Les filières animales françaises moins compétitives
Le projet Compani, piloté par l’UMR Smart-Lereco de l’Inra, analyse la compétitivité des filières animales en regroupant plusieurs travaux qui s’intéressent à ses différentes dimensions. La position de la France par rapport à ses concurrents se dégrade entre 2000-2009 et 2017, malgré une balance commerciale stable : le solde commercial avec l’Union européenne se détériore, en particulier dans les secteurs porcin (-721 M€) et avicole (-764 M€). La baisse de la France dans le total des exportations mondiales s’explique à 40 % par la spécialisation géographique (les pays de destination ont une demande peu dynamique) et à 10 % par la spécialisation sectorielle (les types de produits exportés ne correspondent que partiellement à la demande). Les 50 % restant sont des facteurs de « compétitivité pure » : le coût du travail, la productivité des entreprises, la qualité perçue des produits par les consommateurs, les barrières aux échanges. Selon les auteurs, le coût du travail, pour lequel la France est désavantagée par rapport à une partie de ses concurrents, n’expliquerait qu’une part limitée de la vulnérabilité française aux importations européennes. En revanche, les gains de productivité sont particulièrement faibles depuis vingt ans dans les filières animales françaises, en particulier dans les industries agroalimentaires. Les stratégies de différenciation par la qualité jouent un rôle prépondérant dans la capacité des filières à rivaliser avec la concurrence et doivent être encouragées.
Avis d’expert : Lisa Le Clerc, Ifip-Institut du porc
« Productivité et qualité sont toutes deux à considérer »
« Cette étude fait écho à plusieurs points déjà soulevés par l’Ifip dans l’analyse de la compétitivité des filières porcines. Les différences de qualité perçue, selon divers attributs (conformité, qualité technologique des viandes, etc.), et d’adaptation des produits aux marchés sont l’une des causes importantes des écarts de performance commerciale. Si les écarts de coût du travail avantagent certains pays comme l’Allemagne et l’Espagne, ils n’expliquent pas totalement les différences de performance. Néanmoins, ils peuvent expliquer les différentiels de compétitivité-prix sur les produits à forte valeur ajoutée, qui font que les entreprises françaises s’isolent dans les segments les moins rémunérateurs. Les investissements couplant des objectifs de productivité et de qualité sont probablement une voie à explorer pour gagner en compétitivité sur des segments de marché plus rémunérateurs. »