Quel avenir pour les cultures de diversification ?
Pour accroître les surfaces dédiées aux cultures de diversification, il faudrait que les débouchés vers des marchés plus rémunérateurs se développent, à la fois pour la matière brute et les métabolites secondaires. Telles sont les conclusions une étude commandée par le ministère de l’Agriculture et réalisée par Ceresco en partenariat avec B4C et l’URD ABI d’AgroParisTech.
Pour accroître les surfaces dédiées aux cultures de diversification, il faudrait que les débouchés vers des marchés plus rémunérateurs se développent, à la fois pour la matière brute et les métabolites secondaires. Telles sont les conclusions une étude commandée par le ministère de l’Agriculture et réalisée par Ceresco en partenariat avec B4C et l’URD ABI d’AgroParisTech.
Dans le cadre de la transition agroécologique, la politique agricole française vise une augmentation conséquente des cultures de diversification riches en protéines ou présentant un fort intérêt agro-environnemental. Le travail réalisé dans le cadre d'une étude du Ceresco intitulée « Analyse de tendance de la valorisation nationale des produits et coproduits végétaux » a porté sur treize cultures de diversification : sept légumineuses (soja, pois, féverole, lupin, lentille, pois chiche, luzerne), trois oléagineux (tournesol, colza, lin) et trois cultures à vocation non alimentaire (chanvre, lin fibre, miscanthus).
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Difficultés techniques, économiques et logistiques pour les plantes à fibre
En ce qui concerne les plantes à fibres, plusieurs éléments pourraient contribuer à leur essor : certifications de traçabilité et d’origine des fibres végétales pour les marchés textiles, incitation à l’utilisation des matériaux biosourcés à faible empreinte carbone dans la construction (Réglementation environnementale RE2020), appui par la commande publique, etc. Malgré ces tendances, ces cultures sont confrontées à des difficultés techniques, économiques et logistiques qui freinent leur introduction dans les assolements.
Prix de vente insuffisants
« Hors colza et tournesol, les cultures de diversification représentaient, sur la période 2015-2020, moins de 6 % de la surface agricole utilisée (SAU) nationale » note l’étude qui pointe différents freins : difficulté à produire du soja sans irrigation, manque de diversité génétique en lentilles et pois chiches, difficile gestion des ravageurs en l’absence de produits phytosanitaires suffisamment efficaces…
Par ailleurs, les prix de vente des cultures de diversification ne sont pas suffisamment élevés pour compenser les rendements plus faibles souligne l’étude. Ce constat est surtout valable dans les zones où sont déjà présentes des cultures industrielles (pomme de terre, luzerne, betterave) ou d’autres cultures spécialisées (légumes, semences), qui génèrent elles des marges à l’hectare élevées.
« Les débouchés se limitent trop à l’alimentation animale ou à l’exportation sous forme brute »
L’étude souligne aussi des contraintes de nature logistique. Selon elle, les quantités disponibles sont insuffisantes pour atteindre les volumes critiques aux différentes échelles (locale, régionale, nationale), qui permettraient de rentabiliser les activités de chacun des maillons de la chaîne de valeur. « De ce fait, les infrastructures et la recherche amont et aval ne se développent pas » avance-t-elle. Autre fait marquant : les débouchés se limitent trop à l’alimentation animale ou à l’exportation sous forme brute, ce qui est peu rémunérateur. A l’inverse, les débouchés pour l’alimentation humaine ou les utilisations non alimentaires, davantage créateurs de valeur ajoutée, sont peu développés.
Une multiplication des surfaces par 1,5 à 3
Dans l’hypothèse d’augmentation des surfaces, en accord avec les objectifs affichés par les différentes stratégies nationales et européennes (Stratégie nationale en faveur du développement des protéines végétales, Green Deal…),selon les cultures, cela se traduirait d’ici à 2035 par une multiplication des surfaces par 1,5 à 3.
En combinant l’augmentation des surfaces et les valorisations futures, l’étude estime que la croissance de l’offre serait plus importante que celle de la demande, sur les marchés les plus rémunérateurs (utilisation non alimentaire ou alimentation humaine). Donc en 2035, les volumes et la part de produits bruts orientés vers la nutrition animale augmenteraient fortement et représenteraient plus de 80 % des surfaces de cultures de diversification, ce qui aggraverait le déficit de compétitivité des filières.
« Il sera de plus en plus nécessaire de valoriser les coproduits »
Selon l’étude, une valorisation plus complète des produits et coproduits végétaux issus de cultures de diversification sera nécessaire pour renforcer leur compétitivité. « Il sera de plus en plus nécessaire de valoriser les coproduits : ils représentent 40 % des volumes récoltés et seulement 26 % des chiffres d’affaires générés » affirme l’étude qui pointe cinq défis à relever. Ils concernent la concentration en protéines des produits issus de légumineuses, la valorisation de l’huile de soja, la conservation des légumineuses fourragères, la valorisation des coproduits de plantes à fibres et l’extraction des métabolites secondaires.
Il est à noter que depuis la date de réalisation de l’étude (juillet 2022), un Plan de structuration des filières protéines végétales a été lancé par le MASA en 2022. « Sous l’effet conjugué de ce plan et d’une dynamique générale porteuse, la structuration de ces filières a progressé pour leur permettre d’engager un positionnement sur les marchés les plus rémunérateurs » conclut l’étude.