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Méthanisation agricole : une troisième voie entre l’injection et la cogénération testée en 2025

La start-up Sublime Energie dévoile son procédé de liquéfaction du biométhane qui sera testé à la ferme en 2025. Il sera présenté aux agriculteurs au Space puis au Sommet de l’élevage à l’automne prochain.

Présentation du procédé de liquéfaction du biogaz à la ferme à l'école des Mines
Bruno Adhemar, président et cofondateur de Sublime Energie, à gauche et Alain Guillaume, fondateur de Gazéo et pionnier de la méthanisation agricole à droite, lors de la présentation du process innovant de la start-up le 30 mai dans les locaux de l’école des Mines à Paris.
© Nathalie Marchand

Collecter du biogaz à la ferme comme on collecte du lait : l’idée lancée par l’ex-ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll lors d’un salon Biogaz Europe en 2014 est sur le point de se concrétiser. Sublime Energie, start-up Deeptech, spin-off de l’école des Mines, a dévoilé ce 30 mai à Paris sa technologie brevetée de liquéfaction de biogaz à la ferme qui sera testée en grandeur nature en 2025 sur l’exploitation de méthanisation Gazéa dans les Côtes d’Armor. 

Collecter du biogaz à la ferme comme on collecte du lait

Une société créée par Alain Guillaume, pionnier de la méthanisation agricole, aujourd’hui retraité et qui a cédé son exploitation agricole à sa fille Servane (150 truies, 3000 porcs charcutiers par an, 85 ha).

Relire : Comment Sublime Energie compte développer la méthanisation à la ferme ?

Un démonstrateur testé en Bretagne en 2025

Après les validations techniques du process sur le premier démonstrateur de laboratoire (Bravo installé au CES à Palaiseau en 2022), les équipes de Sublime Energie vont installer un deuxième démonstrateur accolé au méthaniseur Gazéa (12 à 13 000 t de biomasse méthanisée par an avec un contrat de 450 KWh) au deuxième semestre 2025.
 

Une technologie de liquéfaction du biogaz aux résultats prometteurs

Le principe : le biogaz issu de la méthanisation est traité directement à la ferme (filtre, séchage, compression et refroidissement) puis dissout dans une citerne avec un agent de portage une molécule très courante sur le marché », selon Inès Ben El Mekki, directrice de la conception technique de la start-up), ce qui permet ensuite de le transporter facilement vers un hub où seront séparés le bio GNL du Bio CO2 par distillation avant leur commercialisation. 

Les résultats de la première phase ont permis d’obtenir un biogaz d’une composition de 50% en CH4 et 50% en CO2 (avec une marge erreur de + ou – 3%).

L’installation de la première série commerciale est prévue pour la fin 2026, en mutualisant la production d’une dizaine de méthaniseurs.

Lire aussi : Le premier projet de captage et stockage de carbone issu de la biomasse va voir le jour dans la région de Nancy

Une opportunité pour certaines exploitations agricoles

« On souhaite démocratiser la production de biogaz à la ferme, et donner l’opportunité aux exploitants agricoles n’ayant pas assez de biomasse pour la cogénération ou trop loin des réseaux pour l’injection de faire de la méthanisation avec un nouveau business model » explique Bruno Adhemar, président et cofondateur de Sublime Energie.

On souhaite démocratiser la production de biogaz à la ferme

La start-up vise des exploitations agricoles types avec 100 vaches laitières, 85 hectares (pour environ 10 000 tonnes d’intrants par an) pour des méthaniseurs alimentés à 60% par des effluents d’élevage et des Cives.

Lire aussi : Méthanisation agricole : avantages, inconvénients et perspectives selon l'Ademe

Quel modèle d’affaire proposé par Sublime Energie ?

Le modèle d’affaire : « on va créer des sociétés de projet qui vont acheter le biogaz avec des contrats à long terme permettant à l’agriculteur de faire l’investissement d’un méthaniseur, décrit Bruno Adhemar, la société vendra ensuite le gaz, le biodigestat restant la propriété de l’agriculteur ». Les équipements de liquéfaction et leur maintenance seront vendus par Sublime Energie à la société de projet auxquels pourront participer divers acteurs : des agriculteurs, des coopératives, des clients de biogaz et des territoires.

Le bio GNL pourra être utilisé dans des tracteurs et des camions, le bio CO2 étant commercialisé auprès de serres ou IAA ou séquestré, projette la start-up.

Lire aussi : Méthanisation en Bretagne et Pays de la Loire : état des lieux en chiffres clés

Une solution pour les méthaniseurs agricole sen fin de contrat ?

Entreprise à mission, Sublime Energie, vise à proposer aux agriculteurs une troisième voie rentable entre la cogénération et l’injection avec un coût d’investissement réduit dans la méthanisation (1 à 1,5 million d’euros) et des installations plus facilement acceptables par le voisinage.

La technologie de Sublime Energie pourrait être aussi intéressante pour des agriculteurs comme Alain Guillaume, engagés très tôt dans la méthanisation et qui arrivent au bout de leur contrat de 15 ans avec les sociétés d’énergie. 

Lire aussi : Méthanisation agricole : « Il faut donner de l’oxygène à la cogénération qui s’essouffle »

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