Une conduite des truies sans verraterie à Crécom
À la station expérimentale des Chambres d’agriculture de Bretagne, les truies sevrées sont directement logées dans le bâtiment gestante équipé de réfectoires ou de distributeurs automatiques de concentrés jusqu’à la mise bas suivante, sans passer par une verraterie bloquée. Les résultats techniques sont excellents.
À la station expérimentale des Chambres d’agriculture de Bretagne, les truies sevrées sont directement logées dans le bâtiment gestante équipé de réfectoires ou de distributeurs automatiques de concentrés jusqu’à la mise bas suivante, sans passer par une verraterie bloquée. Les résultats techniques sont excellents.
Lors de la reconstruction en 2005 de la station expérimentale des Chambres d’agriculture de Bretagne à Crécom, dans les Côtes-d’Armor, le choix de conduire les truies en liberté dans le bâtiment gestante dès le sevrage sans passer par une verraterie a été motivé par une volonté d’innovation et d’une projection sur l’avenir. Malgré cette caractéristique qui pourrait sembler techniquement risquée, les résultats techniques de l’élevage sont excellents. Le taux de fécondation en saillie première est de 91,5 % pour les truies conduites sur paille, et 97,2 % pour celles logées sur caillebotis(1). Le nombre de porcelets nés totaux par portée a normalement suivi ces dernières années le progrès génétique (Axiom), passant d’un peu plus de 14 en 2014 à 16,24 pour les truies sur litière, et 16,74 pour celles logées sur caillebotis. Les truies de la station de Crécom sèvrent aujourd’hui presque 13 porcelets par portée sur litière, et 12,6 sur caillebotis.
Conduite en trois bandes
Les deux troupeaux sur caillebotis et sur litière sont conduits distinctement en 3 bandes de 24 truies, avec un sevrage à 28 jours. Ce choix, imposé par les besoins des expérimentations qui nécessitent des effectifs importants, implique de pouvoir loger les trois bandes simultanément dans le bâtiment gestante, puisque l’intervalle entre deux bandes est de 7 semaines. Après le sevrage, les truies sont transférées directement dans ce bâtiment. Elles y restent jusqu’à leur entrée en maternité. Pour chaque troupeau de truies (paille et caillebotis), deux bandes sont logées chacune dans une salle de 24 places équipée de réfectoires-courettes, par lots de 6. Pendant la période des inséminations, les truies sont bloquées dans les réfectoires. Elles sont libérées dès qu’elles ne sont plus en chaleur. La troisième bande est logée dans une case équipée d’un distributeur automatique de concentrés (DAC). Durant la période des venues en chaleur elles sont transférées quotidiennement dans une salle annexe comprenant six réfectoires et les cases des verrats souffleurs. Elles y sont inséminées avant de revenir dans leur case DAC. Cette salle sert également à loger les cochettes constituant le prétroupeau.
Le travail est simplifié
Les techniciens travaillant sur la station sont unanimement satisfaits de cette conduite. Ils estiment qu’il n’y aurait pas d’intérêt à revenir à une conduite classique alors que les performances des truies sont bonnes et que le travail au quotidien s’en trouve facilité. Les venues en chaleur sont plus rapides, grâce aux combats qui se déclenchent au premier jour de la mise en lot des truies. De plus, selon eux, cette venue en chaleur est plus rapide, grâce à un effet pouvant être qualifié de mimétisme. Par ailleurs, la détection des chaleurs est plus facile et sans confusion possible : quand les truies sont en groupe, elles se chevauchent fréquemment. Il est plus sécurisant cependant de confirmer leur venue en chaleur par un verrat souffleur. D’un point de vue hygiène, les truies sont plus propres que quand elles sont bloquées. Elles ne se couchent pas dans leurs déjections. L’absence d’entraves les rend aussi plus proches des humains. Elles sont très familières et cherchent le contact. Ce qui simplifie le travail, même si parfois, elles se révèlent être « pot de colle ».
Les techniciens évoquent cependant quelques points faibles à ce type de conduite. Le risque d’accidents et de blessures pour les truies est augmenté, à cause des combats lors de l’établissement de la hiérarchie. À Crécom, cela reste cependant rare. Pour les bandes logées en réfectoires-courettes, la remise en état des truies n’est pas toujours aisée, puisqu’elles changent de place à chaque repas. Il faut parfois bloquer plusieurs jours celles qui ont besoin d’un complément alimentaire. Les techniciens de Crécom soulignent enfin que cette conduite serait chronophage s’il n’y avait pas la possibilité de contention des truies pour les inséminations. Pour les bandes alimentées au DAC, une salle annexe comportant des cages de contention est indispensable.