Aller au contenu principal

Un test pour mesurer la désorientation des abeilles sous l’effet des pesticides

C’est une grande avancée pour les abeilles et les apiculteurs. Un test a été mis au point par l’Itsap-Institut de l’abeille et validé par l’OCDE. Il permet de mesurer finement l’impact de faibles doses de pesticides sur les abeilles domestiques. Il n’a pas pour vocation d’évaluer la toxicité des produits mais la manière dont ceux-ci perturbent l’orientation des butineuses. La méthode pourra être prise en compte pour la mise sur le marché des produits phytosanitaires.

Le test mis au point par l’Itsap permet de mesurer finement l’impact de faibles doses de pesticides sur les abeilles domestiques.
© Christian Gloria

« L’impact de pesticides homologués fait l’objet d’incessants débats et controverses, » observe l’Itsap-Institut de l’abeille dans un communiqué publié le 20 juillet.  L’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques (130 pays membres), a validé fin avril un nouveau test permettant d’évaluer la désorientation des abeilles domestiques sous l'effet des produits phytosanitaires. La méthode de détection a été développée par l’Itsap, avec l’appui scientifique de l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). Elle permet de mesurer finement l’impact de faibles doses de pesticides sur les abeilles domestiques. « Jusqu’à présent, aucune méthodologie officiellement reconnue ne permettait de mesurer de tels effets, » souligne l’institut de l’abeille qui rappelle les débats concernant la prise en compte des expositions chroniques aux néonicotinoïdes.

Lire aussi « La société civile demande à l’Europe de mieux protéger les abeilles face aux pesticides ».

La méthode, détaille l’Itsap, « consiste à coller une micro-puce RFID (Radio Frequency Identification) sur le thorax de chaque abeille, ce qui permet d’enregistrer individuellement son retour à la ruche, grâce à une série de capteurs électroniques ». La moitié des abeilles suivies pour l’expérimentation sont nourries avec une solution sucrée contenant une faible dose de pesticide. L’autre moitié des abeilles constituent le « groupe témoin ». Les individus de ce groupe reçoivent une solution sucrée sans insecticide. L’ensemble des butineuses sont ensuite relâchées à 1 kilomètre de leur ruche, « une distance de butinage habituelle chez l’abeille domestique, » précise l’Itsap.

Lire aussi dans Réussir Fruits & Légumes « L’arrêté " abeilles " pique au vif les arboriculteurs et la filière apicole »

5 ans de test sur 15 810 butineuses équipées de micro-puces

« En comparant les chiffres de retour à la ruche des deux groupes d’abeilles, le taux de disparition imputable à l’ingestion du pesticide testé a pu être calculé, » se félicitent les experts. L’étude scientifique a coordonné un consortium de 11 laboratoires européens dans 5 pays qui ont répété 41 fois la méthode entre 2015 et 2019. Un protocole appelé « test circulaire », obligatoire pour la standardisation d’une méthode, qui permet d’assurer la « reproductibilité des résultats, quels que soient les expérimentateurs, le lieu, les conditions météorologiques ou la génétique des abeilles, » affirme l’Institut de l’abeille. « Les facteurs de variation des effets de l’insecticide néonicotinoïde pris comme référence, ont été analysés, » précise encore le communiqué. « L’effet du produit sur le non-retour des butineuses à la ruche augmentait lorsque l’on soumettait les abeilles à des doses plus fortes où lorsque l’infestation des colonies par le parasite Varroa était d’autant plus importante ». Les chercheurs ont défini les critères de validité du test afin de s’assurer que les effets mesurés étaient bien le fait du pesticide testé et non celui de la mauvaise santé des abeilles. « Les laboratoires du test circulaire ont atteint 75 % de tests valides en 2019, démontrant l’aboutissement de la méthode, » assure l’Itsap. La validation finale du test a impliqué 16 pays ainsi que des organisations membres de l’OCDE. Après avoir fait l’objet de quelque 550 commentaires, la méthode a été définitivement adoptée sous forme d’un document-guide. Elle pourra désormais être prise en compte dans les procédures de mise sur le  marché des pesticides.

Lire aussi « Arrêté abeilles : le texte " préservant les pollinisateurs et les conditions de travail " des agriculteurs soumis à consultation publique »

 

Les plus lus

Taille d’une haie en bordure de champ
Interdiction de la taille des haies à partir du 15 mars : des dérogations collectives obtenues par les syndicats agricoles, quels départements concernés ?

Suite aux intempéries de l’automne et aux fortes pluies de janvier 2025, des demandes de dérogation pour l’interdiction de la…

Hangar photovoltaïque agricole
Hangars photovoltaïques agricoles : le tarif d’achat de l’électricité passe à 95 €/MWh jusqu’en juin… et après ?

L’arrêté tarifaire modifiant l'arrêté S21 vient d’être publié au Journal officiel, il annonce une baisse du tarif d’achat de l…

Paysage de bocage avec des haies
Telepac 2025 : comment obtenir le bonus haie de 20 euros par hectare ?

Etes-vous éligible au bonus haie dans le cadre de l’écorégime ? Comment le demander lors de votre télédéclaration dans…

Jeune agricultrice montant dans un tracteur en période de moisson
Qui sont les nouveaux installés en agriculture ? Cinq profils types définis par l’ESA

Les résultats de l’enquête Agrinovo, menée par l’ESA, auprès de 3 400 nouveaux agriculteurs installés en 2018 et 2022…

Bâtiment du Conseil constitutionnel
Loi d’orientation agricole : quelles mesures censurées par le Conseil constitutionnel ?

Le Conseil constitutionnel vient de retoquer près d’un tiers des articles contenus dans la loi d’orientation agricole.…

Captage d'eau au milieu de parcelles agricoles
Vers deux fois plus de captages d’eau protégés : quelles conséquences pour les agriculteurs ?

La ministre de la Transition écologique a annoncé le 28 mars vouloir protéger deux fois plus de captages d'eau d’ici fin 2025…

Publicité