Bien-être animal : « Nous avons investi dans une maternité liberté pour pérenniser l’exploitation »
Installés en 2020, Clément Betard et sa mère, Christine, ont créé une maternité liberté bien-être pour répondre aux normes de demain et améliorer les performances et les conditions de travail.




« Enfant, j’étais plus attiré par les tracteurs. Mon père m’a intéressé à l’élevage. Et je me suis pris de passion pour l’élevage porcin et son côté technique. »
En 2020, après un BTS Asce, un certificat de spécialisation porcin, puis trois ans comme salarié responsable porc sur une autre exploitation, Clément Betard, 28 ans aujourd’hui, s’est donc installé en Gaec avec sa mère, Christine, 59 ans, sur l’exploitation familiale encore gérée par son père, Pascal.
Depuis 2020, le Gaec Longeatière, à Terval (Vendée), qui compte 160 truies naisseur-engraisseur, 75 vaches allaitantes et 100 hectares de SAU, regroupe donc Clément, qui s’occupe des inséminations, des gestantes et de l’engraissement, Christine, qui gère la maternité et les gestantes, et Pascal, qui pilote l’atelier bovin et les terres. Pendant quatre ans, l’atelier porc a fonctionné avec les bâtiments existants. « Mais la maternité datait de 1984, même si elle avait été réaménagée ensuite avec des cages sur bac à lisier, expliquent les éleveurs. Les truies étaient bloquées et il y avait des écrasements. Sur 15,8 porcelets nés vivants par portée, elles ne sevraient que 12 porcelets. De plus, l’alimentation se faisait à sec, avec une distribution au seau très éprouvante physiquement. »
Réduire les écrasements
Pour préparer l’avenir, le Gaec a donc choisi d’investir dans une maternité liberté bien-être. « Des truies en liberté entrent dans ma conception de l’élevage qui est de prendre soin des animaux, souligne Clément. De plus, cela permet de nous préparer aux futures normes bien-être. » La maternité, construite près du bâtiment gestantes, comprend trente-deux cases de mise bas, contre quarante dans l’ancien bâtiment. « Le but n’est pas d’augmenter le nombre de truies, au contraire. Comme les performances devraient s’améliorer, nous pourrons avoir moins de truies pour un résultat économique supérieur. »
Les cases de 2,7 par 2,8 mètres, aménagées par Calipro, sont équipées de sols antidérapants Progrip et de cages ascenseurs Vereijken. « Les cases sont spacieuses et confortables pour les truies, constate Clément. Et grâce aux systèmes ascenseurs, nous espérons dépasser 13,5 porcelets sevrés par portée. Et nous pourrons dormir sereinement sans craindre les écrasements ! »
Les nids sont chauffés par des lampes Solar Impact, à infrarouges ondes longues, qui chauffent les porcelets tout en gardant l’ambiance fraîche pour les truies et permettent plus de 50 % d’économie d’énergie. Le bâtiment, en lumière naturelle, est par ailleurs équipé d’un plafond diffuseur et d’un cooling qui assurera de la fraîcheur en été.
La nouvelle maternité est équipée d’une alimentation soupe pour avoir la même forme de distribution d’aliments que celle des truies gestantes. « Nous allons améliorer les conditions de vie des animaux, avec de meilleurs résultats techniques et économiques, et un gain en temps et pénibilité du travail, résume Clément. Je pourrai gérer seul la maternité quand il le faudra et avoir plus de temps pour la surveillance. Et de meilleures conditions de travail devraient faciliter le recrutement. » Pascal devant prochainement prendre sa retraite et Christine d’ici quelques années, Clément va en effet devoir recruter à l’avenir, en salariat dans un premier temps.
Durabilité et communication
La nouvelle maternité liberté va faciliter l’accès aux démarches de durabilité du groupe Cooperl auquel adhère le Gaec. « Nos porcs sont élevés selon la démarche "Porc bien-être" et ne sont pas castrés, indique Clément. Cela permet déjà d’élever nos animaux sans antibiotiques dès la fin du sevrage. La nouvelle maternité va nous aider à passer en "Porc sans antibiotique" à zéro jour. » Intéressé par les nouveaux outils numériques, l’éleveur a aussi commencé à utiliser les applications Cooperl Pass’Porc, qui assurent la traçabilité et le bien-être des porcs de la naissance à l’abattage, et Pass’Cheptel, pour la gestion des reproducteurs et des traitements. « Cette dernière va aussi m’aider à réformer les truies selon leurs performances et leur comportement », ajoute le jeune éleveur. Le Gaec Longeatière a aussi engagé avec la coopérative une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) avec ses six piliers : les hommes, le bien-être animal, le sanitaire, l’économique, l’environnement et les cultures. « La démarche permet en moyenne une plus-value de 2,5 centimes d’euro par kilo carcasse », précise Jean-Paul L’Hostis, responsable zone de Cooperl. « Et elle incite à toujours se remettre en question pour progresser », ajoute Clément.
Enfin, la maternité liberté devrait faciliter la communication sur l’élevage. Très investi dans la vie locale, comme ses parents, Clément aime en effet communiquer sur son métier pour attirer de futurs éleveurs, et informer les consommateurs et la société sur la réalité de l’élevage porcin. L’éleveur, qui prend des stagiaires et apprentis, accueille des écoles…, est aussi membre de l’association FranceAgriTwittos, qui réunit agriculteurs et para-agricoles autour d’une envie commune d’expliquer le métier d’agriculteur et de créer du lien avec la société.
Coté éco
Le coût du bâtiment s’élève à 340 150 €, soit 10 630 € la place, auxquels se sont ajoutés 23 600 € pour l’aménagement de la machine à soupe. Les éleveurs avec des amis et la famille ont installé les sols, les tubulaires et les séparations de cases. Avec la dotation JA, le Gaec a perçu 100 800 € d’aide PCAE, un montant qui a facilité la prise de décision d’investir.