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Un rapport de l’Institut Montaigne pour une agriculture française compétitive et durable

L’Institut Montaigne, groupe de réflexion libéral, publie ce 28 octobre un rapport sur l’agriculture française. Un dossier qui dresse le constat d’un secteur en perte de vitesse et qui formule des propositions pour une transition agricole de notre pays et une souveraineté alimentaire durable. Six chantiers majeurs à mener sont identifiés dans cette étude intitulée « En campagne pour l’agriculture de demain ».  De quoi alimenter les futurs débats présidentiels…

La balance commerciale agroalimentaire de la France reste excédentaire grâce aux céréales et aux vins et spiritueux.
© Gabriel Omnès

Le rapport de 200 pages s’intitule « En campagne pour l’agriculture de demain ». Il est publié par l’Institut Montaigne et c’est Hervé Gaymard, ancien ministre de l’Agriculture et ancien ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, qui a présidé le groupe de travail à l’origine de cette étude. L’alimentation et la souveraineté alimentaire de la France font partie actuellement des débats politiques.  L’agriculture va alimenter les débats présidentiels dans les prochains mois et le groupe de réflexion libéral a voulu apporter son éclairage sur la question.

Au travers de cette analyse, l’Institut Montaigne propose des orientations pour l’agriculture et l’industrie agroalimentaire de la France, pour réinvestir la souveraineté agricole et mener à bien la transition agricole.

Recul de la compétitivité agricole et agroalimentaire

 

Grâce aux céréales, aux vins et aux spiritueux, notre balance commerciale agroalimentaire reste excédentaire. Mais la France est confrontée à un « recul de sa compétitivité agricole et agroalimentaire, » observe l’institut qui note que « la France est déjà devenue déficitaire vis-à-vis de ses partenaires européens ». Le rapport parle de « déclin » et s’alarme pour notre pays qui a perdu, en l’espace de 10 ans, un tiers de son excédent commercial alimentaire. Il souligne une « pénétration inquiétante des importations depuis plusieurs années » avec notamment plus de la moitié de la viande ovine et environ 40 % des fruits frais tempérés consommés sur le territoire qui sont importés. Les difficultés à dégager de la valeur pour les acteurs en amont génèrent par ailleurs des tensions entre les différents maillons : producteurs, industriels et distributeurs. « Des relations commerciales trop conflictuelles, » souligne le rapport.

 

Produire davantage de protéines et renouveler la population agricole

 

Il faut produire davantage de protéines végétales en Europe pour reconquérir la souveraineté protéinique, pour être moins dépendant des importations de soja notamment et agir pour le développement durable. C’est une priorité, estime le rapport.

 

La France doit également relever le défi du renouvellement de sa population agricole. Le secteur en mal de revenus n’attire pas suffisamment de nouveaux-venus pour répondre à la demande.

 

Répondre à la demande alimentaire dans un souci de « santé globale » (humains, animaux écosystèmes), engager une transition alimentaire dans le sens des recommandations nutritionnelles et répondre à cette équation dans un nouveau paradigme climatique, c’est le « grand défi du XXIe siècle » affirme l’Institut Montaigne.

Six chantiers à mener conjointement

 

Pour y parvenir, le rapport préconise de mener 6 chantiers majeurs.

 

Chantier n°1 : Donner un cap stratégique cohérent et de long terme aux politiques publiques

 

Pour l’institut, c’est le socle de la reconquête agricole et agroalimentaire. A l’échelle européenne, il s’agit de mettre à terme la politique commerciale en cohérence avec les préférences collectives. « Il faut pouvoir avancer sur la réciprocité dans les échanges commerciaux pour que les importations de produits alimentaires respectent les mêmes standards que notre production domestique, » insiste le groupe de travail.

 

Chantier n°2 : Restaurer la compétitivité des filières agricoles

 

Cela nécessite de « restaurer des conditions de concurrence loyale » mais aussi gagner en compétitivité par un « effort de (re)structuration » de certaines filières agricoles et agroalimentaires.

 

Chantier n°3 : revaloriser le revenu agricole et réenchanter les métiers

 

Sans supprimer les aides publiques, il faut diversifier le revenu des agriculteurs pour le revaloriser. Le « think tank » préconise notamment « un soutien plus prononcé à la production énergétique renouvelable à partir de biomasse agricole (méthanisation, biocarburants…) ». Par ailleurs, l’institut met l’accent sur un besoin de communiquer davantage sur les opportunités des métiers du vivant et d’adapter la formation aux évolutions de ces métiers.

 

Chantier n°4 : donner aux agriculteurs les moyens de produire et entreprendre durablement

 

Un point important pour y parvenir consiste à « renforcer la protection du foncier agricole » et à imaginer des « solutions foncières innovantes » pour favoriser l’installation de nouveaux agriculteurs. L’agriculture française peut accélérer sa baisse de consommation d’intrants fossiles « à condition de pouvoir compter sur des alternatives crédibles ». Selon le rapport, l’agriculture française doit pour cela bénéficier des avancées de la recherche génétique. Par ailleurs, une gestion durable de la ressource en eau est envisageable avec un « réinvestissement du génie hydraulique (retenues, recyclage des eaux usées… ».

 

Chantier n°5 : accompagner les changements de pratiques agricoles

 

Cela passe par la recherche et le déploiement des innovations dans une « logique de triple performance » : économique, sociale et environnementale. Le rapport préconise aussi un accompagnement plus soutenu des modes de production plus durables (HVE, bio, signes de qualité) ainsi qu’une réforme des outils de gestion des risques. Le groupe de travail se prononce par ailleurs en faveur d’une rémunération des pratiques vertueuses. Et de citer notamment le stockage du carbone qui permet aux entreprises de se décarboner. « L’agriculteur de demain sera aussi un carboniculteur » estime l’Institut Montaigne.

 

Chantier n°6 : Accélérer la marche vers une alimentation durable et de qualité

 

Il faut renforcer les efforts contre la précarité et le gaspillage alimentaire. Pour éclairer, les choix des consommateurs, le rapport prône plus de « transparence alimentaire par les étiquetages ». La transition alimentaire passe par de « nouveaux outils pour éduquer à une alimentation plus saine et durable » estime le groupe de travail.

 

Autant de pistes pour « construire l’agriculture des temps nouveaux » et préserver la souveraineté alimentaire de la France. Aujourd’hui la France assure 80 % de son alimentation nationale.

 

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