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[TAILLE DE LA VIGNE] Ne pas mutiler pour diminuer les maladies

Une taille respectueuse de la physiologie de la vigne permet non seulement de freiner l’apparition des maladies du bois mais aussi de limiter les maladies cryptogamiques estivales.

La taille de ramification prônée par Simonit & Sirch maintient le flux de sève.
La taille de ramification prônée par Simonit & Sirch maintient le flux de sève.
© Simonit & Sirch

Endiguer les maladies du bois est l’un des enjeux majeurs lors de la taille. Dans cette optique, il est indispensable d’opter pour une taille respectueuse de la physiologie de la vigne. Taille douce, taille de ramification contrôlée, ou encore taille Guyot-Poussard, sont autant de modes de taille prenant en compte le fonctionnement de la vigne. « Il faut absolument faire vivre le cambium », indique Marceau Bourdarias, conseiller en viticulture, adepte de la taille douce.

Pour rester vivant et construire du nouveau bois conducteur et fonctionnel, ce tissu doit être alimenté par des rameaux. La sève élaborée étant descendante, les rameaux devront être situés au bout de la plante. « Cela permet à la vigne de s’allonger », poursuit l’expert. Un point de vue que partage Massimo Giudici, de Simonit & Sirch. « La vigne est une liane, explique-t-il. Il faut lui permettre de poursuivre son développement dans l’espace ; qu’elle puisse construire du bois vivant année après année. » Autrement dit, il faut accepter sa ramification tout en contrôlant son étalement. Cela permet de construire et de conserver une structure pérenne de la vigne. Vouloir à tout prix la maintenir dans un espace donné revient à la mutiler et à l’affaiblir.

Éviter les plaies de taille sur les bois de plus d’un ou deux ans

Le second point de vigilance concerne les plaies de taille. « Il faut à tout prix éviter les plaies mutilantes et respecter le flux de sève », martèle François Dal, de la Sicavac. Les plaies de taille produisent en effet des nécroses qui servent de substrat aux champignons des maladies du bois et leur permettent de se développer. Dans cette optique, « mieux vaut tailler sur du bois jeune (un ou deux ans) et éviter de toucher aux vieux bois », préconise Massimo Giudici.

Marceau Bourdarias invite lui aussi à ne pas réaliser de plaies sur les bois de plus de deux ans. « Toute taille de réduction de plus de deux ans entraîne une mortalité de bois importante et une difficulté d’alimentation du cambium autour des plaies, détaille-t-il. Une plaie non recouverte sera davantage colonisée par des champignons lignivores. » Il faut également être vigilant à positionner toutes les plaies de taille du même côté du cep (sur le haut des baguettes, à l’opposé du flux de sève).

Les rameaux sèchent à l’intérieur de la haie

Pour ceux qui le souhaitent, le prétaillage ne pose pas de problème, à condition de ne pas aller trop vite ou de ne pas couper trop ras. Même recommandation pour la taille rase, qui est acceptable dès lors qu’elle ne taille pas trop court. En revanche, si la taille minimale semble intéressante sur le papier, il faut se méfier dans la pratique. « Cela consiste à laisser une haie foliaire tout le temps, rappelle Massimo Giudici. Mais on perd beaucoup de bois vivant, car à l’intérieur de la haie, les rameaux sèchent. »

Bannir les entassements de végétation contre le mildiou

Ce mode de taille « physiologique » ne se limite pas à diminuer les maladies du bois. Il peut également avoir un impact sur la baisse des maladies cryptogamiques estivales (mildiou, oïdium et botrytis). Le rôle de la taille est alors prophylactique. « Le but est de répartir la charge et de l’étaler au maximum, observe Marceau Bourdarias. Cela favorise un microclimat optimal. » François Dal abonde dans son sens : « pour lutter contre le mildiou, il faut éviter les tailles courtes favorisant un entassement de la végétation, et au contraire, bien étaler le volume foliaire ». Il y a ainsi moins d’humidité, donc moins de maladies. « Nous avons fait des comptages, et avec un bon étalement, il y a réellement moins d’attaques de mildiou et d’oïdium », assure Massimo Giudici.

Le second aspect à prendre en compte dans cette lutte est la vitalité de la vigne. « Les attaques cryptogamiques, notamment avec le mildiou, sont liées à un problème d’oxydo-réduction, analyse Marceau Bourdarias. Si la plante n’est pas équilibrée, elle n’arrivera pas à conserver son étanchéité et le mildiou sera à même de dégrader ses capacités. » Il faut donc là aussi travailler sur une taille d’allongement, permettant d’optimiser le volume foliaire et d’éviter les zones de trous, afin d’améliorer la capacité photosynthétique de la plante.

Last but not least, les travaux en vert ont eux aussi un rôle prépondérant, souvent sous-évalué. « On peut créer autant de problèmes lors de l’ébourgeonnage ou de l’épamprage que lors de la taille, prévient François Dal. Pour éviter cela, rien de tel que d’intervenir lorsque les rameaux sont encore petits, ou au sécateur lorsqu’ils ont un peu grossi. »

en bref

Limiter les maladies du bois : respecter la physiologie de la vigne en conservant le cambium, le flux de sève et en permettant un allongement contrôlé de la vigne. Éviter les plaies de taille.

Eviter les maladies cryptogamiques estivales : favoriser un bon équilibre physiologique de la plante et un étalement de la végétation.

Bien former son pied

« Le gros du travail vis-à-vis des maladies du bois se joue en amont, insiste François Dal, de la Sicavac. Si la vigne exprime déjà des maladies, c’est trop tard. L’essentiel se joue dans les dix premières années de la vigne. » Pour cela, il faut respecter plusieurs préceptes. Le premier est d’opter pour un mode de conduite et une densité permettant la formation d’une structure charpentière, avec des zones de taille éloignées du pied. La seconde recommandation est d’éviter une vigueur excessive. Il ne faut pas vouloir entrer en production trop rapidement ni attendre que la vigne pousse d’un mètre la première année, en faisant des bois d’un centimètre de diamètre. Au besoin, les experts suggèrent d’éliminer les premières grappes. Dans cette optique de vigueur maîtrisée, « il ne faut pas amender », précise François Dal. Et si le terrain est très riche, il faudra parfois jouer sur la concurrence avec l’herbe.

Ensuite, il faut veiller à ne pas faire de plaies mutilantes et à tailler dans le bon sens ; celui du flux de sève. « Quand on achète un plant, il est greffé à un œil, détaille François Dal. C’est de ce côté que le pied est alimenté. Il faut tailler sur ce côté, où les branches sont généralement les plus jolies. » Enfin, mieux vaut éviter de couper à ras : les experts conseillent de laisser des chicots qui seront supprimés l’année suivante.

Témoignage : Sylvain Pellegrinelli, chef de culture au domaine Leflaive, à Puligny Montrachet en Côte-d’Or

« Avec une taille de ramification, la vigne est plus aérée »

« Je travaille avec Simonit & Sirch depuis trois ans. Je suis intimement convaincu que favoriser une bonne circulation de sève permet de maintenir une bonne activité de la plante, et lui permet de mieux résister aux agressions. J’ai donné mon cahier des charges à Simonit & Sirch, à savoir que je voulais maintenir le mode de conduite déjà connu de mon équipe, le guyot unilatéral. Je voulais que la méthode pour mettre en place une taille respectueuse soit facilement compréhensible. Et ensuite, qu’elle permette une bonne prophylaxie afin de lutter contre les maladies cryptogamiques estivales (mildiou, oïdium et botrytis).

Nous avons donc choisi un côté de manière définitive pour le courson, respectant le flux de sève, et allongé la baguette. L’espace entre deux pieds est désormais bien occupé. Sur le mètre qu’il y a entre les deux, la végétation occupe 70 à 80 cm. Nous avons gagné en vigueur, ce qui se voit au niveau du diamètre des bois et en régularité. L’équipe s’est vite faite à ces changements, dès la fin de la première saison de taille, elle allait à la même cadence qu’avant.

Il est difficile de savoir si cela joue un rôle au niveau de la protection contre les maladies car je ne fais pas de comparatif, mais la vigne est plus aérée, la vigueur est répartie de manière régulière sur la branche, l’acrotonie est moins marquée. »

 

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