Aliments à la ferme
Une FAF mécanique optimisée dans sa conception
Au Gaec du Clos de la Pierre à Plélo, Côtes-d’Armor, une nouvelle fabrique mécanique d’aliment à la ferme permet aux éleveurs de produire l’intégralité des aliments nécessaires pour leur atelier de multiplication de 400 truies naisseur-engraisseur.
Au Gaec du Clos de la Pierre à Plélo, Côtes-d’Armor, une nouvelle fabrique mécanique d’aliment à la ferme permet aux éleveurs de produire l’intégralité des aliments nécessaires pour leur atelier de multiplication de 400 truies naisseur-engraisseur.









"Avec cette fabrique d’aliment, nous achevons les investissements pour produire en autonomie complète et dans le respect de l’environnement, tout en optimisant le coût de production", soulignait Jean-Yves Auffray, associé du Gaec du Clos de la Pierre avec ses deux frères Michel et Hervé, lors de la porte ouverte organisée le 31 mars dernier par les éleveurs, Émeraude Élevage Équipement, Skiold-Acemo, Calcialiment et Danbred international. Premier multiplicateur DanAvl en France depuis 2011 avec 400 truies naisseur-engraisseur, le Gaec a successivement investi dans une station de traitement du lisier, une méthanisation (voir Réussir Porc décembre 2016, page 23), puis dans un engraissement extérieur de 1 500 places pour engraisser les porcelets surnuméraires produits par la génétique danoise.
Avec le stockage destiné aux céréales sèches et au maïs humide, les éleveurs ont prévu de couvrir l’ensemble de leurs besoins sur une année. Le choix des transferts mécaniques a été fait pour limiter le temps de travail et la maintenance. "Le surcroît de travail dans la FAF associé au suivi de l’engraissement extérieur a été largement couvert par l’embauche d’un salarié", souligne Jean-Yves Auffray.
Au total, cette fabrique d’aliment a coûté 650 000 euros, un prix qui inclut le pont-bascule, la fosse de réception, les silos extérieurs et le cœur de fabrique. Soit 1 600 euros par truie et la suite, pour un tonnage annuel de 3 500 tonnes. Tous les aliments utlisés dans l’élevage sont fabriqués, préstarter et premier âge compris.
Du stockage suffisant pour couvrir les besoins d’une année
Les céréales sont stockées dans deux silos tours de 1 200 et 1 000 m3 pour le maïs humide, et deux cellules extérieures de 1 100 et 800 m3 pour le blé et l’orge. "Cette année, nous avons mis du blé à 14 % de matière sèche dans les silos tours, car les cellules n’étaient pas encore prêtes à la récolte", détaille Jean-Yves Auffray. Un mode de conservation qui ne pose aucun problème, selon Joël Le Borgne, responsable commercial silos tours chez Vitalac. "Pour éviter l’échauffement du tas, il faut bien veiller à remplir le silo à au moins 80 % de sa capacité. Une condition indispensable pour limiter la présence d’oxygène, car, à 14 % d’humidité, il n’y a pas de production de CO2 comme c’est le cas pour le maïs humide."
Dans le hangar dédié à la FAF, les éleveurs disposent de six cellules dans lesquelles ils stockent les tourteaux (soja, colza, tournesol), de la pulpe de betterave et un mélange féverole + lin. "Les mâles engraissés labellisés Bleu-Blanc-Coeur doivent consommer de l’aliment contenant de la graine de lin extrudée. Mais comme le taux d’incorporation dans l’aliment est faible, elle est livrée broyée et mélangée avec la féverole qui apporte de la protéine", précise l’éleveur. L’huile stockée dans des containers de 1 000 litres est incorporée dans la mélangeuse.
Transfert mécanique intégral
"J’ai plus confiance dans la fiabilité des transferts mécaniques que dans celle des composants d’un transfert pneumatique", admet Jean-Yves Auffray. Une fiabilité qu’il a exigée de ses fournisseurs pour passer le moins de temps possible à l’entretien. Depuis la fosse de réception, les matières premières sont convoyées via un élévateur soit vers les deux silos tours, soit vers les cellules extérieures et intérieures. Le convoyage depuis les cellules vers le broyeur de la mélangeuse se fait également par des vis. La matière première contenue dans les silos tours est dirigée vers un broyeur gravitaire qui alimente une présoupe. Elle peut également être envoyée directement vers la mélangeuse de la FAF par une vis en auge. "Le maïs humide peut être incorporé à 10-15 % dans un mélange à sec sans que cela ne pose de problème pour le mélange et les transferts", affirme Patrick Berthault, technico-commercial Skiold-Acemo. L’aliment fabriqué est récupéré dans une remorque équipée d’une vis pour son transfert dans les silos de l’élevage et du site extérieur.
Les minéraux sont fournis en big bag
"Le choix du stockage des minéraux se fait au cas par cas entre les big bags et les silos en acier, les silos toiles étant de moins en moins utilisés à cause de leur vieillissement prématuré", explique Patrick Berthault. Le stockage en big bag a l’avantage d’être peu onéreux à l’achat. Il permet de multiplier le nombre de minéraux utilisés dans les formules sans augmenter fortement l’investissement initial. L’éleveur peut facilement vérifier les quantités incorporées dans les fabrications. Calcialiment, le fournisseur du Gaec du Pont de Pierre, souligne que le coût du minéral est identique à celui livré par camion-soufflerie en vrac. Enfin, ce mode de conditionnement contribue à la biosécurité de l’élevage, puisque les big bags peuvent être déposés par le fournisseur à l’extérieur du périmètre de l’élevage. Il faut cependant disposer d’un télescopique pour leur manutention.
Un rythme de fabrication de trois tonnes/heure
Grâce au débit important des vis, du broyeur (Disc Mill de 22 kW) et de la capacité de la mélangeuse (3 000 litres), Skiold-Acemo annonce un débit de fabrication de 3 tonnes/heure. "Un mélange de 1,5 tonne nécessite 25 minutes, entre le démarrage du transfert des matières premières jusqu’à l’envoi de l’aliment dans la remorque", affirme Patrick Berthault. La fabrication est pilotée par le logiciel Easyfab Pro 30 de Skiold-Acemo, qui intègre notamment la gestion de l’écartement des disques du broyeur pour agir sur la finesse de la mouture en fonction du type d’aliment fabriqué.
Domoinique Poilvet
Les fournisseurs
Montage Émeraude Élevage Équipement (22, Lamballe)
Cœur de fabrique, logiciel de gestion, élévateurs, transferts, cellules intérieures Skiold-Acemo (56 Pontivy)
Silos tour Vitalac (22, Carnoët)
Cellules extérieures Émeraude Élevage Équipement/Symaga
Présoupe et trémies minéraux Toy (41 Montoire-sur-le-Loir)
Hangar Nicolas Le Foll (22, Plélo)
Maçonnerie RB Maçonnerie (22, Lamballe)
Broyeur gravitaire Esvan (29, Quimperlé)
Hervé Roy, Chambres d'agriculture de Bretagne
"Le tonnage fabriqué amortit facilement le coût"
"L’intérêt de cette fabrique d’aliment est de s’amortir facilement grâce au tonnage important fabriqué, lié à la taille de l’élevage et au fait que tous les aliments sont produits à la ferme, du préstarter au finition. En tenant compte d’un amortissement de 7 ans pour les équipements et de 15 ans pour le stockage et le gros œuvre, on peut estimer un coût lié aux annuités de 18 €/t. À cela s’ajoutent les frais de fonctionnement (entre 3 et 4 €/t), et autres qui portent le coût total de fabrication à 23/25 €/t d’aliment fabriqué. La fonctionnalité de cette FAF devrait limiter le coût de la main-d’œuvre, et la qualité de ses composants (stockage des minéraux en big bag, réglage de la finesse de mouture par le broyeur par matière première et par aliment…) garantit la fabrication d’aliments de qualité. Le stockage des minéraux en big bag est une solution qui permet aussi de contrôler que l’on ne consomme pas plus ni moins de minéraux que prévu."