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Romillé, incubateur de nouvelles technologies

La station expérimentale de l’Ifip teste en partenariat avec des équipementiers les technologies de demain.

L’élevage de précision de l’Ifip situé à Romillé, en Ille-et-Vilaine, qui abrite 200 truies naisseur engraisseur partiel, accueille de plus en plus d’automates et de capteurs développés en collaboration avec des équipementiers français. Il permet la collecte de données, le développement et la validation par l’Ifip d’outils dans des conditions proches de celles du terrain. La station est devenue un incubateur de nouvelles technologies et de solutions numériques pour la mise au point d’innovations (capteurs, automatismes…), le développement et la validation d’outils d’alertes et de pilotage, ainsi que l’évaluation économique de ces innovations. Les travaux de l’Ifip s’attachent à valider le rapport coût/utilité et à s’assurer de la robustesse des technologies pour leur déploiement en élevage de porcs.

L’identification individuelle des animaux par puces RFID tient une place essentielle dans ces programmes de recherche. L’Ifip a notamment installé un dispositif d’alimentation de précision des porcs rationnés dans une salle d’engraissement (Appor-Ademe), qui permet de gérer et de contrôler individuellement l’alimentation de chaque porc charcutier de la case. Les premiers résultats démontrent qu’il est possible de diminuer fortement les rejets azotés, tout en maintenant des performances techniques de qualité.

 

Alimentateurs, abreuvoirs et bascules connectés

En post-sevrage, la station teste des distributeurs d’aliment et des abreuvoirs connectés. Associés à des pesées individuelles, ils permettent de gérer finement l’alimentation et les performances des porcelets. Mais leur objectif est surtout de détecter précocement les pathologies en associant l’analyse du comportement de l’animal (durée, fréquence, horaire d’alimentation et d’abreuvement) à l’évolution de son poids. L’une des salles gestantes possède le même type d’équipement pour les truies équipées de puces RFID. Les DAC (distributeurs automatiques de concentrés) pouvant composer une ration à partir de quatre aliments sont associés à une pesée des animaux à leur entrée, et à des abreuvoirs connectés. Certaines truies sont équipées d’accéléromètres fixés à leur oreille. "On peut relever les temps passés en position couchée et debout, mobile ou pas, indique Michel Marcon, ingénieur bâtiment Ifip. Avec ces données, on calcule précisément l’énergie dépensée par les truies pour se déplacer, qui équivaut parfois à plusieurs centaines de grammes d’aliment par jour. On en tient compte dans la ration distribuée." L’objectif de toutes ces mesures étant d’obtenir des épaisseurs de lard dorsal (ELD) les plus homogènes possible à la mise bas.

Dans leur configuration actuelle, ces automates ne sont pas encore accessibles aux éleveurs. "Nous ne sommes qu’un support terrain aux entreprises pour tester, valider et coconstruire leurs innovations", souligne Michel Marcon. Une compétence récompensée par l’attribution du label Digifermes, porté par le réseau Acta des instituts techniques agricoles. Ce label identifie les exploitations expérimentales qui supportent le développement de solutions numériques innovantes.

 

 

 

L’outil connecté détecte les animaux malades avant l’homme

Asserva commercialise un système d’alimentation et d’abreuvement connecté pour le post-sevrage développé en collaboration avec l’équipe de la station Ifip de Romillé. Son objectif est d’analyser les quantités consommées par chaque animal et de leur fréquence de consommation pour que l’éleveur puisse détecter précocement les animaux malades. Jean-Charles Cantin, éleveur à Maroué dans les Côtes-d’Armor, a été le premier éleveur à avoir fait l’acquisition de cet appareil. Dans quatre cases, il dispose de deux alimentateurs individuels et de deux abreuvoirs. Ils sont conçus pour que les porcelets puissent consommer leur ration ou boire de l’eau sans être dérangés par leurs congénères. Chaque appareil dispose d’une antenne d’identification des porcelets, tous équipés d’une boucle RFID. Les données individuelles d’alimentation et d’abreuvement sont envoyées à un ordinateur situé dans l’élevage. « Sur mon écran, je peux voir en direct l’évolution des consommations d’eau et d’aliment de chaque case et de chaque animal », explique l’éleveur. En fonction des quantités consommées et bues, et des intervalles de temps entre deux repas, un algorithme détermine si l’animal a un problème sanitaire ou non. Les alarmes sont mentionnées sur l’écran de l’ordinateur. « Sans entrer dans la salle, je sais à l’avance s’il y a un problème, dans quelle case il survient, et sur combien d’animaux », explique Jean-Charles Cantin. « Ça me permet d’aller à l’essentiel quand j’entre dans l’élevage. » L’éleveur estime que, installé à grande échelle, ce type d’équipement pourrait permettre un gain de temps considérable, sans compter les économies de médicaments.

L’amortissement du matériel pourrait aussi se faire en optimisant la conduite alimentaire à l’échelle de chaque animal. « L’ordinateur connaît la quantité d’aliment qu’ils ingèrent. Il est donc possible d’automatiser le passage à l’aliment suivant sans avoir à intervenir en cours de bande », souligne Jean-Charles Cantin. Les alimentateurs étant alimentés par deux chaînes d’alimentation, il est aussi possible de faire du multiphase progressif.

 

 

Les puces RFID, c’est quoi ?

La radio-identification, le plus souvent désignée par le sigle RFID (de l’anglais Radio Frequency Identification), est une méthode pour mémoriser et récupérer des données à distance en utilisant des puces électroniques associées à une antenne. Aujourd’hui, il existe suffisamment de types de puces RFID pour couvrir les besoins actuels et futurs de l’élevage. L’identification par radio fréquence peut être de deux natures : passive ou active. L’une, active, nécessite une source d’énergie pour envoyer un signal vers le récepteur. L’autre, passive, est autoalimentée par le récepteur qui l’interroge par l’envoi d’une onde magnétique. La puce RFID passive est la plus prometteuse en élevage car elle ne nécessite pas d’alimentation. En plus du type de puce, il est souvent question de fréquences RFID : basse fréquence (125 kHz), haute fréquence (13,56 MHz) et même ultra haute fréquence (900 MHz). Ce qu’il faut retenir c’est que plus la fréquence est faible, plus la puce doit être proche de l’antenne pour être lue. D’un autre côté, plus la fréquence est élevée, plus elle est sensible aux interférences, à l’eau (même celle du corps des animaux), aux métaux… Autre aspect, plus la fréquence est élevée et moins la puce est coûteuse, de plusieurs euros pour les puces RFID basse fréquence à moins de 50 centimes pour les autres. La RFID possède aussi ses normes de communications. Vous entendrez donc parler de puce HDX qui répond à une antenne après une demande, ou de puce FDX qui répond tant que l’antenne l’interroge.

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