Un test pour mesurer la désorientation des abeilles sous l’effet des pesticides
C’est une grande avancée pour les abeilles et les apiculteurs. Un test a été mis au point par l’Itsap-Institut de l’abeille et validé par l’OCDE. Il permet de mesurer finement l’impact de faibles doses de pesticides sur les abeilles domestiques. Il n’a pas pour vocation d’évaluer la toxicité des produits mais la manière dont ceux-ci perturbent l’orientation des butineuses. La méthode pourra être prise en compte pour la mise sur le marché des produits phytosanitaires.
C’est une grande avancée pour les abeilles et les apiculteurs. Un test a été mis au point par l’Itsap-Institut de l’abeille et validé par l’OCDE. Il permet de mesurer finement l’impact de faibles doses de pesticides sur les abeilles domestiques. Il n’a pas pour vocation d’évaluer la toxicité des produits mais la manière dont ceux-ci perturbent l’orientation des butineuses. La méthode pourra être prise en compte pour la mise sur le marché des produits phytosanitaires.
« L’impact de pesticides homologués fait l’objet d’incessants débats et controverses, » observe l’Itsap-Institut de l’abeille dans un communiqué publié le 20 juillet. L’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques (130 pays membres), a validé fin avril un nouveau test permettant d’évaluer la désorientation des abeilles domestiques sous l'effet des produits phytosanitaires. La méthode de détection a été développée par l’Itsap, avec l’appui scientifique de l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). Elle permet de mesurer finement l’impact de faibles doses de pesticides sur les abeilles domestiques. « Jusqu’à présent, aucune méthodologie officiellement reconnue ne permettait de mesurer de tels effets, » souligne l’institut de l’abeille qui rappelle les débats concernant la prise en compte des expositions chroniques aux néonicotinoïdes.
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La méthode, détaille l’Itsap, « consiste à coller une micro-puce RFID (Radio Frequency Identification) sur le thorax de chaque abeille, ce qui permet d’enregistrer individuellement son retour à la ruche, grâce à une série de capteurs électroniques ». La moitié des abeilles suivies pour l’expérimentation sont nourries avec une solution sucrée contenant une faible dose de pesticide. L’autre moitié des abeilles constituent le « groupe témoin ». Les individus de ce groupe reçoivent une solution sucrée sans insecticide. L’ensemble des butineuses sont ensuite relâchées à 1 kilomètre de leur ruche, « une distance de butinage habituelle chez l’abeille domestique, » précise l’Itsap.
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5 ans de test sur 15 810 butineuses équipées de micro-puces
« En comparant les chiffres de retour à la ruche des deux groupes d’abeilles, le taux de disparition imputable à l’ingestion du pesticide testé a pu être calculé, » se félicitent les experts. L’étude scientifique a coordonné un consortium de 11 laboratoires européens dans 5 pays qui ont répété 41 fois la méthode entre 2015 et 2019. Un protocole appelé « test circulaire », obligatoire pour la standardisation d’une méthode, qui permet d’assurer la « reproductibilité des résultats, quels que soient les expérimentateurs, le lieu, les conditions météorologiques ou la génétique des abeilles, » affirme l’Institut de l’abeille. « Les facteurs de variation des effets de l’insecticide néonicotinoïde pris comme référence, ont été analysés, » précise encore le communiqué. « L’effet du produit sur le non-retour des butineuses à la ruche augmentait lorsque l’on soumettait les abeilles à des doses plus fortes où lorsque l’infestation des colonies par le parasite Varroa était d’autant plus importante ». Les chercheurs ont défini les critères de validité du test afin de s’assurer que les effets mesurés étaient bien le fait du pesticide testé et non celui de la mauvaise santé des abeilles. « Les laboratoires du test circulaire ont atteint 75 % de tests valides en 2019, démontrant l’aboutissement de la méthode, » assure l’Itsap. La validation finale du test a impliqué 16 pays ainsi que des organisations membres de l’OCDE. Après avoir fait l’objet de quelque 550 commentaires, la méthode a été définitivement adoptée sous forme d’un document-guide. Elle pourra désormais être prise en compte dans les procédures de mise sur le marché des pesticides.