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Salon de l’Agriculture : que retenir de l’inauguration chaotique par Emmanuel Macron

Ce 60e salon de l’agriculture s’annonçait tendu depuis des semaines, la communication sur un débat avec les Soulèvements de la Terre a ravivé la colère contre le président de la République avant une inauguration chahutée, sous haute tension.

 

Emmanuel Macron débattant avec une trentaine d'agriculteurs au salon de l'agriculture 2024.
Emmanuel Macron débattant avec une trentaine d'agriculteurs au salon de l'agriculture 2024.
© Capture d'écran vidéo de l'Elysée

C’est avec 4 heure et demie de retard sur le programme initial, à 13h30, que le président de la République a finalement coupé le ruban inaugural du 60e salon de l’Agriculture

Lire aussi : Pourquoi le salon de l’agriculture 2024 sera « vraiment spécial »

Manifestants contre forces de l’ordre et ouverture du salon retardée 

Dès huit heures du matin des centaines de manifestants ont forcé les grilles du parc des expositions de Versailles et se sont opposés aux forces de l’ordre dans le pavillon 1 poussant les organisateurs du salon à repousser de plus d’une heure et demie l’ouverture du salon au grand public.

 

Après l’annulation du débat annoncée hier soir, suite au refus de la FNSEA d’y participer, Emmanuel Macron, accompagné d’Agnès Pannier-Runacher et Marc Fesneau, a commencé la journée par une rencontre avec des responsables syndicaux (Arnaud Rousseau et Hervé Lapie de la FNSEA, Arnaud Gaillot et Pierrick Horel des Jeunes agriculteurs, Laurence Marendola et Thomas Gibert de la Confédération paysanne, Véronique Le Floc’h et Christian Convers de la Coordination rurale et Pierre Thomas du Modef). 

Lire aussi : Arnaud Rousseau n'ira pas au débat samedi au Salon de l'agriculture

Trois annonces aux syndicats agricoles

A l’issue de cette rencontre le président de la République a fait trois annonces. 

 

Emmanuel Macron veut consacrer l’intérêt général majeur de l’agriculture pour la nation

Lors d’un point presse, Emmanuel Macron a annoncé s’être engagé à inscrire dans la loi « notre agriculture et notre alimentation comme un intérêt général majeur de la nation française ». « Ce sera inscrit dans la loi, ce qui permettra de protéger notre agriculture de manière ferme et solide », a-t-il promis. Plus tard lors d’un débat impromptu avec une trentaine de manifestants, le président de la République a précisé que agriculteurs pourront « s'appuyer (sur ce principe, ndlr) face au juge, parce que c'est un métier essentiel. On pourra l'opposer ».

 

Des prix planchers et un plan de trésorerie à préciser

Lors du point presse, le président de la République a aussi annoncé, un « plan de trésorerie d'urgence » et des « prix planchers » pour les agriculteurs. 

Emmanuel Macron a affirmé que les sanctions prononcées envers l'aval pour non-respect des dispositions d'Egalim seraient « reversées au monde agricole » pour financer des mesures de trésorerie. Et annoncé qu'une réunion était prévue à cet effet lundi 26 février avec les banques et les représentants de plusieurs secteurs dont l'agriculture, pour préciser un « plan de trésorerie d'urgence ». « Nous lancerons un recensement dans chaque région des exploitations qui sont dans les plus grandes difficultés de trésorerie pour pouvoir les accompagner », a expliqué le Président de la République à la presse.

Par ailleurs, dans le cadre d’un nouveau projet de loi sur les relations commerciales annoncé par le gouvernement quelques jours plus tôt, Emmanuel Macron a appelé à ce que « l'indicateur devienne le prix plancher ». Et de répéter : « Il faut aboutir à des prix planchers ».
 

Vers un plan d’avenir agricole français et européen à 2040

Emmanuel Macron a aussi annoncé qu’il réunirait dans 3 semaines à l'Elysée l'ensemble des organisations syndicales, l'ensemble des filières du monde agricole et des parties prenantes pour consolider les mesures d'urgence, officialiser les engagements nationaux et européens, et bâtir véritablement un plan d'avenir agricole français et européen à 2040, « qui sera ensuite décliné par filières et par territoires, avec des contrats d'avenir très précis et une méthode que nous aurons établie ». 

 

Deux heures de débat avec une trentaine d’agriculteurs

Face à la colère exprimée par de nombreux manifestants, dont certains ont été placés en garde à vue après avoir forcé le cordon de sécurité, Emmanuel Macron a ensuite débattu avec des représentants de délégations régionales, une trentaine d'agriculteurs issus des principaux syndicats agricoles.

Interpellé sur le mal-être des agriculteurs (« Ca fait trois ans que je travaille 100 heures par semaine, que je ne sors pas un revenu […] au mois d’août j’ai failli passer à l’acte », l’a ainsi interpellé un aviculteur), les difficultés en matière de trésorerie (avec la demande d’une année blanche), les surtranspositions (« J’ai été contrôlé trois fois dans la même année, j’ai broyé des chardons pas à la bonne date, 28 000 euros d’amende, vous vous rendez compte », a exprimé un autre agriculteur), le défi du renouvellement des générations (« moi mon père me disait le premier mais tu es fou de reprendre ton exploitation », exprime un jeune céréalier), Emmanuel Macron a tenté d’apporter quelques réponses.

 

Lire aussi : Anne-Cécile Suzanne : « Aujourd’hui les agriculteurs ne savent pas ce qu’on attend d’eux »

La ferme France n'est pas en train de se casser la gueule

Refusant d’entendre que « la ferme France est en train de se casser la gueule », selon ses propres termes, Emmanuel Macron a reconnu que, si les revenus 2021-2022 dans beaucoup de filières étaient « historiques », nombres d’agriculteurs étaient en difficultés financières et a affirmé qu’il allait apporter des réponses sur la trésorerie.
 

Emmanuel Macron promet un droit à l’erreur aux agriculteurs

Face aux multiples contrôles et possibles sanctions, le président de la République a annoncé la mise en place d'un « droit à l'erreur » pour les agriculteurs. « Cela n'a pas été fait dans le monde agricole. On a mis tellement d'exceptions que cela n'a pas été fait », a rappelé le Président de la République, qui n'a pas précisé dans quels domaines ce « droit à l'erreur » s'appliquerait. La loi Essoc de 2018 prévoyait un « droit à l'erreur » pour tous les Français face à leur administration, mais elle n'avait pas pu s'appliquer aux agriculteurs en matière d'aides Pac, régies par la réglementation européenne. A noter que la nouvelle Pac a déjà introduit un droit à l’erreur.

Lire aussi : Les agriculteurs vont-ils disposer d’un droit à l’erreur ?

Des dérogations provisoires plus rapides pour les pesticides

En réponse aux agriculteurs en colère, le président de la République a annoncé « des engagements pour limiter les délais » d'accord de dérogations provisoires à l'usage de pesticides non-autorisés, et à « déconcentrer » ces décisions. Emmanuel Macron est revenu sur le cas de la lutte contre Drosophila Suzukii, pour laquelle une dérogation de 120 jours avait été accordée à compter du 1er avril 2023 pour du Cyantraniliprol : « Pour Drosophila Suzukii, on a donné la dérogation un mois trop tard », a estimé le président.

 

Déambulation protégé par des CRS puis déjeuner à 15h30 avec des professionnels

Protégé par des dizaines de CRS équipés de boucliers qui, dans des heurts violents, repoussent régulièrement les manifestants à une cinquantaine de mètres de lui, sifflé, hué, le président a ensuite entamé une déambulation, avant de retrouver des filières agricoles et aquacoles (CNIPT, CNC, CNPMEM, France Filière pêche, Fnab) pour un déjeuner (vers 15h30) dans le pavillon 4.

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