La biosécurité, meilleur rempart contre la contamination par la grippe
Sur la base d’une étude dans 125 élevages, l’Anses a précisé les principaux facteurs associés à la maladie.
Sur la base d’une étude dans 125 élevages, l’Anses a précisé les principaux facteurs associés à la maladie.
La biosécurité interne et externe et la maîtrise de l’ambiance dans les salles sont clairement identifiées comme des éléments essentiels.
Une forte densité porcine de la zone où se situe l’élevage, les mélanges d’animaux, la surcharge et une mauvaise gestion de l’ambiance (en particulier des températures trop basses) sont les principaux facteurs associés à la présence de souches H1N1 et H1N2 dans les élevages. C’est ce que démontre une vaste enquête épidémiologique conduite par Christelle Fablet, de l’Anses Ploufragan. L’étude a consisté à relever dans 125 élevages du Grand Ouest les différentes pratiques : conduite d’élevage, conditions climatiques… Et réaliser des prises de sang et des analyses en laboratoire afin de mettre en évidence les facteurs associés à l’infection de porcs charcutiers.
Premier constat, 60 % de ces élevages se sont avérés « positifs » vis-à-vis du virus H1N1, 58 % vis-à-vis de H1N2 et 35 % vis-à-vis des deux, ce qui prouve que dans ces élevages, elles ont toutes deux circulé.
En étudiant les facteurs associés à la présence des virus, l’enquête met d’abord en évidence le facteur « densité porcine », le « seuil » se situant à plus de deux élevages dans un rayon de deux kilomètres autour du site de production. Christelle Fablet constate qu’il existe peu de données sur la transmission du virus grippal dans l’air et sa capacité à « voyager ». Elle rapporte une étude conduite aux États-Unis qui a prouvé que le virus pouvait être retrouvé à deux kilomètres de l’élevage infecté, mais la maladie n’a pas pu être reproduite à partir de cet air contaminé, peut-être en raison d’une charge virale trop faible ou bien un virus « mort ».
Concernant la conduite d’élevage, la taille des salles et le nombre de porcs par case sont des facteurs associés à la grippe. L’étude situe le risque à plus de 28 porcelets par case de PS pour le H1N1 et pour des salles de plus de 110 porcs par salle d’engraissement pour le H1N2. La gestion de l’ambiance est primordiale, en particulier la température (seuil de 25 °C mini en maternité, 24 °C en PS). Christelle Fablet émet l’hypothèse que des températures trop basses pourraient diminuer le niveau des défenses immunitaires des porcelets. Par ailleurs, pour les deux souches, les mélanges d’animaux au sein d’une même bande ou entre deux bandes différentes sont des facteurs qui ressortent particulièrement dans cette étude, tout mélange risquant de mettre en contact direct ou indirect des animaux de statuts différents vis-à-vis du virus.
Enfin, le respect des règles d’hygiène en général est un élément majeur, entre autres le vide sanitaire qui permet de limiter la pression d’infection entre bandes. Sous réserve qu’il soit correctement réalisé. Sur ce point Philippe Leneveu, vétérinaire, rappelle les travaux de l’Ifip qui ont mis en évidence l’intérêt du séchage des salles après un nettoyage/désinfection de 48 heures, et le risque de recontamination des salles en cas de vide sanitaire trop long.