Aller au contenu principal

Pour Hervé Le Prince, « Les filières animales doivent reprendre la parole »

L’agriculture et l’agroalimentaire ont trop longtemps laissé le champ libre aux défenseurs de la cause animale, analyse Hervé Le Prince, communiquant en stratégie de marques. Il encourage les filières, à commencer par les éleveurs, à réoccuper l’espace public.

Hervé Le Prince, fondateur de l’agence Newsens à Rennes. « Au-delà de l’abolition de l’élevage sous toutes ses formes, les végans, notamment ceux de L214, sont des antispécistes qui ont planifié un changement de civilisation. » © Newsens
Hervé Le Prince, fondateur de l’agence Newsens à Rennes. « Au-delà de l’abolition de l’élevage sous toutes ses formes, les végans, notamment ceux de L214, sont des antispécistes qui ont planifié un changement de civilisation. »
© Newsens

Qu’est ce qui a changé pour les filières animales depuis une quinzaine d’années ?

Hervé Le Prince - « Deux éléments fondamentaux. D’abord, nous sommes bien dans une mutation profonde qui impacte les filières, et non dans une succession de crises liées à des accidents déclencheurs. Par définition, la crise est un pic puis une retombée au point de départ. Nous ne reviendrons pas à la situation d’avant-crise. Il ne s’agit plus de faire le dos rond, mais de réagir et de s’adapter. Ensuite, l’éthique se substitue désormais à la loi et à la réglementation et entraîne des changements imposés à la filière. Les œufs issus de poules en cage en sont l’exemple. »

Comment en est-on arrivé là ?

H. L. P. - « Il y a eu le travail de sape d’organisations animalistes et abolitionnistes. Avançant sous le masque de la défense des animaux, elles finissent par susciter une défiance alimentaire quasi généralisée, du moins dans les médias. Ces mouvements ont réussi à politiser notre alimentation en construisant un récit militant. Ils ont su donner du sens à notre alimentation en jouant sur quatre tableaux : l’animal souffrant, la dégradation de notre santé, la destruction de la planète et en dernier lieu la facette anti-industrie (vaches à hublot récemment). Ils veulent changer le monde en commençant par l’alimentation. Pendant ce temps, les filières tenaient un discours de marques visant nos estomacs. »

Les filières animales portent donc leur part de responsabilité…

H. L. P. - « Elles ont laissé à d’autres le soin de soulever le capot de l’élevage et de l’abattage. D’où les images choquantes qui soi-disant ne mentent pas. C’était à la profession de le faire et de le gérer. Il y avait des éleveurs ou des abattoirs non conformes : il fallait les accompagner pour s’améliorer ou s’arrêter. Il aurait fallu fixer un seuil de tolérance aux différents stades des filières. On doit changer les pratiques qu’on ne veut pas montrer. Il est important de s’inscrire dans une démarche de progrès et de prendre de la hauteur. Cela permet de répondre aux attentes en annonçant un agenda d’améliorations et pas le couteau sous la gorge. »

Comment reprendre la main ?

H. L. P. - « Continuer à faire du marketing produit, mais pas uniquement. Les professionnels ont à construire un récit militant qui redonne du sens à l’alimentation. Ce qui veut dire parler de l’élevage et des process agricoles et industriels. Le consommateur veut savoir d’où vient et comment est fabriqué ce qu’il a dans son assiette. Il faut redire pourquoi adopter un régime alimentaire omnivore équilibré est ce qu’il y a de mieux. »

Sous quelles formes communiquer et avec qui le faire ?

H. L. P. - « La recette est simple : ouvrir les portes et aller à la rencontre des citoyens-consommateurs. C’est ce qui a démarré en Bretagne avec les portes ouvertes à la ferme d’agriculteurs de Bretagne, avec les visites dans les entreprises agroalimentaires de Breizh agri Food, avec les Happig hour du comité régional porcin de Bretagne : des éleveurs vont à la rencontre des consommateurs à l’heure de l’apéritif ou encore au festival des Vieilles Charrues cet été… Chacun peut le faire et surtout les éleveurs. Qu’ils n’hésitent pas à faire visiter leur élevage. C’est là qu’ils sont le plus à l’aise et inattaquables pour parler de leur quotidien, montrer qu’ils travaillent bien et qu’ils ont su évoluer. Cela vaut également pour les salariés de toutes les entreprises. En résumé, ils doivent entendre les attentes, agir pour y répondre en tenant compte de leurs contraintes (marché, rentabilité…) et le faire savoir. »

Faut-il tout montrer ?

H. L. P. - « Les opposants qui veulent éliminer l’élevage de la planète ont brisé un tabou, en montrant la souffrance et la mort que personne n’a vraiment pas envie de voir. On peut raconter sincèrement la mise à mort, mais la montrer est la limite à ne pas dépasser, même au nom de la transparence. »

« Entendre, agir et communiquer »

Les plus lus

Confirmation d'influenza aviaire dans un élevage breton

Le premier foyer d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de la saison 2024-2025 est confirmé ce mardi 13 août dans un…

Jérôme Chasles espère amortir en cinq ans son installation de récupération d’eau de pluie qui lui aura coûté 15 000 euros.
Consommation d'eau en volailles : "Je réduis ma facture en récupérant l'eau de pluie"

Pour abreuver ses vaches à moindre coût, l’éleveur breton Jérôme Chasles a installé une citerne souple et un traitement de l’…

Un foyer de grippe aviaire confirmé dans le Morbihan

La direction générale de l'Alimentation (ministère de l'agriculture) a confirmé en fin de matinée la suspicion clinique qui…

Carte interactive - Un troisième foyer de grippe aviaire en Bretagne

Un troisième foyer de grippe aviaire a été officieusement confirmé ce lundi 2 septembre à la pointe de la Bretagne, après…

Marc Fesneau sur France Info
Grippe aviaire : la nouvelle campagne de vaccination ne sera plus financée qu’à 70% par l’Etat

Une nouvelle campagne de vaccination des canards va être lancée le 1er octobre. Elle sera financée à 70% par l’Etat…

Graphique : Schéma du montage du système Ekorain d’OcènePrêt à brancher et à fonctionner, le container Ekorain assure toutes les étapes de la potabilisation de ...
Hygiène : Un traitement pour changer l’eau de pluie en eau de boisson pour l'élevage 

La société Ocene commercialise un module de traitement à base d’ultrafiltration, spécifiquement destiné à potabiliser l’eau de…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)