Mutagénèse : pour l’Efsa, la distinction entre « in vitro » et « in vivo » n'est pas « justifiée »
« La distinction entre les plantes obtenues par des approches "in vitro" ou "in vivo" n'est pas justifiée ». Telles sont les conclusions du groupe scientifique sur les OGM de l’Efsa sur les techniques de mutagénèse. L’Autorité européenne de sécurité des aliments a été interrogée à ce sujet par la Commission européenne.
« La distinction entre les plantes obtenues par des approches "in vitro" ou "in vivo" n'est pas justifiée ». Telles sont les conclusions du groupe scientifique sur les OGM de l’Efsa sur les techniques de mutagénèse. L’Autorité européenne de sécurité des aliments a été interrogée à ce sujet par la Commission européenne.

Les techniques de mutagénèse aléatoire « in vivo » et « in vitro » doivent-elles être considérées comme des techniques différentes ? Et si oui, les techniques « in vitro » doivent-elle être concernées par la directive européenne OGM (Organismes génétiquement modifiés) de 2001 ? La question fait débat actuellement et agite le monde de la sélection végétale. En France, le 8 novembre 2021, le Conseil d'Etat a décidé de s’en remettre à l'avis de la Cour de justice européenne (CJUE) pour arbitrer l'application de la directive aux techniques de mutagénèse.
De son côté, la Commission européenne a demandé à l'Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, en mai 2020 de fournir une description plus détaillée des techniques de mutagénèse aléatoire « in vivo » et « in vitro », ainsi que des types de mutations et des mécanismes impliqués, afin de pouvoir conclure si les techniques de mutagénèse aléatoire « in vivo » et « in vitro » doivent être considérées comme des techniques différentes.
Une recherche documentaire
Dans une publication parue le 11 novembre (en langue anglaise – traduction DeepL), l’agence publique européenne précise que « les mutations sont des modifications du matériel génétique qui peuvent être transmises aux générations suivantes ». L’Efsa explique encore que « les mutations apparaissent spontanément dans la nature et sont l'une des forces motrices sous-jacentes de l'évolution ». Mais y a-t-il des différences entre ce qui se passe « in vivo » et « in vitro » ? « Chez les plantes, la mutagenèse aléatoire " in vivo " et " in vitro " repose sur l'application de mutagènes physiques et chimiques pour augmenter la fréquence des mutations et accélérer ainsi la sélection de variétés présentant des caractéristiques agronomiques importantes, » poursuit l’agence. Pour répondre à la demande de la Commission européenne, celle-ci a lancé une recherche documentaire « afin de recueillir des informations sur les techniques de mutagenèse aléatoire utilisées chez les plantes à la fois " in vivo " et " in vitro ", sur le type de mutations générées par ces techniques et sur les mécanismes moléculaires qui sous-tendent la formation de ces mutations ». Dans le résumé de sa publication, le groupe scientifique sur les OGM de l’Efsa ajoute que « la plupart des techniques de mutagenèse physique et chimique ont été appliquées à la fois " in vivo " et " in vitro " ».
La même mutation peut être obtenue in vivo ou in vitro
Selon ces experts, « le processus de mutation et les mécanismes de réparation agissent au niveau cellulaire et il n'y a donc aucune différence entre l'application du mutagène " in vivo " ou " in vitro " ». Ils concluent donc que « le type de mutations induites par un mutagène spécifique devrait être le même, que ce mutagène soit appliqué " in vivo " ou " in vitro " ». Ils assurent que « la même mutation et le caractère dérivé dans une espèce végétale donnée peuvent potentiellement être obtenus en utilisant à la fois la mutagenèse aléatoire " in vivo " et " in vitro " et les mutants résultants seraient indiscernables ». Le verdict du groupe scientifique sur les OGM est donc que « la distinction entre les plantes obtenues par des approches " in vitro " ou " in vivo " n'est pas justifiée ».
S’il n’est pas possible de distinguer les deux techniques de mutagénèse, sont-elles alors globalement concernées par la directive européenne OGM de 2001 ? La question reste posée.