Loto pour la biodiversité : à quoi vont servir les gains du jeu Mission Nature ?
« Mission Nature » est un nouveau jeu de grattage lancé par le gouvernement en partenariat avec la Française des jeux. Il s’agit d’un loto de la biodiversité calqué sur le loto du patrimoine avec l’objectif de donner aux citoyens la possibilité de soutenir des projets de restauration de la biodiversité. Certains sont en lien avec l’agriculture. Cette initiative suscite déjà des réactions négatives.
« Mission Nature » est un nouveau jeu de grattage lancé par le gouvernement en partenariat avec la Française des jeux. Il s’agit d’un loto de la biodiversité calqué sur le loto du patrimoine avec l’objectif de donner aux citoyens la possibilité de soutenir des projets de restauration de la biodiversité. Certains sont en lien avec l’agriculture. Cette initiative suscite déjà des réactions négatives.
Disponible depuis le 23 octobre dans les 30 000 points de vente de la Française des jeux, sur son site et sur son application, le jeu de grattage à 3 euros « Mission Nature » permet de remporter jusqu’à 30 000 euros. Pour chaque ticket acheté, 43 centimes d’euro seront reversés par l’État à l’Office français de la biodiversité pour le financement de projets de restauration de la biodiversité. En tout 20 projets ont été sélectionnés à la suite d’un appel à projets « Restauration écologique en faveur de la biodiversité » organisé du 2 mars au 7 juin 2023 par l'Office français de la biodiversité.
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Biodiversité : des « projets de grande ampleur » et « projets de maillage » soutenus
Les 20 projets lauréats ont été répartis en deux catégories. Le gouvernement explique qu’il y a les « projets de grande ampleur avec un impact positif sur les écosystèmes et leur restauration, et agissant en faveur d’habitats ou d’espèces patrimoniales à l’échelle nationale » et « les projets de maillage avec un impact de niveau régional ou local sur les écosystèmes ou les espèces concernés ». Pour la première catégorie, six ont été retenus, parmi lesquels la reconquête et la restauration de pelouses calcaires dans la forêt d’exception de Verdun, la sauvegarde de la mangrove du Lamentin en Martinique, la réhabilitation des tortues d’Hermann dans le Var ou encore la restauration écologique des tourbières alcalines dans méandres de la Haute-Somme.
Reconquête de la biodiversité dans les plaines céréalières en Nouvelle-Aquitaine
Pour ce qui est des projets de maillage, il sont au nombre de quatorze répartis en métropole et en Outre-mer. Certains touchent directement l’agriculture comme la reconquête de la biodiversité dans les plaines céréalières en Nouvelle-Aquitaine. Ce projet est porté par le Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine. « Il s’agit notamment d’acquérir, de restaurer et de gérer en faveur de la biodiversité une parcelle d’environ 10 ha aujourd’hui cultivée en céréales sur la commune de Saint-Sauvant, dans la Vienne. Cette vaste plaine agricole accueille des populations d’oiseaux d’intérêt communautaire ayant justifié son classement en Zone de protection spéciale (ZPS) « Plaine de la Mothe Saint Héray / Lezay » explique Matthieu Wagner, chargé de missions en Vienne au Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine.
Un projet s’élevant à 268 479 €
Et d’ajouter : « Ce projet va aussi permettre d’offrir des conditions favorables à beaucoup d’espèces floristiques et faunistiques. La création de mares par exemple, va être importante pour une espèce emblématique de l’Ouest de la France : le Triton marbré ». Le montant du projet est de 268 479 € et la subvention prévisionnelle s’élève à 214 783 €.
Renaissance du bocage du sud de l’Indre
Autre projet intéressant les agriculteurs porté par Indre nature : la renaissance du bocage du sud de l’Indre pour un montant de 72 422 € et subvention prévisionnelle de 56 995 €. Il s’agit d’accompagner des propriétaires de parcelles qui souhaitent s’assurer de la préservation à long terme du maillage bocager, à travers des travaux de restauration ou de plantation lorsque ce sera nécessaire, mais aussi à travers la mise en place d’Obligations réelles environnementales (ORE), des contrats avec les propriétaires permettant d’assurer un mode de gestion favorable au maintien de ce milieu dans le temps.
A l’occasion du lancement du loto de la #biodiversité, je me suis rendue sur le site lauréat des tourbières alcalines dans les méandres de la Haute-Somme.
Chaque ticket de grattage contribue au financement de la protection de cet écosystème exceptionnel ! pic.twitter.com/w6X3N3FEnZ— Sarah EL HAÏRY (@sarahelhairy) October 23, 2023
Avis défavorable de l'Autorité nationale des jeux et réactions négatives d'élus
Outre l'avis défavorable de l'Autorité nationale des jeux qui estimait en février 2023 que cette offre était « particulièrement addictive pour les jeunes », sensibles au développement durable et un rejet du Sénat qui avait voté contre le 24 novembre 2022, le rapporteur général du Budget Jean-François Husson (LR), est lui aussi vent debout contre le nouveau jeu et appelle à « tourner le dos à un vent de populisme vert », tandis qu'à gauche, Angèle Préville (groupe PS) a fustigé un « greenwashing du jeu ».
France Nature Environnement résolument contre « Mission Nature »
Le lancement de ce nouveau jeu a aussi fait réagir France Nature Environnement (FNE) qui estime qu’il profitera majoritairement à la Française des Jeux, avant l’Etat et qu’il fait porter l’effort de financement sur les citoyens, dans un contexte de crise économique et de forte inflation. L’association affirme par ailleurs qu’il permettra de lever une somme dérisoire par rapport aux besoins réels d’une politique de protection de la biodiversité. « Le gain prévu est de moins de 10 millions d’euros selon les estimations, quand les politiques de biodiversité nécessiteraient au moins 500 à 600 millions par an » tance FNE qui enjoint dans un communiqué les citoyens à faire un don à l’association plutôt que de jouer à « Mission Nature ».
🎰 Loto « Mission Nature » : attention, arnaque à la #biodiversité !
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👉 On vous explique : https://t.co/46EQm3R8J3 pic.twitter.com/qUKJTVf2ez— France Nature Environnement (@FNEasso) October 19, 2023