Quelles sont les quatre principales représentations de l’agriculture dans la société française ?
Le centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture vient de publier une étude qui montre la grande diversité des conceptions véhiculées sur le monde agricole par différents canaux. Quatre représentations dominent aujourd’hui dans la société française.
Le centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture vient de publier une étude qui montre la grande diversité des conceptions véhiculées sur le monde agricole par différents canaux. Quatre représentations dominent aujourd’hui dans la société française.
Intitulée « Images et représentations de l’agriculture dans la société française d’aujourd’hui », l’étude du centre d'études et de prospective du ministère de l'Agriculture explique que le monde agricole fait l’objet de nombreux travaux descriptifs et quantitatifs mais que les images et représentations le concernant sont des aspects moins étudiés et moins mobilisés dans les politiques publiques. Elle montre la grande diversité des conceptions véhiculées sur le monde agricole, par différents canaux et émetteurs. Elle traite aussi des représentations, constructions culturelles et symboliques largement partagées et façonnées sur le temps long. Quatre de ces représentations dominent aujourd’hui, dans la société française.
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1- Une agriculture familiale à petite échelle
La première décrit une agriculture à petite échelle, inscrite dans le territoire, constituée d’exploitations familiales. La commercialisation s’y fait en circuits courts et de proximité. Cette agriculture serait insérée dans des systèmes alimentaires territorialisés, ses productions sont considérées comme « de qualité ». Elle reproduit un rapport ancestral à la terre, s’inscrivant dans une continuité et des traditions agrariennes. Des formes de production innovantes peuvent également être utilisées. « Cette représentation est bien illustrée par les stéréotypes du maraîchage biologique en zone périurbaine, de l’agriculture familiale, de la permaculture » explique l’étude.
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2- Une agriculture à grande échelle avec des exploitations de grande taille
La deuxième représentation raconte une agriculture à grande échelle, très mécanisée, mise en œuvre par des exploitations de grande taille, et même par des « entreprises » agricoles. « Cette agriculture, assez peu familiale, est capitalistique, tournée vers des productions de masse ayant vocation à « nourrir la planète ». Elle est inscrite dans la mondialisation et des chaînes de valeur longues, avec une forte dimension exportatrice » note l’étude. S’appuyant pleinement sur des techniques innovantes, elle utiliserait toutes les ressources du numérique. Selon l’étude, cette représentation peut être illustrée par de grandes exploitations céréalières et par le recours accru au machinisme agricole de pointe (agriculture de précision, robotique, etc.), etc.
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3- Une agriculture sous pression
La troisième représentation dépeint une agriculture sous pression, prise dans un système inégalitaire (partage de la valeur, prises de décision, etc.). « Prisonnière de modèles techniques, dépendante de l’amont (ex. fournisseurs d’intrants) et de l’aval (coopératives, industries agroalimentaires, grande distribution), elle est constituée d’exploitations endettées, inscrites dans une course à l’agrandissement et à l’intensification » affirme l’étude. Cette agriculture connaît des problèmes de sorties du métier et de non-renouvellement des générations (abandons, départ à la retraite, pas de repreneur familial) et est aussi confrontée à un sur-suicide affirme l’étude qui estime aussi que l’élevage laitier intensif est souvent pris comme illustration.
4- Agriculture de subsistance avec de petites structures
La quatrième représentation brosse le portrait d’une agriculture de subsistance, sans héritage ni héritiers. Elle comprend des petites structures peu modernes et peu innovantes, qui ont besoin d’aide économique et sociale, et recourent assez souvent à une main d’œuvre familiale. Selon l’étude, cette représentation comporte une dimension nostalgique et patrimoniale importante qui note que la petite agriculture de montagne et l’imagerie agrarienne de Raymond Depardon (documentaires, photographies) en sont des stéréotypes.
L’étude revient par ailleurs sur trois débats impactant les représentations de l’agriculture : agribashing, pesticides et bien-être animal.