Quatre nouveaux cépages inscrits dans la viticulture durable
Quatre variétés de vigne viennent d’être créées pour résister au mildiou et à l’oïdium. Moins de maladies, c’est moins de traitements dans les vignes et moins de pesticides sur le raisin. De la viticulture plus respectueuse de l’environnement.
Ils s’appellent Artaban, Floreal, Vidoc et Voltis. Ce ne sont ni des étalons, ni de nouveaux héros de séries télévisées. Non, ce sont de nouveaux cépages. Des variétés de vigne dotées du pouvoir de résister aux maladies. Sans aucune modification génétique : il s’agit de résistances naturelles au mildiou et à l’oïdium, deux champignons véritables fléaux en viticulture.
Les nouveaux cépages sont issus de croisements entre des géniteurs français de l’Inra, l’Institut national de la recherche agronomique, et des obtentions allemandes du Julius Kühn-Institut. Les nouvelles variétés bénéficient ainsi de plusieurs gènes de résistance.
L’annonce faite le 24 janvier par l’Inra est l’aboutissement d’un travail de sélection baptisé Inra-ResDur amorcé en 2000. Le programme a permis d’associer « deux gènes de résistance au mildiou et deux gènes de résistance à l'oïdium », indique l’Institut de recherche. Ces gènes proviennent, « d’une part, de l’espèce Vitis rotundifolia et, d’autre part, d'un groupe d'espèces où domine Vitis rupestris. » Ce sont donc deux Vitis originaires du sud-est des Etats-Unis qui ont permis aux variétés résistantes de voir le jour.
17 ans de recherche
2000-2018. C’est le temps qui a été nécessaire pour mettre au point les variétés de la performance.
Dans un premier temps, il a fallu repérer les 5 à 10 % d’individus de la descendance dotés des caractères de résistance. Une étape réalisée grâce à des marqueurs moléculaires. Est venue ensuite la sélection au vignoble pour évaluer les caractères techniques en culture et lors de la vinification. Seules les variétés retenues à l’issue de ce passage au crible sont allées jusqu’à l’inscription au catalogue. Les quatre gagnantes de ce parcours d’excellence sont donc dotées de résistances polygéniques, « ce qui permet de conforter leur potentiel de durabilité » assure l’Inra.
L’avancée est de taille pour la viticulture car elle offre une perspective de « réduire de façon drastique l'utilisation des produits phytosanitaires ». L’Inra assure que la qualité des vins issus de ces raisins « est d’un niveau équivalent à celle des cépages traditionnels ». Pour l’oïdium, les chercheurs parlent de « résistance totale ». Pour le mildiou, elle serait seulement « élevée », ce qui peut conduire le viticulteur à réaliser un nombre réduit de traitements complémentaires. « Une économie se situant entre 80% et 90% » est annoncée avec ces nouveaux cépages. De quoi réduire considérablement la facture et la dose de pesticides utilisés. Le programme fongicide avec des cépages traditionnels peut aller de 14 à 22 traitements en fonction des années et des régions.
Des parents franco-allemands, des ancêtres américains. La sélection viticole ne connaît pas de frontières. Et on ne peut que s’en réjouir.