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Edouard Marcault, responsable pôle économie Cooperl.
« Investir dans les principaux leviers de compétitivité »

Le responsable du service économie de Cooperl justifie que les investissements doivent porter sur les principaux leviers de performances que sont le coût alimentaire, la main-d’œuvre, l’environnement, le bien-être et la santé.

 

Investir pour baisser le coût alimentaire

Pesant 59 % du coût de revient (2015), le coût alimentaire reste toujours le principal poste à maîtriser. Les GTE 2014 des adhérents Cooperl montrent que les élevages présentant le coût de kilo de croît le plus bas (moins de 0,70 €/kg) combinent un prix moyen d’aliment inférieur et un meilleur indice de consommation que les autres. Le prix de l’aliment plus compétitif est globalement lié à une meilleure gestion des aliments au cours de la vie du porc : moins de deuxième âge, plus de nourrain, moins d’aliment croissance et plus de finition (voir tableau).

Pour Edouard Marcault, les progrès viendront dans un futur proche d’une alimentation de précision qui passera de celle du groupe (case) à celle de l’individu. Capteurs, automates, meilleure gestion des données, les perspectives sont nombreuses. Par ailleurs, la plupart des organisations de sélection se focalisent aujourd’hui sur l’amélioration de l’indice de consommation grâce aux alimentateurs individuels qui permettent la sélection individuelle de chaque animal sur ce critère.

Investir pour améliorer l’efficacité de la main-d’œuvre

Les écarts de productivité du travail sont liés au degré d’automatisation, au nombre de sites, à la conception des bâtiments… Si la moyenne de l’échantillon Cooperl se situe à 108 truies/UTH, presque 20 % dépassent les 140 truies tandis que 33 % sont à moins de 100 truies par UTH. À productivité égale, l’écart entre ceux qui se situent à 90 truies/UTH et ceux qui dépassent les 130 truies se chiffre à 5,7 €/porc sur le coût de production. Mais pour intégrer l’efficacité du travail au-delà des heures, Cooperl se base sur un nouveau critère : le nombre de kilos de carcasse produit par UTH. La dispersion est toute aussi importante (voir graphique). Avec une moyenne de 242 tonnes par UTH et par an, les 20 % « meilleurs » dépassent les 300 tonnes, et les 13 % moins efficients se situent à moins de 180 tonnes.

Les possibilités de mécanisation et d’amélioration de l’efficacité au travail sont nombreuses. Pour les techniciens Cooperl, la case balance est l’une des solutions majeures. Sur les 60 élevages équipés, les performances mesurées six mois avant et six mois après ont fait un bond de + 1,0 sevré par portée (voir tableau). « Les meilleurs ont même gagné + 1,6 porcelet par portée », annonce Edouard Marcault. Soit un retour sur investissement de 2,8 ans, « sans prendre en compte le gain de temps passé en maternité et le bien-être des salariés ou éleveurs ».

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Investir dans la performance environnementale

L’environnement n’est pas systématiquement synonyme de surcoût improductif. Ainsi, les économistes Cooperl calculent que le racleur Trac conduit à un bilan « nul », le surcoût induit par l’équipement (150 €/place d’engraissement) étant compensé par la subvention Cooperl (45 € pour une place d’engraissement), la valorisation de la fraction solide (20 €/tonne) et la bonification de taux de 0,5 %.

Les progrès transformés en euros et en capacité d’investissement

Le service économie Cooperl a calculé l’impact des critères techniques sur la marge par truie et sur la capacité de financement qui en découle pour un élevage de 200 truies :

- 0,10 point d’indice de consommation = 70 €/truie, 66 000 € de financement sur 5 ans à 2 %.

- 5 €/tonne d’aliment = 41 €/truie = 39 000 € sur 5 ans à 2 %.

- Passer de 90 truies à 130 truies par UTH = 5,7 €/porc.

- Gagner 1,0 porcelet sevré par portée grâce aux cases balance = 2,05 porcelets/truie/an = 24 600 € de marge annuelle (200 truies). Avec un investissement de 34 cases (68 000 €) et des annuités de 14 575 €, le retour sur investissement est de 2,8 ans (1,7 an si + 1,6 sevré par portée).

Un point de rupture à 20 € investis par porc

L’analyse des GTE du réseau Cooperl en fonction du niveau d’annuités des adhérents montre une relation linéaire entre celui et les performances technico-économiques des élevages. Autrement dit, les élevages qui présentent les valeurs les plus élevées d’annuités (et charges locatives) sont ceux qui affichent la meilleure productivité, le meilleur indice global… et la meilleure marge brute par truie. Ainsi, si l’on compare le « groupe » ayant moins de 200 euros par truie d’annuités et celui qui dépasse les 700 euros par truie, la productivité passe de 23,7 à 27,2 porcs, l’indice global chute de 2,91 à 2,63 et la marge brute par truie est quasiment doublée (667 € et 1 194 € respectivement). En revanche, le prix d’équilibre est quasiment identique pour toutes les classes d’annuités, autour de 1,30 base cadran (2015).

Toutefois, Edouard Marcault souligne le fait qu’il existe un « point de rupture » au-delà duquel l’investissement n’est plus rentable. Plus précisément, « au-delà de 22 € d’investissement par porc ou 0,24 €/kg de carcasse, le gain technique additionnel ne comble pas l’annuité additionnelle. C’est le volume de porc produit par truie qui permet de diluer cette charge ». Or les résultats présentés par Cooperl montrent en effet un « palier » au-dessus de 600 euros d’annuités par truie, les kilos de carcasse plafonnant à 2425 kilos ne justifient plus des investissements supplémentaires, sauf s’il s’agit d’un investissement, par exemple dans une nouvelle technologie, qui permette un rapide retour sur investissement.

Enfin, les économistes du groupement Cooperl ont déterminé un " guide " précisant le niveau maximum d’investissement permis en fonction de la performance de l’élevage et de la durée de financement. Clairement, dans les élevages aux meilleurs résultats techniques, le montant « permis » est évidemment plus élevé, notamment pour des amortissements sur 18 ans (voir tableau).

Sur ce point, l’expérience d’Edouard Marcault lui permet de recommander de privilégier des durées de cinq ans pour l’amortissement dans le matériel, automates, etc. afin de les renouveler et profiter des évolutions technologiques. En revanche, compte tenu de la qualité du génie civil et des structures « en dur » des bâtiments d’aujourd’hui, il suggère de financer ces investissements sur des durées de 18 à 20 ans.

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