Un Conseil national de la FNO pour faire le tour des questions ovines
La Fédération nationale ovine a fait le tour d’horizon des préoccupations ovines du moment lors de son premier Conseil national depuis plus de deux ans.
La Fédération nationale ovine a fait le tour d’horizon des préoccupations ovines du moment lors de son premier Conseil national depuis plus de deux ans.
À voir l’ordre du jour (très dense) du Conseil national de la FNO, force est de constater que les éleveurs ovins ne produisent pas que de la viande. Parmi les questions abordées ce 27 avril, on y trouvait le marché du carbone donc, la laine, le lait, l’écopâturage, l’agrivoltaïsme ou les aides Pac qui sont une manière de rémunérer l’élevage ovin pour les services qu’il rend à la société.
Des regrets sur la nouvelle PAC
La FNO regrette que ses propositions pour l’aide ovine de la nouvelle Pac n’aient pas été conservées. À partir de l’an prochain, l’aide ovine ressemblera à l’actuelle avec une majoration de deux euros pour les 500 premières brebis et de six euros pour les nouveaux producteurs. Les modalités sont maintenues avec un taux de productivité à 0,5 agneau par brebis par an, une période de détention obligatoire de 100 jours et un minimum de 50 brebis. La Fédération nationale ovine regrette aussi la baisse du montant des aides qui devrait progressivement passer d’environ 23 euros par brebis en 2023 à 19 euros en 2027. Autre regret, la définition de l’agriculteur actif ne donne pas de critère d’âge. « On peut continuer à toucher les aides Pac jusqu’à la tombe, regrette Michèle Boudoin, la présidente de la FNO. À ce jeu-là, ceux qui continuent risquent d’arrêter les productions animales pour sous-traiter les productions végétales. » De nombreux points sont encore en questionnement alors que la Commission européenne a notifié la France sur son PSN. « On y verra plus clair lors du congrès des 7 et 8 septembre en Haute-Loire », promet la présidente.
Des aides à l’achat d’aliment
La crise ukrainienne a aussi été évoquée avec la flambée du prix des matières premières et son impact sur les coûts de production. Dans le plan de résilience mis en place après le déclenchement de la guerre, certaines mesures concernent plus particulièrement les éleveurs ovins. Notons ainsi le remboursement des 15 à 18 centimes par litre de carburant et une aide à l’alimentation animale. Pour ceux qui achètent plus de 3 000 euros d’aliment et qui sont dépendant de ces aliments à plus de 10 % mais à moins de 30 %, il s’agit d’une aide forfaitaire de 1000 euros. Pour les élevages davantage dépendants (rares en ovins), l’aide sera proportionnelle aux dépenses. La publication des détails et l’ouverture du téléservice devraient avoir lieu en mai.
Contractualisation obligatoire début 2023
La loi Egalim II impose que les contrats de vente de produits agricoles soient conclus sous forme écrite pour une durée de trois ans. Cela vaut pour toutes les transactions effectuées par l’éleveur avec un négociant, une OP, aux acheteurs de son OP, un boucher, un distributeur ou un industriel. Obligatoires à partir d’octobre pour le lait de brebis et de janvier 2023 pour la viande ovine, ces contrats incluent les volumes, les prix déterminés ou déterminables, les modalités de collecte ou livraison, la durée du contrat, les procédures et les délais de paiement. Des dérogations sont en discussion à Interbev ovin et les propositions de la FNO seront présentées lors du congrès de septembre. En lait de brebis, les laiteries réalisant moins de 700 000 euros de chiffres d’affaires peuvent se passer de contrats. Aux éleveurs attachés à leur liberté et qui ne voudraient pas signer de contrat, Patrick Soury, président d’Interbev ovin, rappelle que « c’est une loi et il pourrait avoir des contrôles et des amendes. Les éleveurs resteront libres de négocier avec plusieurs opérateurs. Mais c’est une façon d’inclure les coûts de production dans la négociation. S’il y a une hausse des charges, les pouvoirs publics ne pourront pas toujours être là ».
La laine en attente dans les curons
Faute de débouchés, les stocks de laine s’accumulent dans les fermes. Des initiatives intéressantes comme le Collectif Tricolor tentent bien de valoriser une partie des 14 000 tonnes de laine produites en France chaque année. En plus du textile et de la matelasserie, différents débouchés sont testés pour l’isolation, le paillage, l’engrais. En attendant, la FNO rappelle que la laine est un sous-produit animal et ne peut pas être utilisé en ferme sans traitement.
Des indicateurs pour le bien-être animal
La FNO a présenté le projet Moubiene qui vise à définir des indicateurs de bien-être pour les petits ruminants. Les indicateurs en cours de création se basent sur les cinq libertés fondamentales des animaux. Pour Brigitte Singla, secrétaire générale de la FNO, « ne pas s’intéresser à ces questions serait un non-sens. Si on ne fait pas de proposition, d’autres les feront à notre place… Montrer que la profession s’implique est aussi une façon de faire savoir ce qu’on fait bien. » Des questions de plus en plus prégnantes alors que des lois prévoient un affichage obligatoire de l’impact environnemental des produits et du respect du bien-être animal.
S’impliquer dans la recherche du loup
La FNO rappelait les 10 797 victimes du loup en 2021 sur les 145 zones de présence permanente officielles. Elle interpellait aussi sur le rapport parlementaire de février 2022 qui chiffrait à 66 millions d’euros minimums le coût de la prédation lupine. La FNO, qui conteste l’estimation officielle des 624 loups présents en France, appelle les éleveurs à davantage s’impliquer dans le recueil des indices. Pour Claude Font, éleveur de Haute-Loire et référent loup à la FNO, « à peine 10 % des 500 personnes formées au premier trimestre par l’OFB au suivi de la population du loup sont des éleveurs. Il y a parfois des réticences d’éleveurs à travailler avec l’OFB mais c’est important de se préoccuper des remontées d’indices. Chaque indice relevé par les éleveurs doit être exploré. » Michèle Boudoin espère, elle, pouvoir rencontrer le ou la nouvelle ministre de l’Environnement. « En deux ans et malgré nos nombreuses demandes, nous n’avons jamais pu rencontrer Barbara Pompili » lâche-t-elle, amère.
Agrivoltaïsme et écopâturage
Après avoir mis en avant les solutions d’investissement en commun dans l’agrivoltaïsme sur toitures avec Agrisoleil, la FNO a rappelé l’indispensable accompagnement et suivi de projets sur l’agrivoltaïsme sur terres agricoles. Après un an de fonctionnement, Mon berger local compte 80 éleveurs inscrits. La FNO accueillera prochainement un stagiaire pour proposer une trame de contrat, une grille de tarification et une charte d’écopâturage durable pour les collectivités.