Investir, un pari sur l’avenir
Le CERFrance Bretagne démontre l’intérêt d’investir pour des productions hors sol telles que le porc, dont les résultats financiers sont très dépendants de la maîtrise de la technique et des charges opérationnelles.
Le CERFrance Bretagne démontre l’intérêt d’investir pour des productions hors sol telles que le porc, dont les résultats financiers sont très dépendants de la maîtrise de la technique et des charges opérationnelles.
Georges Douguet et Véronique Kerlidou, économistes au CERFrance Bretagne, soulignent l’importance pour les producteurs de porcs d’investir régulièrement dans leurs outils de production. "La rentabilité des productions hors sol est très sensible aux investissements productifs qui permettent de mieux gérer le niveau des charges opérationnelles. Ces charges représentent 71 % du coût de revient total", rappelaient-ils lors de l’assemblée générale du CRP Bretagne à Saint-Brieuc le 23 juin dernier. "L’influence des charges de structure est nettement moins importante que pour les productions liées au sol."
Une étude réalisée pour le CRP Bretagne et l’UGPVB le démontre. La marge brute des récents investisseurs (1176 euros par truie en 2015) est supérieure à celle de la moyenne des élevages spécialisés porcs en Bretagne (987 euros par truie). Soit un écart de 190 euros par truie, ou encore 7 centimes par kilo produit.
Le CERFrance Bretagne souligne que les investissements les plus intéressants sont ceux qui ont pour objectif de rendre les élevages plus autonomes. Ils concernent essentiellement la construction ou l’acquisition de nouvelles places d’engraissement pour diminuer le façonnage ou la vente de porcelets, et la construction d’installations pour stocker les céréales à la ferme et pour fabriquer ses aliments. "55 % des récents investisseurs produisent leurs aliments, contre seulement 34 % des élevages spécialisés bretons", indique Georges Douguet. Avec pour conséquence directe un prix moyen d’aliment plus bas (257 €/t contre 264 €/t), qui contribue à l’amélioration de la marge brute. "Force est de constater que les éleveurs qui investissent dans la FAF obtiennent en moyenne de meilleurs résultats économiques, même si elle ne peut pas compenser de mauvaises performances techniques."
Meilleures performances techniques, mais prix de revient identique
Techniquement, les récents investisseurs obtiennent de meilleures performances, avec notamment un indice de consommation global plus bas (2,80 contre 2,87) et une productivité des truies supérieure (26,2 contre 25,6). D’un point de vue financier, leur capital d’exploitation est logiquement plus élevé : 6 032 euros par truie, contre 3 680 euros pour la moyenne. Le taux d’endettement des deux groupes est similaire, autour de 73 %. "Sur ce point, il existe cependant une différence fondamentale entre les deux groupes", constate Georges Douguet. "Pour les éleveurs ayant récemment investi, ce niveau d’endettement s’explique en majorité par des dettes à long terme liées aux nouvelles constructions qui améliorent la productivité de l’élevage. Elles représentent 73 % des dettes totales, contre 59 % pour la moyenne Bretagne. En revanche, leur niveau d’endettement à court terme est moins élevé que celui de la moyenne des élevages spécialisés."
Le coût de revient moyen des deux groupes est identique, car la meilleure marge brute des récents investisseurs est annulée par un niveau d’amortissement des bâtiments plus élevé. "Il ne faut pas oublier qu’un investissement suppose une prise de risque", met en garde Georges Douguet. "En période de cours bas, les résultats économiques se resserrent entre les deux groupes. Les éleveurs ayant investi peuvent aussi bien se retrouver en difficulté qu’avec un élevage vieillissant." Mais les périodes de cours élevés profitent nettement plus aux élevages dont les performances techniques sont bonnes. "En production porcine, l’investissement joue pleinement son rôle de pérennisation de l’outil de production sur le long terme." Des investissements qui jouent également un rôle important sur le confort de travail, un élément essentiel dans la gestion des salariés. Avec aussi pour conséquence un élevage plus facile à transmettre.