Vers un marché du porc plus tendu en 2018
Le marché du porc s’annonce plus dur en 2018, après deux années dopées par la demande chinoise et les exportations hors UE. Dans les principaux pays de l’UE, on s’attend à des baisses de prix de 5 à 8 %.
Le marché du porc s’annonce plus dur en 2018, après deux années dopées par la demande chinoise et les exportations hors UE. Dans les principaux pays de l’UE, on s’attend à des baisses de prix de 5 à 8 %.
Pour l’année 2018, le prix du porc va résulter d’une consommation morose dans la plupart des pays de l’UE, d’exportations sur un marché mondial un peu moins porteur et soumis à la concurrence du continent américain et d’une production porcine en légère hausse dans l’UE. En France, comme dans la plupart des pays de l’UE, la perspective est donc à la baisse. Les experts de différents États membres ont une vision assez homogène de l’évolution du marché. Le prix moyen européen du porc baisserait de 7,5 % en un an. La prévision allemande s’établit à - 8,6 %. Pour le Danemark, elle serait de - 7,2 %, et en France de - 8,4 %. Les experts espagnol et polonais sont légèrement plus optimistes avec respectivement - 4,4 % et - 5,0 %.
Très élevée depuis 2015, au-dessus du niveau des dix dernières années, la production porcine européenne est encore annoncée en hausse en 2018. La progression est limitée, comprise entre + 1 et + 2 %, mais renforce une offre communautaire déjà lourde.
La prévision s’appuie sur le dénombrement des cheptels réalisé au milieu de 2017. Celui-ci a estimé la croissance du nombre des truies à un peu moins de 1 % par rapport à 2016. Compte tenu des progrès constants de la production, cette hausse a suffi pour anticiper cette augmentation de la production de viande. Les différents États membres en ont déduit leurs prévisions de production (voir tableau ci contre). Réalisées ici en nombre d’animaux nés dans le pays, elles indiquent que l’Espagne est le premier pays de l’UE sur ce critère, mais l’Allemagne reste devant en tonnage de viande. Les variations de 2018 sur 2017 s’inscrivent dans une fourchette resserrée de - 1 à + 1 % pour les différents pays. On notera toutefois la forte croissance du Danemark, mais qui ira pour l’essentiel aux exportations de porcelets. La Pologne a profité de la bonne conjoncture des derniers mois pour regagner une partie du terrain perdu les années précédentes, mais progresse par ailleurs grâce à des importations croissantes de porcelets. La Roumanie compense aussi des pertes antérieures.
Au cours des trois premiers trimestres 2017, le commerce du porc de l’UE avec les pays tiers était en recul de 10 % par rapport à la même période de l’année exceptionnelle 2016. Les exportations de l’UE vers la Chine ont plongé de 28 %. Elles restent toutefois 31 % au-dessus de celles de 2015. À moitié constituées de viandes, elles progressent en valeur, tandis qu’en 2015, elles étaient des abats pour l’essentiel. Mais l’UE enregistre des belles hausses vers le Japon, la Corée du Sud, les Philippines et Taïwan. Les volumes vers tous les pays tiers sont supérieurs de 21 % à ceux de 2015 sur les trois trimestres observés.
Les deux principaux exportateurs de l’UE, l’Allemagne et l’Espagne, se distinguent des autres États membres. L’Allemagne, deuxième fournisseur de la Corée du Sud derrière les États-Unis, a tiré parti de la demande des poitrines et doublé ses exportations. À destination du Japon, le bénéfice est pour l’Espagne : + 22 % au cours des trois premiers trimestres 2017.
Toutes destinations confondues, les exportations françaises sont en baisse de 3 %. Mais vers l’UE, elles ont progressé de 2 %, essentiellement vers l’Italie et l’Espagne. Les importations sont identiques à celles de l’année dernière.
Dans les mois à venir, la concurrence devrait se faire plus forte sur le marché mondial de viande de porc, entre l’Amérique du Nord et l’UE. En effet, la forte croissance de la production des États-Unis (+ 5 % attendus en 2018, après + 3 % en 2017) conduira à plus d’exportations vers l’Asie, terrain d’exercice de l’UE. Quant à la demande des pays asiatiques, elle est incertaine, en particulier celle de la Chine. En 2018, les exportations de l’UE pourraient rester proches de celles de 2017.
Ifip Institut du porcmichel.rieu@ifip.asso.frjan-peter.vanferneij@ifip.asso.fr
Le prix de l’aliment assez favorable
Après une tendance à la baisse ces dernières années, le prix de l’aliment est resté stable en moyenne en 2017.
On pourrait assister à une très légère érosion en fin de campagne 2017-2018, grâce aux céréales stables en moyenne et à l’amélioration du prix du soja, la stabilité prédominant au début de la suivante (Figure 6). Ainsi, en moyenne annuelle, le prix serait quasiment identique de 2016 à 2018 (225 €/t), après avoir progressivement dégringolé du sommet de 2013 (290 €/t).
Des disponibilités importantes en céréales
Après la chute de 2016, les moissons françaises de blé et de maïs ont retrouvé en 2017 un niveau satisfaisant. Pour l’UE, les ressources céréalières s’annoncent suffisantes face aux débouchés attendus, notamment du potentiel d’exportation. L’ampleur des disponibilités mondiales de blé, des stocks et de l’offre des grands exportateurs concurrents vont en effet limiter les sorties de l’UE, confortant, notamment, les stocks de blé en France. La Russie dispose d’une nouvelle récolte record et ses stocks sont élevés. Durant la campagne 2017-2018, les risques résident dans les difficultés logistiques d’expédition des pays de la Mer Noire et les problèmes climatiques éventuels affectant les semis. Le mouvement sera toutefois largement contenu par la lourdeur des cours mondiaux des céréales.
Les cours du blé fourrager et des autres céréales fourragères seront également sous la pression des cours du maïs, à l’offre confortable. Malgré un tassement annoncé des stocks de maïs en 2017-2018, les ressources resteraient à un niveau élevé. Les États-Unis et le Brésil ont des disponibilités importantes. Les récoltes de l’hémisphère sud début 2018, en cours de semis, restent néanmoins sensibles aux conditions climatiques, notamment la Niña.
Des récoltes records de soja
Les récoltes historiques de soja à l’automne 2016 aux États-Unis, puis au Brésil au printemps 2017, ont conduit à un stock de fin de campagne 2016-2017 important, malgré le développement de la consommation. Le nouveau record de production aux États-Unis soutient l’offre 2017-2018 à un haut niveau, compte tenu des projections de récoltes en Amérique du Sud au prochain semestre. Les stocks pourraient donc rester élevés fin 2017-2018, sauf si ces projections ne sont pas tenues. Comme pour la production de maïs, l’impact de la Niña début 2018, négatif pour les productions de cette zone, devra être suivi de près.
Le marché des huiles devrait rester ferme ce qui modérera aussi les cours des tourteaux. À ce stade, le scénario retenu est celui de cours stables au cours de la campagne 2017-2018. Les prix seraient donc en net recul
Ifip Institut du porcherve.marouby@ifip.asso.fr