La Chine prépare déjà l’après fièvre porcine africaine
Les autorités chinoises veulent rétablir la production rapidement. Les grands groupes présents dans le pays pourraient en profiter.
Les autorités chinoises veulent rétablir la production rapidement. Les grands groupes présents dans le pays pourraient en profiter.
Le porc représente les deux tiers de la consommation de viande de la Chine. Une importance qui pousse d’ores et déjà les autorités chinoises à préparer l’après fièvre porcine africaine (FPA) alors que l’épizootie touche toujours de plein fouet le pays. En août, le gouvernement central a annoncé la mise en place d’une nouvelle politique globale visant à rétablir la production porcine chinoise, témoignait Jian Huang, expert de l’institut technique du porc (Ifip) en Chine, le 11 septembre lors d’une conférence au Space. Parmi les mesures annoncées, l’indemnisation des élevages touchés par la maladie et la réduction des délais administratifs. Certaines interdictions qui, jusque-là, limitaient le développement des élevages ont été levées. La restriction des zones constructibles a été supprimée, tout comme l’interdiction de construire des bâtiments sur des terres cultivables. De nouvelles mesures pour encourager les investissements ont également été prises. Les autorités chinoises ont annoncé vouloir aider la construction de nouvelles installations. Les élevages pourraient toucher jusqu’à 5 millions de yuans (650 000 €) de subvention, dans une limite de 30 % de l’investissement total (1). Ces incitations à produire cibleraient particulièrement les grands producteurs, susceptibles de mieux maîtriser la production que les petits élevages familiaux.
Vers une concentration de la production
« Nous allons assister à une très profonde modification de la structure de la production porcine chinoise », assure Philippe Gréau, consultant en Chine pour l’entreprise de biotechnologies Olmix. « Des groupes énormes vont se créer. Je ne serais pas étonné si les 24 grandes entreprises présentes aujourd’hui dans le pays détiennent dans quelques années 80 % du cheptel », poursuit-il. En effet, les prix actuels du porc sur le marché (4,37 euros le kilo carcasse, début septembre) permettent aux entreprises capables d’investir massivement dans la biosécurité de se développer. Et pour certains grands groupes, les mesures sanitaires mises en place sont colossales. Une analyse PCR est pratiquée sur chaque employé avant d’entrer dans l’élevage. Les résultats tombent au bout de 6 heures. « S’il est contaminé, c’est dehors », explique Philippe Gréau. S’ensuit une période de quarantaine de quelques jours, avant d’être envoyé pour deux mois dans l’exploitation avec interdiction absolue d’en sortir pour éviter toute contamination accidentelle.
Début de pénurie
En attendant, la pénurie s’installe dans le pays. Des tickets de rationnement ont été mis en place dans certaines provinces. À la mi-septembre, la Chine a annoncé le déstockage de 10 000 tonnes de viande de porc congelée issue de ses réserves stratégiques, afin de satisfaire la demande de la population à l’approche des 70 ans du régime. Une mesure qui paraît cependant dérisoire : les Chinois consomment habituellement 1 million de tonnes de viande de porc par semaine.