Un élevage de multiplication de cochettes au top de la biosécurité dans la Sarthe
À la SCEA Denieul à Piacé, les nouveaux bâtiments de l’élevage de porcs ont été conçus pour répondre aux nouvelles exigences de production de cochettes. Avec leur groupement Cooperl et l’OSP Nucléus, les éleveurs ont organisé une porte ouverte le 8 septembre dernier.
À la SCEA Denieul à Piacé, les nouveaux bâtiments de l’élevage de porcs ont été conçus pour répondre aux nouvelles exigences de production de cochettes. Avec leur groupement Cooperl et l’OSP Nucléus, les éleveurs ont organisé une porte ouverte le 8 septembre dernier.
Les trois associés de la SCEA Denieul à Piacé, dans la Sarthe, accompagnés de leur groupement Cooperl et Nucléus ont ouvert le 8 septembre dernier les portes de leur futur élevage de multiplication reconstitué à la suite d’un incendie qui avait provoqué en avril 2022 la mort de 2 500 animaux. La construction des bâtiments s’est accompagnée d’une restructuration de l’élevage pour répondre aux nouvelles exigences de production de cochettes, de biosécurité et de normes anti-incendie.
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Les éleveurs ont également fait appel à des techniques innovantes pour chauffer les salles et réduire les émissions d’ammoniac. Le tout constitue un ensemble remarquable de 500 truies qui produiront chaque année dans un élevage protégé sanitairement 4 000 cochettes indemnes de mycoplasme et d’actinobacillose.
1-Des bâtiments adaptés à la multiplication
Les associés de la SCEA Denieul ont configuré leurs nouveaux bâtiments et leur conduite d’élevage pour tenir compte des exigences de la multiplication, en termes qualitatifs et quantitatifs. Ainsi, la conduite des truies passe de 5 à 10 bandes pour pouvoir fournir des cochettes tous les quinze jours à des poids et âges différents (de 154 à 196 jours). L’accueil des cochettes grand-parentales destinées à renouveler le troupeau de truies a été conçu pour un temps de préparation long, de l’ordre de 14 à 16 semaines entre leur arrivée en élevage et la première IA. Avec ce type de conduite, la première mise bas a lieu à 387 jours d’âge. « Ce sont les conditions optimales pour avoir des performances de haut niveau et une carrière longue », estime Rémy Chemin, responsable génétique Cooperl. En maternité, les cases liberté permettent de travailler sur le comportement maternel des truies. « Tous les élevages de production devront à terme s’orienter vers ce type de logement », souligne-t-il. « Il est important que la sélection et la multiplication des reproducteurs accompagnent dès maintenant cette évolution. » En post-sevrage, les sols sont composés de caillebotis béton (excepté une bande de caillebotis fil le long d’une cloison latérale) qui favorisent la solidité des aplombs. En engraissement, les animaux disposent d’une surface de 0,8 m2 par porc hors auge dès leur entrée dans les salles. Ils sont logés dans des petites cases de 14 places, afin de favoriser l’homogénéité et faciliter le tri des cochettes. Ces cases sont plus larges que celles de bâtiments d’engraissement standards (2,75 m vs 2,25 m), dans le but de faciliter le travail de tri du technicien génétique. « Nous avons aussi prévu des petites salles de détassage en cases de six places pour la préparation des cochettes avant leur départ », précise Vincent Denieul, en charge de l’engraissement et de la labellisation des futures reproductrices. Pour les départs d’animaux, l’élevage a été équipé d’un quai d’embarquement dédié aux cochettes, en complément de celui des porcs charcutiers. « Cela supprime les risques de contamination directe entre les camions de l’abattoir et ceux des cochettes sous air filtré Nucléus. » Le quai des cochettes est intégralement couvert jusqu’au hayon du camion équipé d’une bascule. « Le chauffeur doit pouvoir faire son travail dans de bonnes conditions, quelle que soit la météo. » Les cochettes sont équipées de puces RFID qui assurent leur traçabilité et facilitent l’émission du bon de livraison.
2-La lisiothermie vertueuse à double titre
La lisiothermie utilisée pour chauffer les maternités et les post-sevrages est une source d’énergie bon marché. Elle permet aussi de limiter les émissions d’ammoniac des bâtiments dans lesquels les calories sont puisées. À la SCEA Denieul, ce procédé récupère la chaleur dégagée par le lisier des post-sevrages et des engraissements d’un bâtiment via un réseau de tuyaux noyés dans le béton des préfosses. Grâce à une pompe à chaleur, ces calories chauffent une eau à 50 °C qui circule dans les plaques chauffantes des maternités et les caillebotis chauffant Modulo-therm (Fournier) des post-sevrages. « En ne chauffant qu’une faible partie de la salle, contrairement à un chauffage d’ambiance, ces équipements limitent fortement la puissance de chauffe nécessaire », explique Gilles Houzé, spécialiste des énergies renouvelables chez Asserva. Il faut compter 300 watts par plaque en maternité, et 16 watts par porcelet en maternité. Soit un total de 70 kW. Pour approvisionner la pompe à chaleur, la puissance de captage (appelée aussi puissance « frigo ») doit être alors de 55 kW, selon les abaques de calcul. On compte une puissance de 25 watts par mètre carré de surface bétonnée en préfosse, soit une surface de 2 200 m2 pour la SCEA Denieul. « Le bâtiment abritant 2 300 places de post-sevrage et 1 100 places d’engraissement a été largement suffisant pour couvrir ces besoins de chauffage », souligne Gilles Houzé. Dans ces salles, le refroidissement du lisier entraîne une réduction de 40 % des émissions d’ammoniac. C’est un avantage considérable pour les élevages soumis à la directive IED qui doivent diminuer leurs émissions de ce gaz qui provoque l’acidification et l’eutrophisation des milieux. « La lisiothermie permet d’éviter le recours à un lavage de l’air sortant, et donc une ventilation centralisée plus coûteuse qu’une ventilation salle par salle », explique Étienne Roullier, technicien bâtiment Cooperl. La réduction de l’ammoniac dans les salles réduit aussi les troubles respiratoires et contribue ainsi au maintien du bon statut sanitaire des animaux.
3-Un élevage conçu pour éviter les incendies.
Le traumatisme de l’incendie qui a détruit une partie des bâtiments de la SCEA Denieul en 2022 est encore très présent chez les éleveurs. Un générateur de chaleur défectueux fonctionnant au fioul avait enflammé le portillon d’une case dans un engraissement. Le feu s’était propagé rapidement au plafond diffuseur en polystyrène extrudé, puis à toute la charpente. Pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise, les plafonds des nouveaux bâtiments sont composés d’un bac aluminium perforé. Les plaques et caillebotis chauffants à eau chaude limitent l’utilisation de lampes chauffantes (une seule par case à l’arrière des truies en maternité). Pour préchauffer les salles, les éleveurs utilisent des générateurs d’air chaud à gaz Heoss. Ils sont fixés depuis le couloir d’accès dans des réservations aménagées dans le mur de la salle. Les bâtiments sont protégés les uns des autres par des murs et des portes coupe-feu. La distance entre les nouveaux bâtiments est de huit mètres minimum.
En chiffres
SCEA Denieul à Piacé (Sarthe)
Fournisseurs
Une marche en avant de la quarantaine jusqu’au quai d’embarquement
La marche en avant a été le maître mot de l’implantation et de la conception des bâtiments de l’élevage.
Le circuit des animaux démarre par un quai de débarquement dédié aux cochettes provenant du sélectionneur. Il se termine par les deux quais d’embarquement des porcs charcutiers et des cochettes destinées aux élevages de production. Entre les deux, les animaux ne peuvent qu’aller de l’avant, excepté les truies circulant de la maternité à la verraterie. Cette marche en avant permet également à chaque intervenant de gérer indépendamment son activité avec des tenues spécifiques, sans avoir à circuler dans l’ensemble de l’élevage.