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Déchets agricoles
Le premier projet de captage et stockage de carbone issu de la biomasse va voir le jour dans la région de Nancy

Le captage et stockage du carbone issu de la biomasse est encore une solution peu connue pour atteindre l’objectif de neutralité carbone mais il commence à se développer. Ainsi dans la région de Nancy, le tout premier projet en France va voir le jour dans trois sites distincts alimentés avec des déchets agricoles. Le potentiel de réplication est significatif sur des centaines d’installation de biométhane dans le pays.

premier projet captation carbone biomasse nancy
L’installation de Haraucourt-sur-Seille, en Moselle.
© South Pole

Développé par les entreprises Carbon Impact, South Pole et Airfix dans la région de Nancy, ce tout premier projet de captage et stockage du carbone issu de la biomasse (Bioénergie avec captage et stockage de dioxyde de carbone, en anglais BECCS, Bioenergy with Carbon Capture and Storage+) sur unités de biométhane en France porte donc dans un premier temps sur trois sites distincts, avec un potentiel de réplication significative couvrant des centaines d'installations de biométhane dans le pays. 

Lire aussi : Bioéconomie : la France peut mieux faire pour exploiter durablement sa biomasse

 

Le CO₂ sera capturé et liquéfié sur place

En pratique, les déchets agricoles (en majorité du fumier et du lisier) provenant des fermes d’agriculteurs membres des coopératives sont actuellement acheminés vers des installations de méthanisation locales : Meurthenergie à Azerailles, Mortagne Environnement à Gerbéviller et Méthanisation Seille Environnement à Haraucourt-sur-Seille. Au sein de ces installations, le CO₂, aujourd’hui libéré dans l’atmosphère, pourra grâce à ce projet être capturé et liquéfié sur place, avant d’être transporté jusqu'à l'opérateur de stockage en Norvège puis jusqu’au site de stockage permanent sous la mer du Nord, où le CO₂ restera séquestré pendant des millénaires.

 

Lire aussi : Méthanisation agricole : une troisième voie entre l’injection et la cogénération testée en 2025

Les entreprises appelées à acquérir des crédits carbone

Les trois coopératives agricoles sont prêtes à investir immédiatement dans ce projet inédit en France. Cependant, leur financement reste conditionné à l’engagement préalable des entreprises à acheter dès aujourd’hui des crédits carbone qui seront générés seulement à partir de 2026. C’est pourquoi South Pole, Airfix et Carbon Impact appellent les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs à les rejoindre et à acquérir dès aujourd’hui des crédits carbone dans ce projet.

Lire aussi : Crédits carbone en grandes cultures : quelle rentabilité en attendre ?

 

Une coopération entre trois acteurs : Carbon Impact, South Pole et Airfix 

Pour lancer ce projet pionnier, une collaboration entre différentes parties prenantes spécialisées est essentielle, en vue d’une mise en opération prévue à partir de 2026, visant à séquestrer environ 10 000 tonnes de CO₂ par an

South Pole : créée en 2006, South Pole conseille et accompagne les organisations pour accélérer leur transition climatique. En tant qu’expert en développement de projets certifiés, l’entreprise s’engage dans le développement d'actifs carbone conformes aux normes de qualité reconnues par l’alliance internationale pour la réduction et la compensation du carbone (ICROA en anglais, International Carbon Reduction and Offset Alliance). Elle est chargée de la vente des crédits carbone du projet.

Carbon Impact : cofondé par des experts de l’énergie, Carbon Impact est développeur français de projets d’élimination du carbone. L’entreprise dirigera la mise en œuvre de l'infrastructure en collaboration étroite avec les trois propriétaires locaux d’unités de production de biométhane.

Airfix : filiale de South Pole, Airfix est une société spécialisée dans les technologies de captage et stockage de carbone. Elle coordonne le transport et le stockage de la chaîne de valeur du projet et en assure la monétisation via des crédits carbone à long terme.

Lire aussi : Crédits carbone : 3,2 millions d'euros versés à 400 agriculteurs pour la régénération des sols

 

BECCS : quels avantages pour les agriculteurs ?

Feuille de route européenne visant à faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre, le Pacte vert pour l'Europe publié en 2019 considère les projets de capture du carbone comme un élément important de la transition, et la Commission européenne s’est déjà engagée à « investir dans les technologies de captage et de stockage du carbone » dans son plan d'investissement pour une Europe durable. 

L’adoption de plus en plus large de pratiques agricoles durables ou la réduction des émissions de méthane, conjuguées à la production d’énergie renouvelable sur les terres agricoles font partie des leviers mis en avant dans le Pacte vert pour l’Europe afin de favoriser la réduction les émissions de gaz à effet de serre en milieu agricole. Alors que le monde agricole traverse une crise profonde, l'élimination du carbone peut offrir une nouvelle source de revenu pour les agriculteurs.

Lire aussi : Crédits carbone validés par IA : les 9 points du concept d’Agreena

 

Une capacité de déploiement à l’échelle mondiale et européenne

Le potentiel des BECSC est immense à l’échelle mondiale et en Europe. Une étude de 2021 combinant l'ingénierie des procédés et l'évaluation géospatiale a ainsi estimé que jusqu'à ~ 200 000 000 t CO₂ d'origine biogénique pourraient être éliminées chaque année en Europe. Cela représentait 5 % des émissions européennes en 2018. Un autre rapport suggère qu'avec un déploiement ambitieux, la capture technologique du carbone pourrait, d'ici 2050, éliminer jusqu'à 800 000 000 t CO₂ de l'atmosphère chaque année en Europe, en utilisant la biomasse durable disponible

 

10 millions de tonnes de CO₂ incompressibles pourraient être compensées chaque année en France grâce au BECSC

La France émet actuellement 400 millions de tonnes de CO₂ par an. Cette première initiative BECSC a pour ambition de séquestrer environ 10 000 tonnes de CO₂ par an à compter de 2026. Avec 591 unités de méthanisation, l’enjeu de développer cette technologie est de taille. En 2050, la France prévoit que 10 millions de tonnes de CO₂ incompressibles soient compensées chaque année grâce au BECSC. Les projets BECSC sont ainsi particulièrement attractifs pour les entreprises souhaitant investir aujourd'hui dans les technologies d'élimination du carbone et qui pourront ensuite être déployées à leur plein potentiel de marché dans cinq à dix ans.

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