Moins d’ammoniac dans des salles d’engraissement de porc avec une température plus froide
Une étude, menée par l’Ifip, montre que réduire la température ambiante à 16 ou 18 °C permet de baisser les émissions d’ammoniac et de méthane, sans altérer les performances des porcs charcutiers.
Une étude, menée par l’Ifip, montre que réduire la température ambiante à 16 ou 18 °C permet de baisser les émissions d’ammoniac et de méthane, sans altérer les performances des porcs charcutiers.
Selon les mesures réalisées sur trois bandes d’engraissement par l’Ifip à la station de Romillé (Ille-et-Vilaine), des porcs élevés à une température ambiante constante de 16 °C émettent moins d’ammoniac (-42 %) et de méthane (-57 %) qu’à 22 °C.
Lire aussi : Un nouveau bâtiment d'engraissement des porcs thermorégulé à l’Ifip
Dans cette étude, les performances zootechniques des porcs entre 35 et 115 kg n’ont pas été dégradées – croissance, indice de consommation et TMP identique quelle que soit la température de la salle. Les porcs étaient nourris avec le même régime alimentaire.
Lire aussi : Trois solutions pour réduire les émissions d’ammoniac en élevage de porc
Des températures constantes sur l’engraissement
Les essais ont été conduits dans une unité thermorégulée permettant de maintenir la température ambiante constante sur toute la durée d’engraissement. Les porcs charcutiers élevés dans cette unité ont été soumis à trois niveaux de température constante : 16, 18 et 22 °C.
En parallèle, des porcs charcutiers étaient élevés avec une température de consigne de 22 °C dans une salle en ventilation conventionnelle. La température de la salle variait quotidiennement et au cours de l’engraissement, comme dans un bâtiment conventionnel.
Un effet progressif selon la température
La réduction de la température de 22 à 16 °C conduit à limiter proportionnellement les émissions d’ammoniac et de méthane. Les porcs élevés à 22 °C constant sur toute la période d’engraissement ont émis 29 % d’ammoniac en moins que les porcs à 22 °C de consigne en ventilation conventionnelle.
Pour les porcs élevés à 18 et 16 °C, la réduction d’ammoniac a été respectivement de 36 et de 42 %. À ces températures, l’émission de méthane est près de 50 % inférieure à celle de porcs élevés à 22 °C de consigne en ventilation naturelle. La réduction de la température réduit, en effet, l’activité des bactéries méthanogènes du lisier.
Moins d’eau et moins de lisier
Les porcs élevés à températures froides ont consommé près de moitié moins d’eau que ceux élevés à 22 °C en ventilation conventionnelle (4,2 contre 8,1 litres par porc). On n’observe cependant pas de différence entre 16 et 18 °C. Cette moindre consommation d’eau a provoqué une réduction du volume de lisier produit de l’ordre de 25 %.
Un levier prometteur
En France, la température de consigne la plus généralement appliquée est de 22 °C pour être proche de la thermoneutralité des porcs charcutiers. Depuis de nombreuses années, aux Pays-Bas et au Danemark, l’engraissement est conduit à 18 °C, entre autres pour satisfaire aux exigences de réduction d’ammoniac imposées par les réglementations nationales.
Si, dans les conditions d’essais, les températures ont été maintenues constantes sur toute la période d’engraissement, réduire simplement la température de consigne en ventilation conventionnelle ne le permettra pas. Il est alors fort probable que les taux d’abattement seront moins importants. Mais cette pratique pourrait néanmoins se révéler comme un levier intéressant pour réduire l’impact des porcheries sur la qualité de l’air, particulièrement pour les bâtiments existants.
Nadine Guingand, nadine.guingand@ifip.asso.fr