Aller au contenu principal

Les porcs mâles entiers augmentent le taux de jambons déstructurés

Face à la nouvelle réglementation sur la pratique de la castration des porcelets, des questions se posent sur les alternatives à cette pratique. L'Ifip a réalisé une étude qui s’intéresse à la qualité de viande des mâles entiers.

La caméra installée dans le CSB-Jamboflash analyse la couleur de la viande.
La caméra installée dans le CSB-Jamboflash analyse la couleur de la viande.
© Ifip

Le défaut déstructuré est un problème majeur de qualité de viande qui touche l’intérieur des muscles de la cuisse. Il provoque des pertes importantes lors de la fabrication du jambon cuit supérieur : baisse du rendement cuisson et hausse des pertes au tranchage. Même si l’effet de la production de mâle entier sur la qualité de viande est assez largement documenté concernant le pH notamment, les conséquences de l’arrêt de la castration sur le taux de jambons déstructurés sont peu connues. L’Ifip a donc mis en place une étude exploratoire sur 10 125 jambons en abattoir pour apporter une première évaluation en attendant une étude plus complète en 2023-2024. Dans cette enquête, le taux de jambons déstructurés est de 12,5 % pour les mâles entiers, d’un niveau équivalent à celui des femelles (11,7 %).

 

 
Les viandes déstructurées, reconnaissables par leur couleur pâle, engendrent des problèmes de qualité technologique du jambon.
Les viandes déstructurées, reconnaissables par leur couleur pâle, engendrent des problèmes de qualité technologique du jambon. © Ifip

Cependant, il est supérieur à celui de la population de mâles (9,5 % de défaut déstructuré seulement, un taux significativement inférieur à celui observé chez les femelles). Sur l’ensemble de l’essai, 11,3 % des jambons ont ainsi été classés déstructurés par l’outil de mesure CSB-Jamboflash développé par l’Ifip (voir encadré). Ce taux reste faible en comparaison des 19 % observés en 2019 par l’Ifip sur 10 000 jambons dans cinq abattoirs. Mais il peut s’expliquer par le fait que 40 % des jambons ont subi un tri à pH 5,60, le pH étant un facteur de risque important du défaut déstructuré.

Reconnaissance du défaut par caméra

Les premiers travaux ont consisté en une enquête en abattoir directement réalisée sur la ligne de désossage, sur une production « tout-venant ». La comparaison entre les trois sexes est possible en abattoir en utilisant la femelle comme témoin. Cela permet de soustraire l’effet du jour d’abattage et de l’élevage qui sont connus pour avoir un effet important sur la qualité de viande. La régularité de cette évaluation a été garantie par l’utilisation du système CSB-Jamboflash. L’identification du sexe a été réalisée sur jambon avec os et couenne au début de la ligne de désossage par l’observation de plusieurs caractéristiques : degré de développement de la prostate et du canal déférent, quantité de gras sous-cutané recouvrant le muscle semi-membraneux, absence de couenne sur la zone des testicules.

 

 
Les porcs mâles entiers augmentent le taux de jambons déstructurés

La traçabilité du type sexuel a ensuite été garantie par l’usage d’étiquettes colorées qui ont suivi chaque jambon jusqu’à son entrée dans le système CSB-Jamboflash où la notation du défaut a été affectée automatiquement à la couleur de l’étiquette par analyse d’image. La mise en œuvre d’une enquête sur ligne de production peut poser certains problèmes de biais : un tri est pratiqué en atelier de découpe où seule une partie de ces jambons seront sélectionnés pour être désossés. Les critères de sélection concernent principalement le poids, le TMP et le pH ultime du jambon. Ces critères sont identiques quelle que soit l’origine de l’élevage. Ils n’évoluent pas dans le temps. Malgré tout, un biais entre sexe reste possible si le tri entraînait un déséquilibre entre sexe intra élevage et intra jour d’abattage. La multiplication des jours d’observations (18 au total) a été mise en œuvre afin de limiter ces risques.

Antoine Vautier, antoine.vautier@ifip.asso.fr

CSB-Jamboflash détecte les jambons déstructurés

L’Ifip a mis au point un appareil utilisant une caméra pour trier les jambons désossés selon leur qualité technologique afin d’écarter le défaut déstructuré. Son principe repose sur les liens existants entre la couleur d’une région anatomique et la qualité de viande. L’appareil est installé sur un convoyeur en fin de ligne de désossage. Le développement industriel a été confié à un partenaire allemand, la société CSB System, qui propose un système de traitement des images à haute cadence.

Les plus lus

<em class="placeholder">Les références GTTT et GTE sont à nouveau accessibles sur le site internet de l&#039;Ifip</em>
Forte progression des résultats technico-économiques des élevages de porc en dix ans

Selon les données de GTE et de GTTT à nouveau diffusées par l’Ifip, les performances techniques des élevages français ont fait…

<em class="placeholder">Fabien Sabourin : « Le gain technico-économique global est estimé à 175 000 euros annuels, soit 23,30 euros par porc produit. »</em>
"J'ai investi dans un nouveau bâtiment de porc en engraissement pour une meilleure rentabilité"

La Scea Le Mignon se dote d’un nouvel engraissement de 2 556 places. Moderne et innovant, l’installation doit permettre…

<em class="placeholder">Florence Guého et Jérémy Mainguy, SARL de la ville Corvec : « La gestion des performances bande par bande nous permet d&#039;être hyper réactifs. »</em>
« Avec le suivi à la bande, nous chiffrons l’impact de nouvelles stratégies de notre atelier porc»
À la SARL de la Ville Corvec, le suivi à la bande proposé par Nutrifirm a permis aux éleveurs d’améliorer leurs performances…
<em class="placeholder">Valérie Courboulay, Ifip-Institut du porc</em>
Propositions de l'EFSA : le coût du bien-être animal estimé à 10 milliards d'euros pour la filière porcine 

Une étude de l’Ifip chiffre à plus de dix milliards d’euros pour la filière porcine française le coût des principales mesures…

Une maternité pour truies en liberté apportant du confort de travail

À l’EARL Le Lann à Cléden-Poher dans le Finistère, Mathis et Estelle Talec ont investi en 2024 dans une maternité neuve…

<em class="placeholder">Thierry Boulet, Porc Amor Évolution et Jean Jacques Breton, SCEA Kerroc’h : « Investir dans un post-sevrage pour améliorer la cohérence de l’élevage a permis de ...</em>
« J’ai renforcé la cohérence de mes bâtiments porcins pour produire plus à moins cher ».

À la SCEA de Kerroc’h, le nombre de kilos produits a progressé d’un tiers et le prix de revient a baissé de 0,16 euro le…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)