Des ressources naturelles pour les porcs élevés en plein air
L’Ifip a évalué les valeurs nutritionnelles des glands et des châtaignes. Leurs valeurs se rapprochent de celles des céréales, surtout lorsqu’ils sont décortiqués.
Dans le cadre du projet AgroforesTruie qui vise à étudier la pertinence et la rentabilité de l’agroforesterie en système porcin avec parcours, l’Ifip a réalisé des analyses nutritionnelles de différentes variétés de châtaignes et de glands.
Elles révèlent que les glands de chênes représentent un apport énergétique proche de celui de l’avoine et peuvent atteindre celui du blé en version décortiquée.
Les châtaignes sont, quant à elles, plutôt proches du son de blé en termes d’apport énergétique et atteignent les valeurs de l’orge en version décortiquée. Les châtaignes sont un peu plus riches en protéines que les glands. À titre comparatif, pour ces deux ressources, les teneurs en protéines sont similaires à celles d’un maïs peu protéique et proche de celles en lysine d’un maïs à teneur moyenne en protéines. Ces deux ressources naturelles sont donc plutôt énergétiques. Mais leur apport protéique n’est pas à négliger.
Beaucoup d’amidon et de fibres dans les glands de chênes
Trente-trois échantillons de glands ont été récoltés sur des sites traditionnels, des terrains plantés et des chênes remarquables. Leur teneur en humidité est très variable : de 8 à 33 %, pour une moyenne à 14 %.
La teneur en amidon (1) est de 42 %. Les glands présentent également un taux de protéines variable selon les échantillons (de 4 à 8 %), en conformité avec les données publiées, notamment concernant le système Dehesa en Espagne. On compte aussi 8 % de sucre et 4 % de matières grasses pour une teneur en matières minérales faible (2 %) et une teneur en fibres importante (13 % de cellulose brute).
Une version décortiquée a été obtenue à l’aide d’un procédé expérimental. Dans ce cas, la teneur en fibres est divisée par trois et les teneurs en matières grasses, amidon et sucres sont alors augmentées. Les taux de protéines et d’acides aminés progressent également, mais de façon négligeable. La teneur en énergie nette parvient à 12,6 mégajoules (MJ) par kilo pour les glands décortiqués mais est de 8,8 MJ pour les glands en l’état. Ces valeurs ont été estimées à partir de mesures in vitro.
Davantage de lysine et de thréonine dans les châtaignes
La teneur moyenne en matière sèche des châtaignes est de 10 %. Elle apparaît peu variable comparativement aux glands de chênes. Les autres critères de composition sont assez similaires à ceux des glands, tant pour la version en l’état que pour la version décortiquée. À noter cependant, les teneurs en lysine et en thréonine sont plus importantes dans le cas du châtaignier. Sachant que cet arbre peut produire davantage de volume que le chêne, il apparaît donc plus intéressant à exploiter si les conditions pédoclimatiques le permettent. Ces valeurs sont issues de l’analyse de huit origines de châtaigniers prélevés au Pays basque et dans les Cévennes. Il est assez compliqué de repérer les variétés des châtaigniers. Il existe bien entendu un certain nombre de variétés, que ce soit dans le Massif central ou dans les Pyrénées. Mais il semble que le niveau de croisement soit très important, ce qui rend assez difficile une analyse par variété et par territoire.
Laurent Alibert, laurent.alibert@ifip.asso.fr
Adapter la formulation des aliments
Laurent Alibert, Ifip-Institut du porc
« L’évaluation des valeurs énergétiques et l’analyse du profil acides aminés des glands et des châtaignes devraient permettre aux éleveurs de porcs concernés de mieux cibler les aliments à utiliser lorsqu’ils sont présents dans les parcs. Il pourrait être envisagé d’adapter la formulation des aliments pour tenir compte de leur apport, et ainsi de faire des économies d’aliments. Mais avant cela, il serait préférable de faire des suivis d’animaux pour quantifier les quantités consommées et évaluer les formules à mettre en place. »