Le lien au sol améliore la viabilité des exploitations porcines
La chambre d’agriculture des Pays de la Loire démontre que l’efficacité économique des exploitations détenant un élevage de porcs se renforce quand le lien au sol est important. Ces exploitations ont aussi un meilleur bilan énergétique.
La chambre d’agriculture des Pays de la Loire démontre que l’efficacité économique des exploitations détenant un élevage de porcs se renforce quand le lien au sol est important. Ces exploitations ont aussi un meilleur bilan énergétique.
À partir d’une enquête réalisée auprès de vingt élevages de la région des Pays de la Loire, la chambre d’agriculture de cette région a mis en évidence l’intérêt d’un fort lien au sol sur l’efficacité économique et la viabilité des élevages de porcs. Une conclusion révélée au travers de trois critères comptables : la marge brute globale de l’exploitation pour l’autonomie économique, l’excédent brut d’exploitation (EBE) pour son efficacité économique et le revenu disponible pour sa viabilité. Ces trois critères ont été calculés pour trois systèmes d’exploitation qui se différencient selon leur lien au sol.
Le système avec un fort lien au sol (220 truies NE, 140 ha de SAU, FAF intégrale) obtient une marge brute globale par UTH supérieure aux deux autres systèmes. Elle est de 152 000 euros/UTH, contre 114 000 € pour un lien au sol moyen (220 truies NE, 80 ha de SAU, FAF partielle) et 108 000 euros pour une exploitation hors sol (200 truies NE, 14 ha de SAU, aliments du commerce). "La complémentarité entre la production porcine et les cultures explique cette meilleure marge", explique Anna Bordes, conseillère spécialisée à la chambre d’agriculture de la Mayenne. "D’une part l’autonomie plus importante permise par le lien au sol permet de réduire le prix moyen des aliments, et donc d’améliorer la marge brute par truie de l’élevage." D’autre part, Anna Bordes chiffre l’économie liée à la valorisation des effluents à près de 15 000 euros. Enfin, la valorisation des céréales par une fabrique d’aliment réduit la sensibilité de l’exploitation aux fluctuations de prix. Il faut souligner cependant que ces marges sont calculées sur la base de performances techniques identiques entre les systèmes de production, un préalable parfois contredit par d’autres références (CER Bretagne notamment). "L’enquête préliminaire n’a pas permis de montrer de différences entre les élevages de chaque système", justifie Anna Bordes.
Cette notion d’efficacité économique s’exprime par le ratio "Excédent brut d’exploitation (EBE)/produit brut". Dans l’étude de la chambre d’agriculture, il passe de 15 % pour un élevage hors sol à 21 % pour le système intermédiaire, et 30 % pour le système à fort lien au sol. "Cette meilleure efficacité économique pour l’élevage associé à des cultures s’explique bien sûr par sa meilleure marge brute, mais aussi par une meilleure dilution des charges de structure et de main-d’œuvre", explique Anna Bordes. Ramené à l’UTH familial, l’EBE est de 131 000 euros pour le système avec un fort lien au sol, contre 110 000 euros pour l’élevage hors sol.
La chambre d’agriculture des Pays de la Loire démontre au final une meilleure viabilité des exploitations avec un fort lien au sol, au travers du revenu disponible (EBE auquel on retranche les annuités) dégagé par l’exploitation. Ce système dégage 3,2 Smic par UTH familial, contre 2,3 Smic pour le système intermédiaire et 2 Smic pour l’exploitation hors-sol. "Un lien au sol important combiné à la FAF intégrale permet de dégager plus de revenu disponible pour investir à la fois dans le foncier et dans les bâtiments d’élevage", constate Anna Bordes, qui souligne également la meilleure transmissibilité de ces outils.
Plus d’émissions de GES à cause du tourteau de soja
À ces considérations économiques s’ajoutent les aspects énergétiques, également en faveur des exploitations avec un fort lien au sol. "Le coût énergétique des cultures autoconsommées (engrais, phytosanitaires, fioul, matériel) est inférieur au coût en énergie de l’équivalent aliment acheté à l’extérieur", souligne Philippe Grimaud, de la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire. Cependant, les exploitations qui valorisent leurs céréales ont un impact environnemental plus important sur les émissions de gaz à effet de serre (GES), à cause essentiellement d’une utilisation importante de tourteau de soja importé.
Anna Bordes tient à préciser le cadre de cette étude, dont l’objectif est de comparer trois systèmes d’exploitation en fonction de leur lien au sol, et non de mesurer l’intérêt de la FAF, même si le système le plus performant passe par l’autoconsommation des céréales produites sur l’exploitation. "Si on veut uniquement mesurer l’impact de la FAF sur les performances économiques d’un élevage, il faut comparer les élevages sans lien au sol qui achètent leurs aliments et ceux qui les fabriquent en achetant les matières premières", explique-t-elle. Une étude qui devrait prochainement être menée par les chambres d’agriculture des Pays de la Loire, et dont les conclusions seront intéressantes à comparer avec une enquête similaire publiée récemment par Nutrinoé, l’association qui regroupe les fabricants d’aliment industriels bretons.
Dominique Poilvet
"Le lien au sol, un levier très fort de compétitivité"
"Cette étude démontre clairement que la maîtrise du coût de production de nos élevages de porcs passe par un renforcement du lien au sol. Ce qui signifie non seulement la possibilité de fabriquer ses aliments et de réduire son coût alimentaire, mais aussi d’être plus autonome dans son plan d’épandage et de bien valoriser ses effluents. Par ailleurs, la proximité des matières premières utilisées dans l’alimentation donne une meilleure image à notre production et nous permet de communiquer sur la durabilité de nos élevages. C’est pourquoi les exploitations porcines doivent avoir toute leur place dans l’attribution du foncier, au même titre que les productions bovines."