Une nette embellie des résultats économiques des élevages de porcs en 2019
La marge brute atteint un niveau record en 2019 et la trésorerie se redresse nettement, selon le CERFRANCE des Côtes d’Armor qui invite toutefois à la prudence.
La marge brute atteint un niveau record en 2019 et la trésorerie se redresse nettement, selon le CERFRANCE des Côtes d’Armor qui invite toutefois à la prudence.
Pourtant mal démarrée, l’année 2019 restera dans les annales des meilleurs bilans financiers de nombre d’éleveurs de porcs. C’est ce que laissent entrevoir les premières synthèses des exercices clôturés en 2019 par Cerfrance Côtes-d’Armor (1). La marge brute moyenne des élevages devrait atteindre le niveau record de 1450-1500 euros/truie, loin de celui de l’année 2017 (1 293 euros/t), déjà qualifié d’exceptionnel, et après une mauvaise année 2018 (947 euros/truie). « Ces très bons résultats s’expliquent par la combinaison d’un prix du porc élevé et d’une amélioration de la technicité des élevages, dans un contexte de prix d’aliment moyen », résume Georges Douguet, du Cerfrance.
Des gains techniques valorisés par un prix du porc élevé
Grâce à une forte remontée des cours à l’automne, tirés par la demande de la Chine touchée par la fièvre porcine africaine, le prix du cadran au Marché du porc breton a atteint en moyenne 1,49 €/kg sur l’année (1,653 €/kg payé à l’éleveur), le portant au niveau le plus élevé depuis 27 ans. « On dépasse toutefois de peu le pic de prix de 2013 (1,633 €/kg payé éleveur)", relativise l’économiste. Mais à l’époque, les éleveurs en avaient peu profité du fait d’un contexte de coût d’aliment plus défavorable. Il était de 301 euros/t en moyenne pour les éleveurs achetant 100 % de leur aliment contre 260 euros/t environ en 2019. « Même si le prix de l’aliment a augmenté de 12 à 15 euros/tonne l’an dernier, il permet de maintenir un coût de revient satisfaisant. »
En 2019, les performances techniques ont continué de progresser et ont même connu un sursaut. « L’indice de consommation global a diminué de 0,19 en l’espace de dix ans. L’an dernier, il a baissé de 0,03 pour s’établir en moyenne à 2,76. Un tiers des exploitations ont un IC global inférieur à 2,7. » De plus, la productivité par truie a progressé de 3,2 porcs durant la dernière décennie pour atteindre 27,3 porcs/truie en 2019 en moyenne (près de 25 % à plus de 29 porcs/truie). Une truie produit chaque année 3 225 kg de poids vif, soit 472 kg de plus qu’il y a 10 ans. « Ces efforts de technicité se sont traduits par de bons résultats financiers, avec un effet levier d’autant plus important dans un contexte de prix de vente élevé. »
Une remontée spectaculaire des soldes de trésorerie
Ces effets positifs ont rapidement permis une amélioration des soldes de trésorerie des exploitations, passés en moyenne de -6,1 c €/kg de carcasse en 2018 à +17 à 18 c €/kg en 2019. Un rebond très salutaire après une année 2018, marquée par un été particulièrement inquiétant. « L’impact de la FPA a tardé à se concrétiser sur les trésoreries, négatives jusqu’en mars 2019." Les 15 mois de déficit de trésorerie depuis janvier 2018 ont été doublement compensés pendant les neuf derniers mois de 2019, pour la moitié des éleveurs de porcs. Pour les élevages plus fragiles, il faudra attendre fin 2020 pour retrouver une bonne situation financière. « 2019 a certes été une très bonne année pour la trésorerie des élevages bretons, mais tout est écrit pour que 2020 soit une année exceptionnelle, à condition toutefois que l’Ouest reste indemne de fièvre porcine africaine, avance-t-il prudemment. On sait déjà que les résultats du premier semestre 2020 de la moyenne des éleveurs vont être très bons. »
Peu de projets malgré un contexte favorable pour investir
Pour Georges Douguet, toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour investir : bilans financiers positifs, taux d’intérêt au plus bas. « Les besoins sont importants pour faire face au vieillissement du parc de bâtiments, pour améliorer les résultats techniques et les conditions de travail et économiser de l'énergie. Pourtant, la relance de l’investissement est insuffisante », déplore-t-il. Le montant investi par truie a progressé de 211 euros/truie en 2016 à 316 euros/truie en 2018 pour retomber à 249 euros/truie en 2019. Et les projets d’investissement pour 2020 ne semblent pas à la hauteur des besoins. Les éleveurs se montrent prudents sur les investissements du fait du contexte FPA (menace sanitaire). Ils s’interrogent sur les choix techniques, face à l’évolution de la demande sociétale. « C’est dommage de ne pas profiter de ce contexte des plus favorables pour investir. C’est plus facile de le faire maintenant pour être mieux armé demain pour répondre à un marché international mais aussi local. »