« La sociabilisation des porcelets en maternité m’apporte beaucoup d’avantages »
Depuis deux ans, Ségolène sociabilise ses porcelets en maternité. Elle y voit de nombreux avantages sur ses conditions de travail, via la praticité et le gain de temps, et sur ses porcelets en leur offrant plus d’espace disponible et moins de stress au sevrage.
Depuis deux ans, Ségolène sociabilise ses porcelets en maternité. Elle y voit de nombreux avantages sur ses conditions de travail, via la praticité et le gain de temps, et sur ses porcelets en leur offrant plus d’espace disponible et moins de stress au sevrage.
Lors de la reprise de son élevage en juillet 2021, Ségolène Poulard, installée en Ille-et-Vilaine a aussitôt testé et adopté la sociabilisation des porcelets en maternité.
Connaissant déjà la pratique après avoir lu plusieurs articles de presse, elle n’a pas hésité à la mettre en place.
Un protocole de sociabilisation réfléchi
Dans une maternité de dix places, elle constitue deux groupes de trois portées et un groupe de quatre portées. L’accès entre les cases se fait par les couloirs avant et arrières. Les mises bas ont surtout lieu les jeudis et vendredis mais durent parfois jusqu’au dimanche. Deux jours avant la sociabilisation, les portées sont équilibrées en nombre de porcelets par des adoptions. La sociabilisation commence à partir du vendredi qui suit les mises bas, soit entre cinq et sept jours d’âge. « Ce jour correspond au lendemain du sevrage de la bande précédente, car j’utilise les mêmes cloisons qui servent à faire les groupes pour chaque bande », explique-t-elle. Il va de soi qu’elles sont systématiquement lavées et désinfectées entre deux bandes. L’ouverture des cases se fait au cas par cas. Si l’éleveuse constate la présence de diarrhées dans l’une d’elles, elle attend pour mettre les porcelets en contact avec d’autres portées. « Lors de la sociabilisation, les truies sont surprises, mais elles s’habituent rapidement, en un ou deux jours. Ensuite elles reprennent le cours de leur vie. » Les porcelets explorent aussitôt les autres cases. Les bagarres ont lieu durant les deux ou trois premiers jours, mais les griffures sont bien moins importantes que celles constatées en post-sevrage avant la mise en place de la sociabilisation. « Au début, les porcelets ont tendance à se coucher près d’une truie qui, on suppose, est leur mère. Puis au fur et à mesure, ils se couchent n’importe où, même dans les couloirs. » Pour apporter un complément alimentaire au lait maternel, elle ajoute du lait aux porcelets dès la mise bas et installe un nourrisseur par lot sociabilisé 15 jours après la mise bas. Au sevrage, les groupes sociaux restent inchangés et sont allotés ensemble dans les cases de post-sevrage. Les porcelets plus petits sont tous réunis dans le couloir avec de l’eau et de l’aliment. Ils intègrent plus tard une case. Pour faciliter leur adaptation, un objet manipulable est ajouté dans la case. Si l’intégration ne se déroule pas bien, ils sont regroupés avec leurs congénères en engraissement. « Je voulais voir courir les porcelets et leur donner plus de surface disponible, argumente Solène. Les cases sont trop petites, étant dimensionnées à l’origine pour sevrer 11 porcelets. » Elle souhaitait également avoir plus de place pour ajouter des augettes de lait, pour aider les petits porcelets au démarrage, et obtenir un meilleur poids de portée au sevrage.
Moins de travail en maternité
À l’usage, Ségolène est satisfaite de cette pratique. Elle constate qu’elle gagne du temps de travail en maternité et au sevrage, environ 15 minutes d’après elle. « Avant, c’était dur de les faire sortir pour les sevrer. Maintenant, ils sortent facilement, c’est pratique. C’est un bonheur. » Elle souligne que les porcelets profitent effectivement de l’espace disponible en maternité et qu’ils consomment mieux. Le poids au sevrage est passé de 7,5 kg à 8,2 kg en moyenne. De même, les bagarres en post-sevrage sont limitées, ce qui engendre moins de stress pour les porcelets. « J’entends moins de couinements en post-sevrage, ils se rendent moins compte qu’il n’y a plus leur mère. » Mis à part des couloirs de circulation parfois plus sales, l’éleveuse ne voit pas d’inconvénients à cette pratique. De son point de vue, la sociabilisation peut cependant être moins applicable dans une grande salle de maternité car cela multiplie le nombre de cloisons à enjamber si les portées ont accès aux couloirs. Les trappes entre les cases sont peut-être plus pratiques sur des plus grands effectifs. « Il faut tenir compte de la praticité, la faisabilité et l’envie de l’éleveur pour envisager la sociabilisation des porcelets », conclut-elle.
Camille Gerard, camille.gerard@bretagne.chambagri.fr
Repères
Une enquête a été menée par les Chambres d’agriculture de Bretagne dans 17 élevages naisseur-engraisseur ou maternité collective pour faire un état des lieux de l’usage de la sociabilisation en élevage. Une grande diversité des pratiques a été constatée : il y a autant de méthodes que d’élevages. Les résultats sont à venir.
Mes conseils
Camille Gérard, Chambres d’agriculture de Bretagne
La sociabilisation n’est pas généralisable à tous les élevages. Il est nécessaire d’étudier le ratio bénéfices/risques avant de la mettre en place. Dans les élevages où le niveau sanitaire est dégradé, elle n’est probablement pas une pratique à développer en première intention.