaire et automobile. Le secteur viticole n’a pas bénéficié de ce soutien ”. L’expression de la contestation est donc, selon lui, celle du désarroi des producteurs. “ Les revendications autonomes s’expriment. À la sortie nous dialoguons, y compris avec ces collectifs. ”
Les CVO contestées
Une majorité de vignerons qui ont rejoint le CAVB, appartenait auparavant au collectif inter-appellations. Le CABV, qui se veut apolitique, s’est constitué sur le même constat que son grand frère: celui de la mauvaise valorisation des bordeaux génériques. “ Ces derniers sont achetés à 700 euros le tonneau par le négoce, c’est-àdire moins cher que du bergerac ”, déplore Dominique Técher à la tête du CAVB et membre de la Confédération Paysanne. La volonté de son collectif est d’aller plus loin dans l’action et notamment de remettre en question le versement des cotisations volontaires obligatoires (CVO). Cette remise en cause des CVO s’appuie sur une interrogation: celle du retour pour les viticulteurs de leur contribution. “ Le CIVB brasse un budget d’environ 30 millions d’euros financé par des CVO dont le montant total est financé à 75% par les viticulteurs ”, explique Dominique Técher. Mais, pour lui, le poids politique de la production dans les décisions prises au sein du CIVB n’est pas le miroir parfait de sa contribution économique. En filigrane de son questionnement, le CAVB veut aussi réfléchir à ce que pourrait être une nouvelle forme de gouvernance de la filière. “ Cette institution a failli. Or, cela devrait fonctionner comme au football : l’entraîneur, dont l’équipe a perdu, est remercié. ” Les deux autres collectifs sont, de leur côté, passés à l’action, politique mais surtout économique. Daniel Fénelon, président du collectif inter-appellations s’occupe d’une SAS créée en juin 2010 qui regroupe 11 viticulteurs pour commercialiser collectivement du vin auprès de la grande distribution.